Nébal a écrit :Très honnêtement, si la misogynie a eu son mot à dire, et notamment la misogynie véhiculée par le catholicisme (et il y a avait bien un lien particulier entre l'Eglise et le Roi Très-Chrétien), j'ai tendance à croire que ce n'est qu'en surplus, à titre de "justification"
Je ne vais pas te citer tout Duby citant les curés du XIe siècle, c'est trop long à recopier, mais ils ont usé un nombre de parchemins absolument stupéfiant à expliquer à quel point la femme est inférieure, qu'elle vient non seulement de l'homme mais d'une côte de l'homme, "comme tordue et naturellement opposée à l'homme" (ça, c'est une phrase du XVe mais le ton est le même), qu'elle est naturellement artificieuse patin couffin. On est au delà du prétexte, les deux pieds dans une haine de soi qui m'étonne mais que je peux pas nier vu que ce n'est pas moi, l'historien. La montée de l'Eglise correspond en tout cas au moins à une baisse du pouvoir économique des femmes, à qui on concède de moins en moins de bien dans le cadre des testaments et des contrats de mariage.
(Cela dit, puisqu'on en cause, le sacre ne fait pas le roi, et Hugues Capet doit aussi - surtout ? - sa couronne aux nobles qui l'ont élu, et au fait qu'il descendait des trois rois robertiens...)
Les nobles l'ont élu parce qu'il n'inquiétait pas grand monde et lui les a feintés en faisant sacrer son propre fils quasiment en même temps que lui, lequel fils a fait de même avec le sien et ainsi de suite, ce qui a transformé la royauté par élection en royauté héréditaire. M'enfin on constate que l'hérédité marchait depuis pas mal de temps, depuis Mérové en fait, soit avant l'an 600, à part quand Pépin le Bref a fait son coup d'état.
Ce qui est stupéfiant sous Hugues Capet c'est qu'à sa mort, il n'a pas divisé son bien entre tous ses fils mais tout filé à son fils aîné. Bon, je crois qu'il n'en avait pas d'autre mais n'empêche, l'héritage par ordre de primogéniture était une sacrée nouveauté, et a enfin évité le perpétuel morcellement des terres.
Je sens que je dérive, là.
Le problème n'était pas tant que la couronne passe à une femme ou par une femme... qu'à son époux ou son fils, et/ou à un "parti politique" (avec plein de guillemets, hein) opposé. En France, après tout, les solutions dépendaient des régions, mais il n'était pas rare que des titres nobiliaires et des fortunes parfois colossales passent par des femmes
Exact, mais elles n'étaient que dépositaires d'un bien et devaient rester sous la coupe d'un homme, mari, père ou oncle. Une femme maitresse d'elle-même, ça ne se faisait pas.
ça n'a effectivement pas posé de problème en Angleterre ou en Espagne, pour citer des voisins (qui, par contre, se sont tapés régulièrement de grosses crises de succession, l'ordre n'étant pas fixé aussi clairement qu'en France, et les usurpations étant fréquentes ; du coup, le sang, la lignée, ben, heu... faut voir, quoi).
Jusqu'à Louis XIV, tous les rois de France ont eu à se battre comme des chiffonniers contre leur frère cadet ou leur cousin germain et ça a fait couler beaucoup de sang en France aussi. Nos guerres de religion, ça n'est jamais que la famille Guise essayant de se goinfrer la couronne avec l'appui de l'Espagne.
La question n'a commencé à se poser en France que lors des crises de 1316 et 1328, qui marquent la fin du "miracle capétien".
Ce n'est que 100 ans de plus que les mérovingiens et les carolingiens.
Leur résolution sur le moment ne s'explique pas tant par une hostilité pour Jeanne de Navarre et Isabelle d'Angleterre (ce qui n'a pas exclu, bien sûr, les soupçons de bâtardise concernant la première, et l'indignation quant à l'immoralité supposée de la seconde, mais ce sont plutôt là, je crois, des moyens d'enfoncer le clou...)
Oui. Personne ne sait quelle a été la conduite intime de ces femmes. Ce qui est *systématiquement* corrélé, par contre, et vérifiable dans les textes, c'est la stérilité avec l'accusation de luxure. Tu remarqueras que toute reine qui a été accusée d'avoir la cuisse légère est une femme stérile. Bizarre, non ? Que ce soit Aliénor d'Aquitaine, Marguerite de Navarre ou la reine Margot. (Il n'y a que Louise de Lorraine qui y a échappé, vu que c'est son mari qu'on accusait de bougrerie.) L'adultère était quasi la seule accusation qui autorisait le divorce. N'enfanter que des filles était un peu moins puni, mais puni quand même.
qu'aux manoeuvres politiques, d'abord du régent le futur Philippe V le Long, ensuite du parti féodal groupé autour de Philippe de Valois, futur Philippe VI le Trouvé.
Il fallait un roi sur le trône, on n'allait pas y mettre une gamine de six ans, non plus. Et Philippe le Long, à l'époque, avait un voire deux fils. C'était un bon candidat. Meilleur que le roi d'Angleterre, haha !
Bon, mais pour en revenir à "l'image que j'ai de ce que l'auteur devait penser des Femmes dans une ère comme celle où vivait Conan", beuh... est-ce qu'Howard pensait vraiment qu'une donzelle de 16 ans en nuisette qui pousse des petits cris en titubant pouvait tenir plus de trente secondes en Hyperborée ou ailleurs avant de se faire défoncer jusqu'à la glotte et qu'on file ses restes aux chiens ? Oh, quand même...