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par Lensman » mer. juil. 11, 2007 11:35 am
Sans doute qu'il y a des livres que je n'arrive pas à lire parce qu'ils sont "mal écrits", mais enfin, la plupart du temps, j'arrête surtout de lire parce que cela ne m'intéresse pas.
Je m'aperçois, depuis que je lis, voire participe à ce type de discussions, que ça ne m'avance pas à grand chose (ce n'est d'ailleurs pas bien grave...) de lire des considérations sur le style. En tout cas, je veux dire qu'apprendre qu'un texte que j'ai apprécié "manque de style" m'a toujours fait une belle jambe, et ne m'a jamais amené à le réévaluer, ni a porter un regard différent dessus, à l'inverse d'autres types de remarques. Evidemment, si on dit qu'un texte qui m'a plu qu'il est "plein de style", je ne vais pas me plaindre, je vais même acquiesser (ça ne mange pas de pain), mais enfin ce sera juste pour le plaisir. De mon point de vue, peu de critères nets sont avancés sur la notion de style, ou tout au moins s'ils sont sérieux, ils sont peu compréhensibles et difficilement partageables (en dehors de cas extrêmes où les textes ne sont pas en français, mais ce n'est pas de cela que l'on parle).
Pour donner un exemple, je fais partie de ceux que la légendaire platitude de style (dans la traduction, en tout cas) d'Asimov n'a jamais gêné (ce qui ne veux pas dire que j'apprécie tout Asimov, loin de là!).
Pour moi, ces distinctions bon ou mauvais style largement sont inopérantes dans les discussions, de dire qu'un texte est bien ou mal écrit, à partir du moment où ce texte a atteint un certain degré d'efficacité (c'est-à-dire qu'il est lu, apprécié par suffisamment de gens capables d'en parler et d'avancer des arguments sur les raisons de leur intérêt).
(Qd je parle de style, bien sûr, je ne parle pas de procédés d'écriture, voire même graphiques sciemment utilisés pour doter le texte de caractéristiques esthétiques particulières ornementales, du genre "La Horde" de Damazio, ou la fin de 'L'homme démoli" de Bester; je parle de ce que sous-entendent des expressions du genre "c'est bien écrit", "c'est mal écrit", etc. qui, lorsque l'on demande à ce qu'elles soient explicitées avec un peu (juste un peu) de rigueur, provoquent des digressions peu cohérentes qui font douter de la pertinence des expressions employées, et surtout de la capacité de ceux qui les utilisent souvent à en user à bon escient).
Pour exprimer les choses plus brutalement, je dirais que le style sera vraiment le tout dernier critère auquel je me fierais dans une critique, pour savoir si le texte critiqué est susceptible de m'intéresser. C'est sans doute une faiblesse, mais enfin, qd je lis les prises de tête que ces affaires de style génèrent, je me dis que j'ai de la chance d'être infirme...
Mais, chers amis, que les passionnés de style vivent leur passion!
Oncle Joe