Je ne comprends sincèrement pas.Aldaran a écrit :[[Bondurant]prétend mettre deux romans en compétition et va jusqu'à proclamer un résultat comme une évidence universelle.
A moins que tu n'exiges de tout critique qu'en tête de chaque phrase, il précise "pour moi", "selon moi", "à mon humble avis", "ce n'est que mon opinion mais…", "il ne saurait ici être question de jugement objectif cependant…", je ne vois dans la conclusion du billet de Bondurant aucune prétention à "un résultat universel" mais une évaluation fictivement placée sous le registre de la course aux prix, appuyée sur des critères de choix qui sont ce qu'ils sont. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette évaluation n'a rien de péremptoire : il suffit de relire les passages soulignés : "pas une mince affaire" ; "d'une courte tête" ; "se joue à peu de choses" ; "lisez les deux".Bondurant a écrit :Hiérarchiser ces deux oeuvres n'est pas une mince affaire, mais j'ai quand même réussi à dégager une préférence.
(…)
Le vainqueur est donc D’Or et d’émeraude, au finish et d’une courte tête. La seconde partie est absolument bluffante, je l’ai lue d’une traite dans le métro, indifférent aux stations qui défilaient (j’ai fait trois fois ma ligne). Et le style d’Holstein est légèrement plus élaboré que celui de Wagner (mais celui-ci a pris le parti de tout raconter à la première personne, ce qui le fait parfois dériver vers le parlé-écrit). Cela se joue à peu de choses, donc, et le mieux, c’est encore de lire les deux.
(Par ailleurs, qualifies-tu les prix effectivement attribués aux œuvres de "résultat universel" ? Protestes-tu quand on attribue le GPI à un livre sous prétexte qu'il amoindrit ceux qui ne l'ont pas reçu ? Ecris-tu au jury pour leur reprocher "leur niveau de prétention" ? Pourtant, il s'agit là d'une chose bien plus définitive et universelle que le jeu de l'esprit proposé par Bondurant.)
Je ne suis pas d'accord non plus. A moins de soutenir que l'ordre des arguments d'un texte n'a aucune signification, que la conclusion sur laquelle il débouche a la même importance que les arguments intermédiaires et qu'on somme, on peut lire les paragraphes dans n'importe quel ordre, le papier de Bondurant statue clairement (je ne vais pas re-citer sa conclusion).si on recense les points négatifs et les points positifs du roman d'après cette critique, elle est loin d'être élogieuse.
Ou alors, on n'a plus le droit d'émettre des réserves, et il faut que les papiers soient unanimement positifs, de la première à la dernière ligne – sous peine d'être considérés comme défavorables.
Enfin – et ceci répond aussi à Sybille – une chose me semble tout à fait caractéristique dans les réactions au papier de Bondurant. En effet, Sybille, les fils lancés ne suscitent pour la plupart que peu de réponses, voire aucune. Mais c'est pour une raison très simple : ils n'en appellent pas. Ils ne lancent pas de sujets de débat. Ils donnent en général une information – livre lu ou paru, manifestation annoncée ou fréquentée, truc vu à la télé, etc. Le papier de Bondurant n'était pas de cet ordre. Il proposait, lui, de discuter, d'argumenter. Il était sur le mode "ceci ou cela" (et non "ceci", puis, sur un autre fil, "cela"). On aurait très bien pu entrer dans son jeu avec plaisir et dire, par exemple : "tes critères de jugement font l'impasse sur la qualité et la profondeur des deux uchronies, comparons-les". Ou bien mettre en regard l'élégance architecturale des deux livres. Ou encore embrayer sur un débat à propos du succès de l'uchronie en France. Il y avait mille choses à faire. Mais dix pages après le début, c'était déjà fini, le fil était fermé.
Et la même chose a bien failli arriver, pour les mêmes raisons, à celui-ci, qui propose lui aussi un débat : "le forum est-il devenu ceci ou cela" ?
D'où ma question sur la possibilité même de parler ici d'autre chose que des parutions récentes (sur le mode purement factuel) et du café. Ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais plutôt l'envie de discuter.