Tout d'abord, petite réponse à dracosolis :
Peut-être que les gens ne veulent pas lire de la sf. Je ne sais pas. Je ne peux que me raccrocher à mon expérience personnelle par rapport à cela. Et celle-ci me dit que tout le monde veut bien lire de la sf, s'il lit déjà des livres à la base. Chaque fois que j'ai fait lire un auteur de sf à queqlu'un qui ne connaissait pas la sf littéraire (celle des collections spécialisées), je n'ai eu que des retours positifs. Bien sûr, il s'agit de bien choisir ses auteurs et de cibler le lecteur. Même ma mère (grande fan d'Agatha Christie et autres romancières anglaises policières à succès du début du siècle) s'y est mise. Grâce à qui ? A Jack Vance, auteur qui rentre dans ses préoccupations (intrigues policières, exotisme plus vivace que celui de "Mort sur le Nil" mais rentrant dans le cadre de ses plaisirs de lecture, personnages à la langue bien pendue,...) Du coup, elle s'est mise ensuite, toujours sur mes conseils, à Neil Gaiman et quelques autres et, résultat des courses, maintenant elle lit indifféremment du Heinlein, du Iain Banks ou, accroche-toi bien, du Lucius Shepard ! C'est la même chose pour différents de mes amis. Si on trouve le bouquin qu'il faut pour les lancer dans le grand bain, aucun ne s'est montré réfractaire. Bien sûr, cela demande du temps et une bonne connaissance de la personne à qui on passe des bouquins et cela ne peut être réalisé à grande échelle. Mais bon, il y a de l'espoir.
Ensuite, ton objection est valable en termes de chiffres de vente. Mais je ne sais pas si, en publiant des livres dans une collection de littéraire générale, on a la moindre possibilité d'amener le public à prendre conscience de l'existence de collections spécialisées. Là est le "gap" à franchir qui, à mon avis, empêche les répercussions positives pour la sf des publications assimilées. Ca n'empêche néanmoins pas, toujours à mon avis, l'effet délétère de ces publications sur la perception de la sf par le grand public.
P.S. C'est qui Van Der Meer ?
Erion a écrit :justi a écrit :
1. Je n'ai pas dit que (je te cite) "Werber et Dantec avaient à eux seuls brisé l'envol de la SF ". J'ai expressément écrit "une des raisons". Cela signifie une parmi de nombreuses autres comme n'importe qui devrait pouvoir s'en rendre compte.
Casuistique. La SF n'avait pas d'envol, donc je vois mal comment Dantec et Werber pourraient être coupables de briser l'envol de quelque chose qui de toute manière ne s'envolait pas.
Sinon, autant dire qu'ils sont l'une des raisons du réchauffement de la Terre ou de la déforestation en Amazonie.
3. Le fait que nous sommes en face d'auteurs catalogués non-sf et publiés "hors collection" (admire les guillemets, ils ont une fonction ironique) sert mon propos au lieu de le desservir, propos qui, je le rappelle encore une fois, est celui de la perception de la sf par le grand public. Il me semble évident que cette perception ne peut se faire, pour le grand public, que par des auteurs grand public publiés par des éditeurs grand public et ce depuis que la sf existe en tant que phénomène littéraire (un exemple : Pierre Boulle). Par essence, les collections spécialisées où sont publiés les auteurs spécialisés s'adressent à un public de ... spécialistes. (Et avant que tu ne t'emballes, le mot "spécialiste" ne contient aucune visée élitiste ou culturelle, il s'agirait plutôt d'essayer de qualifier une "niche" de marketing).
Et c'est LA que tu fais de la réécriture de l'histoire.
Ce sont PRECISEMENT les éditeurs qui ont publié Werber et Dantec en non-collection SF, parce qu'ils ont estimé que cela nuirait à leurs ventes. C'était même dans le contrat de Werber que de ne jamais revendiquer l'aspect SF de son oeuvre. Le grand public ne s'y est pas trompé, il n'assimile ni Dantec, ni Werber à de la SF. Sinon, ils vendraient moins.
Donc, je ne vois pas pourquoi accuser Dantec et Werber des "malheurs de la SF". Eux, en tant qu'auteur, ils n'y sont pour rien. Ils ont juste voulu publier des livres. Après, le succès aidant, ce qui s'est passé, c'est juste du cirque médiatique.
Alors faut arrêter de faire de ces deux-là, des sortes de croque-mitaine. On s'en fout royalement, ils font leur truc de leur côté et cela n'a aucun impact sur la SF en tant que genre. Qu'ils aient ou pas existé, la situation serait rigoureusement identique.
