Le microcosme, les forums et la critique

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Erion
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Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 11:08 am

Patrice a écrit :Salut Erion,

C'est ton choix, et celui de Jeanne. Mais c'est un tort. Vous pouvez être auteurs et honnêtes. Ce qui importe, ça n'est pas ce qu'est le critique (auteur, éditeur, prof, etc.), mais l'honnêteté avec laquelle il critique.
Qui pourrait prendre mal ce que vous pourriez dire d'un livre si c'est fait honnêtement?
Parce que "l'oeil" d'un auteur sur le travail d'un autre auteur, est un oeil particulier. Il faut des conditions particulières.
Pour l'émission "Mauvais Genres" de France Culture, Angelier m'a demandé de participer à l'émission consacrée à "Rosée de feu" de Xavier Mauméjean. J'y étais présent en tant qu'expert, mais j'ai aussi donné mon avis sur le roman de Xavier. Il se trouve que j'ai sincèrement aimé ce roman, je ne me suis pas gêné pour le dire, mais le cadre était clair. Les rôles bien distribués.
(Et si je peux me permettre une remarque perfide - éloignez les jerricanes -, à l'époque personne ne m'a accusé de copinage envers Xavier. Comme quoi selon l'auteur qui est l'objet du copinage, les réactions ne sont pas les mêmes.)
Dans le cadre d'un forum comme actuSF, les rôles sont flous. On va critiquer un ouvrage de tel auteur qui lui aussi participe au forum, avant que son propre roman soit critiqué aussi par l'auteur en question. Et tout ce petit monde va se retrouver en salon et festival.
L'expérience montre que l'atmosphère par la suite, quand les gens se rencontrent in vivo, devient bien moins sympathique. A partir du moment où, entre auteurs, ce que fait l'autre n'a pas d'influence directe sur ce que l'on fait, où on peut apprécier l'individu mais pas forcément ce qu'il écrit (il y a des auteurs que j'adore en tant que personne, mais qui écrivent des trucs qui me tombent des mains), la solution prudente est de ne pas créer plus de tensions que nécessaires. Les égos des auteurs sont des choses fragiles, à manipuler avec précaution.
Déjà que les critiques les malmènent parfois sans vergogne, pas la peine d'en rajouter.
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Thomas Geha
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Message par Thomas Geha » sam. sept. 24, 2011 11:08 am

Anne a écrit :
Après, tout est une question d'honnêteté intellectuelle. Et bizarrement, les plus virulents sur certains ouvrages en sont rarement les plus pourvus.
pluzun

Et ce sont les mêmes qui descendent certains bouquins, qui s'indignent que d'autres puissent aimer, qui fustigent donc le copinage, mais oublient que la dernière critique qu'ils ont publié n'était qu'une longue dithyrambe baveuse de la copine ou du copain qui publie chez la copine ou le copain.
Mais je parle de la "critique" de "milieu" (pas que SF) en général, pas d'autre chose. Franchement, le disque tourne en boucle et impossible de trouver le bouton off. Lassant.
Les blogs c'est plus chouette et vivant, les blogueurs, en général, ne pensent pas en terme de "milieu" et d'accointances et font donc, en proportion, preuve de plus d'honnêteté, même s'ils peuvent apparaître moins équipés en terme d'outils critiques (ce qui n'a aucune importance pour le ressenti d'un livre).

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Erion
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Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 11:09 am

Sybille a écrit :
Erion a écrit :C'est mathématique. Il y a des livres qu'on aime pas, parce qu'ils sont mauvais, des livres qu'on aime pas parce qu'on est pas le public visé, des livres qu'on aime pas parce qu'on les a pas compris (pour x raisons).
Du coup, il vaut mieux parler des livres qu'on a aimé. Les conséquences d'une erreur de jugement sont moins graves.
Parce que le critique n'a pas l'intelligence nécessaire pour estimer ce qu'il en est ?
Mouarf !
Du coup, il doit se taire parce qu'il a un risque, s'il est neuneu, de 33 % d'erreurs ? Et l'erreur serait "grave" ?
Oui. tu as compris. C'est exactement ça.
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JDB
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Message par JDB » sam. sept. 24, 2011 11:15 am

A propos du second paragraphe de l'extrait cité plus haut : je vous rappelle que ce texte date de 1993.
A cette époque, il n'y avait pas de revue spécialisée. Les seuls supports pour les critiques étaient donc Le Magazine littéraire (rubrique de Curval, que Klein évoque dans cet article), Le Monde (je ne sais pas qui tenait la rubrique en ce temps-là, si c'était encore Emmanuel Jouanne ou déjà Jacques Baudou) et c'est à peu près tout dans la presse généraliste (mes excuses si j'en oublie) ; plus des fanzines de qualité comme Nous les Martiens et Yellow Submarine. La place était donc comptée.
Le contexte n'est plus le même : deux revues spécialisées (au moins, mais deux qui sont assez constantes dans leur périodicité), plus bien entendu les sites web et les blogs.
Personnellement, je pense comme vous que ce second paragraphe est caduc. J'aurais dû me contenter de citer le premier. Mais l'article vaut d'être lu dans sa totalité (ainsi que les autres dans la même série, sur le site des 42).
JDB
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Message par Lensman » sam. sept. 24, 2011 12:13 pm

Patrice a écrit :
Qui pourrait prendre mal ce que vous pourriez dire d'un livre si c'est fait honnêtement?

