Le microcosme, les forums et la critique

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Sybille
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Message par Sybille » sam. sept. 24, 2011 6:59 pm

Aldaran a écrit :Ce qui me gêne, dans tes arguments (ici et sur bien d'autres sujets), c'est qu'il y aurait des personnes capables donc ayant légitimement le droit de l'ouvrir et d'autres, incapables, qui feraient mieux de la fermer. Je trouve ça terriblement prétentieux.
Si tu as lu ça dans mes propos, c'est que je me suis mal exprimée... ou que tu m'as mal comprise :wink:
Quand je dis que je suis attachée à la liberté d'expression, c'est que c'est important pour moi, pas que j'utilise l'idée pour m'y draper. La liberté d'expression de TOUS, qu'ils me soient sympathiques ou non, que je les trouve cons ou merveilleux.
Mais le truc qui va avec la liberté d'expression, c'est la liberté d'opinion, la liberté de penser que l'autre nous a convaincu ou que c'est un sacré imbécile.
Nous sommes sur un forum, j'ai tendance à négliger les "je pense que" ou "mon opinion à moi toute seule est que" parce que je trouve ça assez maladroit de penser que, sur un forum où l'on débat, chacun exprime autre chose que sa propre opinion.
La liberté d'expression appartiendrait à celui qui s'en empare le premier ?
Tu as le droit d'avoir ton opinion.
Pour finir, je suis tout à fait d'accord avec toi : un auteur est tout à fait en droit de dire ce qu'il pense d'autres romans, qu'il les ait aimés ou non. J'en avais discuté chez Scylla avec Jeanne et nous ne sommes pas tombés d'accord. Qu'elle estime qu'elle n'a pas "le droit" de critiquer le roman d'un "collègue" ne relève de rien d'autre que de la liberté d'expression. C'est son choix. On peut ne pas être d'accord avec elle.
Tout à fait.
Mais je tique quand Erion dit que l'auteur ne PEUT pas :wink:
Il peut, mais il a le droit de ne pas utiliser cette possibilité.

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silramil
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Message par silramil » sam. sept. 24, 2011 7:16 pm

Et bonne soirée à tous !
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Sylvaner
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Message par Sylvaner » sam. sept. 24, 2011 8:07 pm

J'arrive après cette bataille, mais sur le "pas aimé / pas compris"... ça m'a toujours fait rire comme argument.

En fait, pas toujours, non...

Je me souviens d'un adolescent qui me ressemblait beaucoup, qui idolâtrait Serge Gainsbourg, et qui a passé quelques heures d'écoute perplexes après avoir lu une interview dans laquelle le maître déplorait que le public ne comprenne pas ses chansons, notamment la Javanaise, mais aussi l'Ami Caouette.

J'ai mis du temps, mais aujourd'hui je n'accepte plus l'expression "artiste incompris"... à part, à la limite, dans le sens d'"artiste méconnu".
---
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Anne
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Message par Anne » sam. sept. 24, 2011 9:36 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Anne a écrit :C'est pour ça qu'il vaut mieux garder l'ironie pour des sujets légers
Gné ?…
Ok, je traduis: quand tu t'adresses à des cons, parle de cul.



Nan, en vrai, ce que je veux dire, c'est qu'il vaut mieux utiliser l'ironie pour dénoncer quand on sait exactement à qui on s'adresse, pour qu'il n'y ait pas de possibilité de sur/mal interprétation.
Pour un support plus large, il vaut mieux, à mon sens, utiliser les procédés plus linéaires et classiques de l'argumentation.

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bormandg
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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 11:14 pm

Erion a écrit :
bormandg a écrit :
Thomas Geha a écrit :
Erion a écrit :
Déjà, quand un critique se sert d'un livre pour défendre "une" vision de la littérature, plutôt que comprendre un texte, ça m'énerve, c'est pas pour faire pareil.
surtout en omettant invariablement le destinataire du livre dont il se sert pour défendre "sa" vision. Alors qu'en tant que critiques ils devraient être les plus à même de décoder ça.
C'est ce que je déteste le plus, qu'on essaie d'imposer ce qu'on DOIT/DEVRAIT lire.
IMPOSER, d'accord; mais rien n'interdit de PROPOSER un livre en disant que le lecteur de la critique, qui est supposé avoir certains goûts communs avec le critique, DOIT/DEVRAIT le lire et l'apprécier.
Tu as étudié chez les Jésuites ou quoi ?
J'ai étudié la logique, les jésuites aussi, il faut d'ailleurs leur reconnaître cette qualité (et un certain nombre d'autres qui les rendent encore plus dérangeants que leurs correligionaires stupides). 8)
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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bormandg
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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 11:21 pm

Sybille a écrit : Ben, ouais, quand on lit ça, on se rend bien compte que la généralisation ne marche pas,
Il t'a fallu tout ce temps pour faire cette remarque qui devrait être une base de toute réflexion sur toute activité humaine? :shock:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par bormandg » sam. sept. 24, 2011 11:27 pm

Aldaran a écrit : Il se trouve que, après en avoir lu pendant des années, les critiques positives sont toujours plus sérieusement argumentées que les négatives qui présentent un caractère bien plus violent, et qui semblent fidèles à l'adage "si je cogne très fort le premier, l'autre sera incapable de riposter" (mais c'est un avis très personnel, bien que maintes fois vérifié).
PARFOIS, souvent si tu veux, mais si tu écris toujours tu généralises de façon abusive..
CF message précédent.
Et bonne nuit à tous, comme écrit Bisounours.
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Erion
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Message par Erion » dim. sept. 25, 2011 10:44 am

