Lensman a écrit :Si je suis d'accord avec toi, en revanche, on ne peut pas mettre cela en balance (comme disent nos amis anglo-saxons) avec à la place la publication d'auteur pas connus, sur lesquels on mettrait le paquet (expression bien française). Ce sont deux phénomènes qui n'ont rien à voir, les éditeurs n'hésitent pas entre l'une ou l'autre entreprise. Ils entreprennent la seconde lorsqu'ils ont le coup de coeur pour le nouvel auteur et qu'en même temps, ils ont la capacité financière de tenir le coup, ce qui, hélas, pose de gros problèmes. La première entreprise (usure jusqu'à la trame - histoire de déchiffrer complètement celle-ci (*) - du fond du pantalon du vieil auteur prestigieux momifié) n'interfère pas avec l'éventuelle seconde (l'investissement nécessaire n'a rien à voir).
(*) fine allusion à une oeuvre d'un ami et néanmoins excellent écrivain de SF. (**)
(**)... ça va mieux, ce matin !
Oncle Joe
Je prends bonne note de tes remarques mais je me demande : n'y a-t-il quand même une interférence au niveau purement comptable ? Les moyens financiers d'une maison d'édition étant limités, la promo d'un fond de tiroir inintéressant empiète sur les fonds qui pourraient être disponibles pour lancer un nouvel auteur, non ?
Je reconnais qu'un éditeur doit équilibrer ses budgets et maintenir à flot son entreprise...
Mais, dans le propos plus global de "la sf qui se meurt" (ces derniers mots sont empreints d'ironie), je ne peux m'empêcher que le renouvellement tout relatif du pool d'auteurs joue un rôle...
Le plaisir de la sf, c'est aussi le plaisir de la découverte, partant le plaisir de la découverte de nouveaux univers, partant celui de nouveaux auteurs...
Il me semble que, à une période pas si lointaine, on publiait tout simplement plus de nouveaux auteurs, ce qui créait une certaine émulation (y compris chez -le nerf de cette guerre - les lecteurs) et donnait à la sf une image de littérature vivante, passionnante et pleine de surprises...
Parfois, j'ai l'impression que, de nos jours, la politique éditoriale donne l'impression que la sf s'adresse à un public de vieilles barbes, qu'elle donne l'impression que la sf est une littérature sans surprise, qui ne concerne que quelques auteurs qui en ont fait leur fonds de commerce...
Ce problème d'image contraste fortement avec la politique éditoriale volontariste en matière - par exemple - de fantasy, où les éditeurs ne rechignent pas à lancer avec une régularité et une vitesse surprenantes des auteurs totalement inconnus en France...
On ne m'ôtera pas de la tête que cette politique éditoriale crée un appel d'air chez les lecteurs...
Je sais que la sf se vend moins bien, nettement moins bien que sa cousine... Mais je sais aussi que cet "appel d'air" éditorial n'existe pas vraiment en sf de nos jours... N'y aurait-il pas là une des causes du désamour du public pour notre genre favori ?