A+

Patrice
... c'est très courant... l'honnêteté n'est en fait pas du tout facile à détecter. En revanche, lorsqu'on est mécontent d'une critique (bonne ou mauvaise), on a tendance assez naturellement à considérer celui qui l'a commise est soit idiot, soit malhonnête. Ce n'est souvent ni l'un, ni l'autre... juste que l'on n'est pas d'accord...

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Message par Patrice » sam. sept. 24, 2011 12:37 pm

Salut,
Erion a écrit :
Patrice a écrit :Salut Erion,

C'est ton choix, et celui de Jeanne. Mais c'est un tort. Vous pouvez être auteurs et honnêtes. Ce qui importe, ça n'est pas ce qu'est le critique (auteur, éditeur, prof, etc.), mais l'honnêteté avec laquelle il critique.
Qui pourrait prendre mal ce que vous pourriez dire d'un livre si c'est fait honnêtement?
Parce que "l'oeil" d'un auteur sur le travail d'un autre auteur, est un oeil particulier. Il faut des conditions particulières.
Pour l'émission "Mauvais Genres" de France Culture, Angelier m'a demandé de participer à l'émission consacrée à "Rosée de feu" de Xavier Mauméjean. J'y étais présent en tant qu'expert, mais j'ai aussi donné mon avis sur le roman de Xavier. Il se trouve que j'ai sincèrement aimé ce roman, je ne me suis pas gêné pour le dire, mais le cadre était clair. Les rôles bien distribués.
(Et si je peux me permettre une remarque perfide - éloignez les jerricanes -, à l'époque personne ne m'a accusé de copinage envers Xavier. Comme quoi selon l'auteur qui est l'objet du copinage, les réactions ne sont pas les mêmes.)
Dans le cadre d'un forum comme actuSF, les rôles sont flous. On va critiquer un ouvrage de tel auteur qui lui aussi participe au forum, avant que son propre roman soit critiqué aussi par l'auteur en question. Et tout ce petit monde va se retrouver en salon et festival.
L'expérience montre que l'atmosphère par la suite, quand les gens se rencontrent in vivo, devient bien moins sympathique. A partir du moment où, entre auteurs, ce que fait l'autre n'a pas d'influence directe sur ce que l'on fait, où on peut apprécier l'individu mais pas forcément ce qu'il écrit (il y a des auteurs que j'adore en tant que personne, mais qui écrivent des trucs qui me tombent des mains), la solution prudente est de ne pas créer plus de tensions que nécessaires. Les égos des auteurs sont des choses fragiles, à manipuler avec précaution.
Déjà que les critiques les malmènent parfois sans vergogne, pas la peine d'en rajouter.
Je veux bien comprendre ces arguments, mais cela voudrait donc dire qu'un auteur avec qui tu t'entends bien pourrait mal prendre une critique négative honnête (je dis bien honnête) de ta part. Penses-tu sincèrement alors que quelqu'un qui aurait un ego aussi mal placé mérite de l'estime?
Très honnêtement, je ne pense pas que cela puisse changer quoi que ce soit à l'ambiance de Notre Club. Les bonnes ou mauvaises raisons de ne pas se blairer sont multiples, une de plus ou une de moins n'y changerait pas grand chose.

A+

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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 12:39 pm

dracosolis a écrit :
Erion a écrit :Je dirais bien un truc, mais j'ai l'impression qu'on est trop près de la raffinerie pour lancer des allumettes.
tu fais chier erion parle ou ne dis rien mais les deux, hein ?^^
Jeanne, rappelle-moi le nom que porte cette infraction au Tiers exclu en rhétorique.... :wink:
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Re: Le microcosme, les forums et la critique

Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 12:45 pm

dracosolis a écrit : sur le conflit d’intérêt sorry, sybille, mais descendre les bouquins d'une maison concurrente me paraît de l'ordre du conflit d'intérêt
Seulement si c'est systématique. Si Sybille descend UN bouquin d'une maison concurrente et en défend deux ou trois autres de la même maison, où est l'aspect Conflit d'intérêt?
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Anne
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Message par Anne » sam. sept. 24, 2011 12:47 pm

Sybille a écrit :
Erion a écrit :
Patrice a écrit : C'est une façon un peu aisée de se dédouaner. Sur si les critiques ont fait le choix conscient de s'abstenir de parler des livres médiocres ou mauvais. Une forme de j'étais là mais je n'ai rien vu, rien dit. Bof.
C'est plus honnête que de descendre un livre qu'on a pas compris.
C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
Anne a écrit :Quand il s'agit de vraies supercheries, oui. Le livre survendu, avec couverture ultra racoleuse, avis délirant et le tout à 30 euros, effectivement, il y a de quoi s'indigner.
Mais si on n'a juste "pas aimé" un livre, aucun intérêt.
Si on est passé à côté, encore moins.

