Le programme J'ai lu pour début 2009

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 11, 2008 9:03 am

dracosolis a écrit :[JDB ? Dis?
si tu veux une Jeanne d'Arc , va falloir chercher ailleurs ...
(Kat a le physique du rôle elle au moins, mais pour le reste, je la sens pas non plus :twisted: )
Jeanne d'Arc, il y a un petit côté Fantasy dont je me méfie (sauf dans "Le Génie des alpages", bien sûr!)
Oncle Joe
PS: et dans "Jeanne au bûcher" de Honneger, à condition d'écouter la musique en faisant semblant de ne pas comprendre les paroles (de Claudel...)
Je crache le feu, aujourd'hui!

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Erion
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Message par Erion » jeu. déc. 11, 2008 9:27 am

JDB a écrit : Voulons-nous vraiment leur abandonner l'avenir ?
JDB
Evidemment, je partage l'analyse de JDB et de Roland. Les auteurs de SF _devraient_ se préoccuper de l'avenir. Ca fait partie des éléments qui distinguent la SF des autres genres (et pourquoi la fusion avec le mainstream n'est pas une solution à la stagnation actuelle de la SF).

Mais la question n'est pas propre aux auteurs de SF. C'est la société française qui souhaite abandonner l'avenir. C'est en partie pour ça que je me demande ce que vont donner les textes de SF américains après l'élection d'Obama, puis que, autour de son nom, certains pensent qu'il va changer l'avenir.
Pour parler uniquement de chez nous, on constate que personne dans la société ne semble porter de vision d'avenir (et encore moins de "désirs d'avenir"). Si on regarde à droite, l'avenir libéral qui nous est proposé ressemble fortement à la France du XIXe siècle (à quand le retour du travail des enfants ?), et à gauche, entre refus du nucléaire/des OGM, méfiance vis à vis des découvertes scientifiques, écologisme réactionnaire (prôner l'abandon des couches jetables, c'est pas vraiment plaider pour l'émancipation des femmes), on ne voit rien qui prétende à une évolution, un projet si ce n'est la perpétuation de ce qui a déjà été accompli.
Dans ce contexte, je comprends que les auteurs de SFF aient du mal à se préoccuper de l'avenir.
Ca ne les excuse pas. De la même manière qu'on excuse pas la gauche dans son ensemble d'être incapable d'avoir un projet, je vois pas pourquoi on tolérerait que les auteurs de SF fassent du surplace ou de la redite. Encore plus inexcusable quand les gens ont du talent.
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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 11, 2008 9:32 am

D'accord aussi avec Erion...
Oncle Joe

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Nébal
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Message par Nébal » jeu. déc. 11, 2008 9:59 am

Mouais...

Honnêtement, je ne suis pas très convaincu.

Qu'historiquement, cette préoccupation pour l'avenir ait été importante dans la définition du genre, OK. Maintenant, je dirais que, dans les SF gernsbackienne et campbellienne au moins (et wellsienne avant), ça s'accompagnait largement d'une fonction "prophétique", de "prédiction" (avec des pincettes, mais tout de même...). Or, si je trouve mon bonheur dans ces textes-là, très honnêtement, cette approche me laisse néanmoins extrêmement sceptique... Pour tout dire, en ce qui me concerne, toute interrogation sur le futur dépassant le très court terme me paraît fondamentalement vaine. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer la SF ; donc m'est avis qu'il faut chercher le critère ailleurs... Et puis, bon, on en est heureusement plus au positivisme dominant qui légitimait cette approche.

D'ailleurs, depuis, quels sont les auteurs à avoir su développer une vision prospective pertinente, ou une préoccupation pour le futur marquée, solide, constructive, même sans cet aspect "prophétique" ? En dehors de William Gibson, je n'en vois pas des masses... Pourtant, il s'agit bien toujours de sience-fiction ; du coup, ce critère ne me paraît pas vraiment pertinent, même s'il a pu l'être.

Non, pardon du lieu commun, mais c'est l'interrogation sur le présent qui me paraît dominante (dans une perspective globale, certes, et non centrée sur l'individu, ce qui constitue souvent une différence avec la littérature "générale") ; j'aime décidément bien l'expression de Ballard sur le "présent visionnaire"... Et parrallèlement, l'étude des moeurs, etc., dégagée du temps et du lieu (dans une certaine mesure du moins), ce qui renvoie à l'utopie et à sa fonction critique (l'uchronie pouvant jouer sur ce terrain-là, elle ne me paraît en rien constituer une régression ; au contraire, dans un sens : en posant d'entrée de jeu son caractère "absurde" et anti-prophétique ou prospectiviste, elle se concentre sur l'essentiel à mes yeux...).

Par ailleurs, je plussoie Draco : je ne crois pas que les écrivains de SF soient investis d'une "mission"...

Maintenant, en dehors de la SF, et sur le strict plan politique, hélas, je ne peux que plussoyer largement Erion (même si je mettrais quelques bémols ici ou là).

