Cher et malheureux ami,JDB a écrit :Plus sérieusement (que ma précédente intervention), je me pose la question suivante : Simmons joue souvent de l'incertitude entre réalité, mémoire et fiction : Hypérion (je parle du premier volume) est l'assemblage de six témoignages dont chacun, dans sa forme et dans son fond, renvoie à un auteur ou un courant classique de la SF ; la mise en fiction de la réalité est au centre même des Forbans de Cuba ; la construction d'un groupe social par la mémoire partagée, notamment du mythe (le panthéon grec) et de la fiction (Homère, Shakespeare, Proust) est au centre d'Ilium/Olympos, etc.Gérard Klein a écrit :[ C'est un écrivain retors et subtil, dont il ne faut pas toujours prendre les propos au premier degré, n'est-ce pas JDB.
Cela l'amène à s'intéresser à ce qu'on appelle les narrateurs non fiables (unreliable narrators), concept mis à l'honneur par Henry James.
Vu les critiques que j'ai lues, Collins est ici un narrateur tout sauf fiable, du fait de sa dépendance au laudanum et de sa folie supposée. De même, le narrateur indien de Black Hills se croit possédé par l'esprit de Custer. Et je me demande, toujours sans l'avoir lu, si dans Flashback ce n'est pas le monde décrit dont la fiabilité est sujette à caution. Certains y ont remarqué des allusions shakespeariennes (Nick Bottoms est le personnage du Songe d'une nuit d'été qui se voit affublé d'une tête d'âne), mais il se trouve que, l'autre jour, j'ai acheté Les Mondes divergents (traduit par Dieu) en vide-grenier et que j'ai eu un flashback...
JDB
Ne lis surtout pas cette traduction. Surtout toi. Détruis-la immédiatement. Je plaide coupable mais j'avais dix-neuf ans et j'avais appris l'anglais tout seul en mémorisant un tout petit dictionnaire.
Je l'ai refaite et republiée sous le titre L'œil dans le ciel. Je ne dis pas qu'elle est parfaite mais quand même mieux.
Ton analyse des œuvres de Simmons est passionnante et je la crois très juste.
La question, dans Flashback est que le politiquement incorrect est si énorme et quasiment caricatural qu'on se demande, que je me suis demandé, si Simmons le prenait au sérieux.
Je crois volontiers que ça correspond à une partie de son opinion, mais qu'il l'a volontairement exagérée pour s'amuser.
Il y a aussi la part du conscient et de l'inconscient toujours difficile à démêler chez un écrivain qui se laisse facilement emporter par son sujet.