Après, tout est une question d'honnêteté intellectuelle. Et bizarrement, les plus virulents sur certains ouvrages en sont rarement les plus pourvus.
On peut ne pas aimer un livre et :
- expliquer pourquoi ;
- proposer un type de lecteurs qui devraient apprécier ;
- ou estimer que le livre n'a aucune qualité.

La personne qui a choisi d'être critique a décidé de consacrer une part de son temps au décorticage et à l'expression de ce décorticage.
Je ne vois pas pourquoi elle devrait brusquement se taire quand elle n'aime pas parce que certains trouveraient ça plus cool.
C'est à son public qu'elle doit rendre des comptes, aux lecteurs qui suivent son blog... pas à une sorte de charte imaginaire que chacun voit à sa sauce.

Comme je l'ai écrit plus haut, on peut TOUT faire, il n'y a pas de règles ou de censure.
On peut tout faire, effectivement.

Maintenant, on peut le faire correctement.
Parfois, je ne vois pas l'intérêt de blesser quelqu'un inutilement, lecteur ou auteur. On peut tenter de rester lucide.
J'en ai eu l'expérience avec Jaworski. Beaucoup de lecteurs ont adoré ses nouvelles et son roman. Je n'ai pas accroché et, dans un premier temps, tous les défauts d'un premier roman m'ont sauté aux yeux.
Jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'il manquait à ce livre ce que moi, j'aime, en littérature. D'un point de vue objectif, il y a presque tout: trame impeccable, personnages fouillés, stylistique intéressante.
De mon point de vue de lectrice, il n'y a eu aucun lien affectif, aucune prise. Je ne pense pas une seconde que le livre ou l'auteur soit mis en cause. Je suis la seule cause de cette absence d'empathie.

Pour moi, être critique veut souvent dire se dégager aussi du statut de lecteur. Le lecteur ne voit pas et ne doit pas voir les mécanismes. Le critique les maitrise et sait les décortiquer. Quand les deux se rejoignent, c'est merveilleux et rare, je l'admets.

Et quand on voit trop les mécanismes, c'est qu'il y a effectivement un manque objectif dans l'oeuvre.
Pas de quoi passer au pugilat.
Je défends bêtement la théorie que tout livre a son public et que tant que l'équilibre est fait, il n'y a pas de quoi sortir les armes.

Ce qui me gonfle dans les guerres de microcosme, c'est la mise à mort des maisons d'édition/livres qui dérangent un camp ou l'autre.

Ca tue effectivement toute discussion.

Et j'ai un peu le même sentiment que celui que j'avais à la fac; l'absence totale d'inscription d'une oeuvre dans une histoire personnelle. On parle de littérature comme si c'était une succursale de la vie, dénuée d'affect et d'échos.

Et ce que j'aime, personnellement, dans la littérature, c'est la façon dont l'auteur et le lecteur se dévoilent, dans le fameux jeu de dédales qui permet à chacun de brouiller la piste de l'autre.

Mais j'ai dû trop ou mal lire Gracq, je l'avoue.

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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 12:55 pm

Erion a écrit :
Patrice a écrit : C'est une façon un peu aisée de se dédouaner. Sur si les critiques ont fait le choix conscient de s'abstenir de parler des livres médiocres ou mauvais. Une forme de j'étais là mais je n'ai rien vu, rien dit. Bof.
C'est plus honnête que de descendre un livre qu'on a pas compris.
Dépend; si on explique pourquoi on ne l'a pas compris... D'accord, pas évident. Je me souviens d'une critique parue dans Fiction sur un livre de Delany, dont Andrevon avait jugé nécessaire d'excuser la parution en son absence... :twisted:
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Message par Aldaran » sam. sept. 24, 2011 1:02 pm

Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).

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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 1:04 pm

Anne a écrit : Pour moi, être critique veut souvent dire se dégager aussi du statut de lecteur. Le lecteur ne voit pas et ne doit pas voir les mécanismes. Le critique les maitrise et sait les décortiquer. Quand les deux se rejoignent, c'est merveilleux et rare, je l'admets.