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » jeu. déc. 11, 2008 10:24 am

dracosolis a écrit :(bizarrement mon côté prof de latin a été rebuté par le mot psychopompe)
Normal, c'est du grec. :wink:

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » jeu. déc. 11, 2008 10:51 am

Nébal a écrit :Qu'historiquement, cette préoccupation pour l'avenir ait été importante dans la définition du genre, OK.
On ne parle pas ici de "définition du genre" mais d'orientation de l'intérêt des auteurs;
Nébal a écrit :Maintenant, je dirais que, dans les SF gernsbackienne et campbellienne au moins (et wellsienne avant), ça s'accompagnait largement d'une fonction "prophétique", de "prédiction" (avec des pincettes, mais tout de même...).
C'est l'un des trois points dégagés par Gary Westfahl, en effet. Et cettetendance se prolonge sous diverses formes bien au-delà de l'Âge d'Or.
Nébal a écrit :Or, si je trouve mon bonheur dans ces textes-là, très honnêtement, cette approche me laisse néanmoins extrêmement sceptique... Pour tout dire, en ce qui me concerne, toute interrogation sur le futur dépassant le très court terme me paraît fondamentalement vaine.
Avis personnel.
Nébal a écrit :Ce qui ne m'empêche pas d'aimer la SF ; donc m'est avis qu'il faut chercher le critère ailleurs...
Le critère de quoi ?
Nébal a écrit :Et puis, bon, on en est heureusement plus au positivisme dominant qui légitimait cette approche.
Cliché. Le "positivisme dominant" était nettement moins dominant que tu as l'air de le croire. Voir le thème du robot avant et après Robbie. Par exemple.
Nébal a écrit :D'ailleurs, depuis, quels sont les auteurs à avoir su développer une vision prospective pertinente, ou une préoccupation pour le futur marquée, solide, constructive, même sans cet aspect "prophétique" ?
Mmmm… voyons…

Pohl & Kornbluth ?

Brunner ?

Spinrad ?

Jeury ?

Ligny ?

La modestie… ?

Cela dit, on peut se préocuper du futur et de la survie de l'espèce humaine sans développer de "vision prospective pertinente".

Et même sans écrire de SF, d'ailleurs.
Nébal a écrit :En dehors de William Gibson, je n'en vois pas des masses...
Gibson est un auteur sacrément gernsbackien, et je trouve de plus pitoyable de réduire l'ensemble des cyberpunks à l'un d'eux.
Nébal a écrit :Pourtant, il s'agit bien toujours de sience-fiction ; du coup, ce critère ne me paraît pas vraiment pertinent, même s'il a pu l'être.
Critère de quoi ?
Nébal a écrit :Non, pardon du lieu commun, mais c'est l'interrogation sur le présent qui me paraît dominante (dans une perspective globale, certes, et non centrée sur l'individu, ce qui constitue souvent une différence avec la littérature "générale") ;
L'interrogation sur le présent va de pair avec le souci de l'avenir.
Nébal a écrit :Par ailleurs, je plussoie Draco : je ne crois pas que les écrivains de SF soient investis d'une "mission"...
D'abord, si un ou plusieurs auteurs se sentent investis d'une "mission", tu n'y peux mais.

Ensuite, c'est quand même sacrément plus subtil que ça et Norman Spinrad le décrit fort bien dans He walked among us.

Ballard est un con.

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kibu
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Message par kibu » jeu. déc. 11, 2008 11:01 am

Ballard est un con.
Avis personnel...

Par ailleurs, ceci ne te concerne pas BB, je ne vois pas pour quelles raisons l'uchronie serait forcément régressive. Cela me semble manquer de nuances, surtout que certains ouvrages de SF peuvent l'être également. Ce n'est pas une question de genre mais de traitement.
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » jeu. déc. 11, 2008 11:10 am

kibu a écrit :je ne vois pas pour quelles raisons l'uchronie serait forcément régressive.
Moi non plus.

L'uchronie est, je crois, un biais.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 11, 2008 11:13 am

La liste de Roland me paraît très pertinente.
"Mission", évidemment, le mot ne convient pas, mais l'auteur de SF PEUT être un reflet des interrogations sur l'avenir et en proposer une mise en scène dans sa fiction, le genre dans lequel il écrit est tout de même idéal pour cela. Pour ne rien dire d'un phénomène de "feedback" possible (je suis curieux de savoir ce que Spinrad va nous dire de nouveau sur le sujet... ça a intérêt à être bien, Roland, parce que la bande annonce est un rien pesante...)
C'est cet apparent recul que je déplore (tant pis pour moi), ce qui ne signifie aucunement que je n'apprécie pas la SF plus "distraction". Ou également toute la SF sur l'explication de l'univers, un champ fort vaste qui finalement concerne assez peu (sauf exception) notre avenir relativement proche.
Bref, je veux de la SF!
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. déc. 11, 2008 11:14 am, modifié 1 fois.

Elisabethforever
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Message par Elisabethforever » jeu. déc. 11, 2008 11:13 am

Ballard est un con.
_________________

Ballard est tombé dans la bulle de présent et y est resté.

