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par Gérard Klein » sam. janv. 12, 2013 7:42 pm
D'abord, je remercie JDB pour ses citations. Je fréquente rarement le site de Dan Simmons, même si je l'ai parcouru de bout en bout avant d'écrire ma postface.
Blog ou pas blog, that is the question. J'assimilais à un blog des messages irrégulièrement postés sur son site par Simmons.
Quoi qu'il en soit, ces citations, pour révélatrices, ne m'ont pas appris grand chose. Personne n'a jamais pris Simmons pour un partisan d'Obama. Mais il reste qu'il soulève avec ou sans mauvaise foi, avec ou sans subtilité, de vrais problèmes et surtout l'un d'entre eux.
Comme je l'ai indiqué dans ma postface, la politique sociale (et à mes yeux justifiée sous bénéfice d'inventaire) de Barack Obama est totalement incompatible avec le système de santé et le système fiscal américain. Les dépenses annuelles impliquées sont et seront, de source fédérale (mais je cite de mémoire et je peux me tromper) de l'ordre de 2200 milliards de $, soit à peu près le triple des dépenses militaires. Ce qui veut dire que si on supprimait totalement ces dernières, le problème resterait entier.
Ou bien le système de santé américain rejoint le coût par tête européen (dans les cinq ou six plus grands pays), au moins en ordre de grandeur, ce qui implique d'énormes sacrifices de la part des médecins, des cliniques et hôpitaux et des laboratoires pharmaceutiques, ou bien le système implose.
Une réforme substantielle, qui de toute façon s'impose, de la fiscalité des ménages et des entreprises, tout en améliorant les choses, n'y suffirait pas.
La question se pose donc en termes drastiques. Ou bien la société américaine demeure ce qu'elle est, excluant toute évolution vers l'État-providence (ou simplement plus protecteur), et de plus en plus inégalitaire, ce que semble préférer Simmons et une grande partie (mais pas tous) des Républicains, ou bien elle accepte de se transformer profondément au moyen d'une révolution pacifique.
Le problème se pose dans les mêmes termes au demeurant pour l'enseignement supérieur.
Lecteur assidu du Scientific American (qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut, et ça en dit long), j'observe avec effroi les cris de plus en plus désespérés de ses collaborateurs concernant l'état de l'opinion américaine à l'endroit de la science, de l'enseignement des sciences et parfois de la plus élémentaire rationalité.
Le mérite, car il y en a un, de Dan Simmons, c'est de poser en termes crûs les termes de l'équation tout en lui donnant une issue inacceptable par qui que ce soit de raisonnable.
Le problème sous-jacent, c'est qu'on ne voit pas, le système politique américain étant ce qu'il est, quelles autres solutions que de plus en plus bancales, il peut mettre en œuvre.
En un sens, la réforme Obama, déjà voulue par Bill Clinton, et par Hillary Clinton, met les cartes sur la table. Ou nous changeons profondément notre système de santé et notre système fiscal, ou nous crevons. C'est implicite dans la réforme, et fort éloquemment rendu explicite par Simmons dans son roman, ce dont les démocrates devraient lui donner acte.
On a peine à imaginer un roman symétrique rédigé par un démocrate de gauche où tout se passerait bien et sans heurt.
Pour l'économiste, le problème est soluble sans doute à condition de faire très attention au dérapage possible des dépenses sociales et de réformer les systèmes susdits.
À noter que le même problème d'ensemble se pose aux pays d'Europe les plus avancés dont les déficits sont devenus structurels et qui ne peuvent pas augmenter la pression fiscale sous menace d'effondrement.
Dans ma postface, j'ai omis de citer un empire qui s'est bel et bien effondré et divisé à la suite de son effondrement économique: c'est l'ex-empire soviétique. L'effondrement de la Russie n'est du reste pas achevé, ne serait-ce qu'à considérer sa démographie. Je ne l'ai pas cité parce que son système semblait depuis si longtemps tellement absurde qu'il ne pouvait que conduire à une catastrophe.
Implicitement, je présumais que des États un peu plus rationnels et plus proches des aspirations des peuples qu'ils régissent ne pouvaient pas se trouver confrontés à de telles extrémités.
Je me suis peut-être trompé.
Tout cela sans même évoquer ici (comme je l'ai fait dans ma postface) le problème du réchauffement de la planète qui promet un effondrement global.
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Gérard Klein le dim. janv. 13, 2013 5:19 pm, modifié 1 fois.
Mon immortalité est provisoire.