Et quand on voit trop les mécanismes, c'est qu'il y a effectivement un manque objectif dans l'oeuvre.
Pas de quoi passer au pugilat.
Je défends bêtement la théorie que tout livre a son public et que tant que l'équilibre est fait, il n'y a pas de quoi sortir les armes.
+1
Anne a écrit :Ce qui me gonfle dans les guerres de microcosme, c'est la mise à mort des maisons d'édition/livres qui dérangent un camp ou l'autre.
:shock: Ca existe? Où ça? :lol: :wink:
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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 1:07 pm

Aldaran a écrit :
Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).
Sauf que si tu commences à expliquer cela, ta critique va enfler jusqu'à être impubliable. Alors le critique honnête sait qu'il a pu se tromper, mais ne peut pas l'écrire dans la critique. Il indique SON opinion sans prétendre que CETTE opinion est une bulle du Pape, mais sans encombrer sa critique de réserves sur sa propre compétence.
Modifié en dernier par bormandg le sam. sept. 24, 2011 1:16 pm, modifié 1 fois.
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Message par Aldaran » sam. sept. 24, 2011 1:11 pm

bormandg a écrit :
Aldaran a écrit :
Sybille a écrit :C'est super simpliste comme raisonnement : les livres qu'on n'aime pas sont forcément ceux qu'on ne comprend pas ?
Personnellement, je considère que, si le critique a une audience, c'est qu'il a, au fil du temps, démontré la pertinence de ses analyses. Raison pour laquelle ses lecteurs le considèrent comme un prescripteur recevable.
A raisonnement simpliste, raisonnement simpliste et demi, j'ai envie de dire...
Quid des livres qu'on aurait aimé sans les avoir compris davantage ?
Quant à la taille de l'audience, que ce soit pour les critiques ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, elle n'a jamais prouvé quoi que ce soit et n'a jamais été un gage de qualité. Pourquoi en irait-il autrement pour les critiques que pour les reste ?
Je pense que beaucoup de critiques oublient qu'ils peuvent se planter. Qu'ils soient persuadés d'avoir fait l'analyse la plus juste est normal, tout le monde est comme ça. Mais garder à l'esprit qu'on a peut-être loupé un truc et écrire sa critique sans l'oublier en changera forcément le ton général (et poussera même le critique à pousser plus loin son analyse).
Sauf que si tu comences à expliquer cela, ta critique va enfler jusqu'à être impubliable. Alors le critique honnête sait qu'il a pu se tromper, mais ne peut pas l'écrire dans la critique. Il indique SON opinion sans prétendre que CETTE opinion est une bulle du Pape, mais sans encombrer sa critique de réserves sur sa propre compétence.
Qui parle de l'expliquer ? C'est comme pour le sourire quand on parle au téléphone : ça s'entend.

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Message par Erion » sam. sept. 24, 2011 1:14 pm

Patrice a écrit : Je veux bien comprendre ces arguments, mais cela voudrait donc dire qu'un auteur avec qui tu t'entends bien pourrait mal prendre une critique négative honnête (je dis bien honnête) de ta part. Penses-tu sincèrement alors que quelqu'un qui aurait un ego aussi mal placé mérite de l'estime?
Très honnêtement, je ne pense pas que cela puisse changer quoi que ce soit à l'ambiance de Notre Club. Les bonnes ou mauvaises raisons de ne pas se blairer sont multiples, une de plus ou une de moins n'y changerait pas grand chose.
C'est l'espace public qui fait tout changer. Si je dis à un auteur que j'ai en vis-à-vis, ce qui ne m'a pas plu dans son roman, il aura certes son ego blessé, mais on peut discuter l'un et l'autre, et ça en reste là. Ca reste entre nous.
Dans un espace public, l'impact est différent parce que d'autres personnes vont intervenir, voire suggérer elles-mêmes des choses, ce qui va entraîner des mécanismes d'autodéfense. C'est humain.
Au moins quand un critique "descend" un livre, on peut se dire qu'il n'a pas compris, qu'il est incompétent. Ca ne fait pas plaisir, mais ça reste distant. Si c'est un auteur, on ne peut pas s'empêcher de penser que ce dernier a un agenda secret derrière ses propos. (alors qu'il peut aussi, tout simplement, ne pas avoir compris le livre. Etre auteur ne rend pas omnipotent) Il y a des tas de livres qui, tout simplement, ne sont pas ma came, et je le reconnais volontiers. Il y a aussi des livres que je ne supporte pas, parce qu'ils témoignent d'une conception de l'écriture que je trouve insupportable et si je les critiquais, cela n'aurait de sens que dans ce cadre-là (du coup, l'intérêt pour le lecteur frôle le zéro absolu).

Déjà, quand un critique se sert d'un livre pour défendre "une" vision de la littérature, plutôt que comprendre un texte, ça m'énerve, c'est pas pour faire pareil.
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