JDB a écrit :A propos du second paragraphe de l'extrait cité plus haut : je vous rappelle que ce texte date de 1993.
A cette époque, il n'y avait pas de revue spécialisée. Les seuls supports pour les critiques étaient donc Le Magazine littéraire (rubrique de Curval, que Klein évoque dans cet article), Le Monde (je ne sais pas qui tenait la rubrique en ce temps-là, si c'était encore Emmanuel Jouanne ou déjà Jacques Baudou) et c'est à peu près tout dans la presse généraliste (mes excuses si j'en oublie) ; plus des fanzines de qualité comme Nous les Martiens et Yellow Submarine. La place était donc comptée.
Le contexte n'est plus le même : deux revues spécialisées (au moins, mais deux qui sont assez constantes dans leur périodicité), plus bien entendu les sites web et les blogs.
Je me permets de revenir sur ce point. La comparaison avec 1993 est intéressante, mais si on regarde attentivement la "visibilité" ne s'est pas améliorée.
Les critiques d'ouvrages de SF (parus en collection SF) dans les grands quotidiens sont devenues rares. La périodicité est aléatoire dans Le Monde et Libé. La dernière critique SF de Curval dans le Magazine Littéraire (si je ne me trompe pas) est parue sur le site internet du Magazine pas dans l'exemplaire papier. Je ne sais plus si Pébereau fait encore sa chronique.
Quant aux revues spécialisées, elles paraissent tous les 3 mois. Sachant que la présence d'un ouvrage sur les étals (pas dans les rayons) est d'environ 2 mois quand tout va bien, la synchronicité entre la critique et la sortie du roman est un souci.
Et il reste donc les blogs, ou les sites comme actusf.

Est-ce que la place dévolue à la critique est plus ou moins grande qu'en 1993 ? Ca peut se discuter. Le bouche-à-oreilles reste la principale dynamique, encouragée par les blogs, mais l'espace critique ne me paraît pas avoir tant augmenté que cela. Je dirais même qu'entre le début des années 2000 et actuellement, il s'est totalement effondré.
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » dim. sept. 25, 2011 11:28 am

Je voudrais juste rappeler qu'il y avait aussi à l'époque ma chronique régulière dans Casus Belli. Où j'avais plutôt tendance à ne parler que des livres que j'avais appréciés, parce que la place était limitée. Même si Casus n'était pas une revue littéraire, il me semble qu'on peut la considérer comme le support « spécialisé » le plus largement diffusé de la période concernée, d'autant que chaque numéro était, si ma mémoire est bonne, lu par quatre ou cinq personnes en moyenne.

L'avantage d'une chronique régulière tenue par une seule personne, c'est que les lecteurs peuvent au bout d'un moment se positionner par rapport à ses goûts, même s'ils sont très différents des leurs.
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Lensman
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Message par Lensman » dim. sept. 25, 2011 2:40 pm

Roland C. Wagner a écrit :
L'avantage d'une chronique régulière tenue par une seule personne, c'est que les lecteurs peuvent au bout d'un moment se positionner par rapport à ses goûts, même s'ils sont très différents des leurs.
C'est ce qui m'a toujours semblé être le type de critique le plus efficace et le plus fructueux.

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Sand
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Message par Sand » dim. sept. 25, 2011 2:42 pm

heu, je suis la seule à lire les "conseils" de 93 mis en citation comme suprêmement ironiques ?

je ne connais pas Gérard Klein pour autre chose que son métier, je ne sais pas si c'est un maître subtil de l'humour pince-sans-rire, je vais supposer qu'il est sincèrement sincère dans cet article, mais franchement cette partie peut être lue dans les deux sens sans avoir beaucoup d'efforts à faire.

Ca doit être mon mauvais fond. :roll:

(en plus il y a quand même une concentration de déclinaisons du verbe "devoir" qui relève de l'overdose)
Modifié en dernier par Sand le dim. sept. 25, 2011 2:53 pm, modifié 3 fois.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. sept. 25, 2011 2:47 pm

Sand a écrit :heu, je suis la seule à lire les "conseils" de 93 mis en citation comme suprêmement ironiques ?

Ca doit être mon mauvais fond. :roll:
Pas plus, pas moins, que Le Prince, de Machiavel...

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sarouken
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Message par sarouken » dim. sept. 25, 2011 2:58 pm

Une petite question pour ceux qui écrivent des critiques : Le critique "honnête" doit-il préciser dans sa critique qu'il est copain avec l'auteur ?
Par rapport à ses lecteurs, cela fait bien plus honnête de le dire, même si cela fait un peu aveux de copinage, mais ne pas le dire ferait aussi copinage, du moins pour les lecteurs qui savent que l'auteur et la critique sont copains.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. sept. 25, 2011 3:21 pm

sarouken a écrit :Une petite question pour ceux qui écrivent des critiques : Le critique "honnête" doit-il préciser dans sa critique qu'il est copain avec l'auteur ?
Par rapport à ses lecteurs, cela fait bien plus honnête de le dire, même si cela fait un peu aveux de copinage, mais ne pas le dire ferait aussi copinage, du moins pour les lecteurs qui savent que l'auteur et la critique sont copains.
D'un autre côté, on se demande ce que ça apporte...
Si un critique écrit:
"RCW est un bon copain, mais son énorme uchronie algérienne est une daube"
on en fait quoi ?

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silramil
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Message par silramil » dim. sept. 25, 2011 3:57 pm

J'aime quand tu es d'une honnête mauvaise foi, Joe...

L'idée de départ est plutôt : quand on livre une bonne critique, faut-il indiquer ses éventuels liens avec la maison d'édition ou l'auteur? On retrouve la question du "conflit d'intérêt" évoquée un peu plus haut.

Je dirais que cela peut être une bonne politique quand on est un critique occasionnel, mais superflu quand on fait de nombreuses critiques, car là les biais éventuels se manifestent un peu tout seuls...
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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