La "SF des années 50/60" elle est davantage portée par les films hollywoodiens que par Werber.
Je veux bien concevoir que tu aies envie de défendre ces auteurs ou que tu considères mes réflexions comme ineptes et sans objet, mais je ne tolérerai pas que tu déformes mes propos.
Je ne défends pas ces auteurs. Je n'apprécie pas ce qu'écrit Werber, et en dehors des 100 et quelques premières pages des Racines du mal, je trouve que Dantec la joue trop facile (mais les premières pages sont vraiment grandioses).
Seulement, je trouve aberrant qu'on ressorte toujours la même aigreur, et la même mauvaise foi à propos de ces auteurs, comme si chacun de leurs gestes devait avoir un impact fondamental sur le fandom. Guy des Cars n'a jamais empêché la vraie littérature d'exister.
Bon, on va en finir une bonne fois pour toutes, parce que j'aime bien m'énerver, mais il y a des limites.
Je reprend les points que tu soulèves.
1. En ce qui concerne le point 1. Je me suis mal exprimé. J'insiste, je ne parle pas de l'envol de la sf, je n'y crois pas et je m'en fous. Je parle de sa perception dans le grand public. Donc, pour m'exprimer plus clairement, je voulais dire que Dantec/Werber modèlent la perception de la sf auprès du grand public, pas qu'ils brisent quelque essor ou envol que ce soit. Est-ce que c'est enfin clair ?
2. Je considère toujours les termes "réécriture de l'histoire" comme insultants. Je n'épiloguerai pas. Néanmoins, je pense que ta lecture du phénomène littéraire et médiatique que sont ces deux gaillards est trop centrée sur le monde sf, sa petite bulle et ses auteurs, lecteurs et autres fans particuliers. Je parlais à une échelle plus globale. Une échelle qui concerne l'immense majorité des gens qui n'entendront jamais parler de la sf littéraire autrement que via ces deux auteurs et quelques autres. Que les éditeurs aient choisi de les publier "hors collection" ou aient inséré des clauses scélérates dans le contrat de Werber n'y change rien. Pour le grand public, la sf, c'est ça.
3. Tu mentionnes, en ce qui concerne la sf des années 50/60, le cinéma. Je pense que tu mélanges un peu mes propos. Premièrement, je parlais de la perception de la sf liitéraire. Deuxièmement, je parlais de la perception de la sf littéraire des années 50/60 par le public des années 50/60. Je pense que tu fais référence à la perception de la sf de ces années-là (c'est une citation de Claude François) par le public actuel.
4. Je te re-cite :"je trouve aberrant qu'on ressorte toujours la même aigreur, et la même mauvaise foi à propos de ces auteurs". C'est un sentiment légitime et ok, pas de problème, je l'admets c'est un peu facile, mais je ne suis pas un philosophe (suivant la définition d'Oncle Joe) et, en plus, j'aime bien m'énerver. Mais, tu ajoutes "comme si chacun de leurs gestes devait avoir un impact fondamental sur le fandom." Et je NE PARLE PAS du fandom. Je parle du grand public.
Résumons-nous : tes remarques me paraîssent effectivement valables dans le cadre du fandom et du lecteur connaîssant, ne serait-ce qu'un peu, la littérature de sf. Malheureusement, ce n'est pas de ça que je parle. Je parle effectivement des gens qui n'ouvriront jamais un livre d'un auteur, même pas spécialisé, disons catalogué sf. Cette perception du grand public est biaisée, tronquée, influencée par ces deux auteurs et quelques autres (très peu). Ce qui est mal dans cette histoire, c'est pas que ça empêche la sf de décoller ou de vendre un peu plus de papier, c'est juste que ça participe au formatage général et à la désinformation ambiante.
Enfin, je n'en veux à personne d'aimer Dantec ou Werber ou d'autres auteurs que les auteurs de sf. Moi-même, la sf ne représente qu'à peu près 40% de ce que je lis (autres passions littéraires : les littératures victoriennes et japonaises, séparément hein, pas la littérature victorienne du Japon). Je n'aime pas ce qu'ils font au cerveau des gens, c'est tout.
Voilà, sinon, je reconnais que ça doit être agaçant de voir toujours taper sur les mêmes médiocres. Ca serait beaucoup plus punchy de taper sur un vrai Dieu de la sf, Philip K. Dick, par exemple.