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Sand
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Message par Sand » jeu. déc. 11, 2008 11:14 am

Je crois que le "critère" est celui des raisons pour lesquelles une personne aime la SF.

Les réflexions sur l'avenir en général ne sont pas pour moi le critère intéressant dans la SF, mais plutôt les interrogations sur l'humain, et la recherche de réponses inédites. L'inédit peut provenir, en particulier mais pas exclusivement, du développement des technologies (au sens large).

Je pense notamment au tout début du "Canal ophite" de John Varley, où les définitions de crime, délit et contravention sont complètement nouvelles (la technologie du clonage a fait requalifier le meurtre en simple délit passible d'une amende et de la prise en charge de tous les frais afférents à la réplication de la personne tuée).

"Dans la dèche au royaume enchanté" de Cory Doctorow va aussi dans cette direction : redéfinition des valeurs par apparition de nouvelles possibilités techniques.

On peut aussi citer Banks et sa Culture.

De mon point de vue, ce n'est pas de la "préoccupation sur l'avenir", tout simplement parce que j'y vois les échos du passé et du présent. Les antibiotiques ont changé la médecine, mais aussi la société (l'inéluctabilité de la volonté divine en a pris un sacré coup). Les avancées en matière de contraception sont le porte-drapeau du phénomène, évidemment : le changement sociétal qu'on leur doit n'est même pas fini !

Du coup, du strict point de vue "technologie", tout ça me parait un peu une variation sur le même thème. En revanche, il reste l'humain, les mêmes questions face à la vie en général, et des réponses qui là, peuvent être particulièrement originales grâce à des technologies inédites (ou des crises/événements ayant entrainé des structures sociétales inédites : Heinlein en donne de bons aperçus dans "révolte sur la lune" ou "starship trooper").

Vraiment, je n'y perçois pas de "préoccupation sur l'avenir", mais "juste" des interrogations sur l'humain et les nécessaires adaptations mentales/sociétales qu'entrainent la modification de l'environnement.

Rien de plus complètement à côté de la plaque que des humains évoluant dans des univers technologiquement très différents du nôtre, et qui réagissent comme mon voisin de palier. :roll:
C'est totalement futile, en effet !

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 11, 2008 11:20 am

Sand a écrit : Vraiment, je n'y perçoit pas de "préoccupation sur l'avenir", mais "juste" des interrogations sur l'humain et les nécessaires adaptations mentales/sociétales qu'entrainent la modification de l'environnement.
Ce n'est déjà pas si mal... et ça peut amener une réflexion sur la notion de "nécessaire", qui ne soit pas seulement de la fatalité, ou seulement du pur rejet. On n'est tout de même pas loin d'une certaine réflexion sur l'avenir, non pas une "prédiction", bien sûr (tout le monde avait compris, je pense...) mais sur ce que "l'on pourrait" en faire.
Oncle Joe

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Message par Erion » jeu. déc. 11, 2008 11:24 am

Sand, bizarrement, ce que tu dis est très proche de ce que dit Roland ou d'autres.

Se préoccuper de l'avenir, c'est aussi imaginer comment l'humain évolue dans un contexte différent, l'influence du contexte technologique, politique, sur les comportements et les idées.

C'est voir l'humain à travers des potentialités, alors que la littérature générale le voit à travers les limites du présent. Si cet humain vu par la SF est intéressant, c'est précisément parce que l'avenir est possible, et que le réel existe. C'est la confrontation entre notre présent et ce futur qui rend la littérature SF passionnante.

Ce n'est pas le futur en tant que tel qui est important (l'auteur de SF n'est pas Nostradamus), c'est l'aller-retour entre le possible et le réel qui est intéressant. Star Trek est très loin dans le futur, mais ce qui en fait le sel, c'est que ce futur est un écho de notre présent. Mais pour que ce "sel" existe, il faut bien que futur et présent soient liés.

C'est une des différences avec la fantasy (où l'aspect alternatif du monde interdit l'aller-retour, sauf sous l'angle mythologique) et le fantastique (où l'angoisse du présent est un gros moteur).
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Message par Lensman » jeu. déc. 11, 2008 11:30 am

Elisabethforever a écrit :
Ballard est un con.
_________________

Ballard est tombé dans la bulle de présent et y est resté.
Il n'aura hélas peut-être plus guère d'occasions intéressantes d'en sortir... Mais jusqu'à un passé proche, il a formidablement oeuvré, et il en a acquis notre gratitude admirative.

Oncle Joe

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Message par Bouse Bleuâtre » jeu. déc. 11, 2008 12:16 pm

Lensman a écrit :(je suis curieux de savoir ce que Spinrad va nous dire de nouveau sur le sujet...
Sous cet angle, on serait dans la justesse plutôt que dans la nouveauté.
Lensman a écrit :ça a intérêt à être bien, Roland,
Trust me.
Lensman a écrit :parce que la bande annonce est un rien pesante...)
Est-ce de ma faute si ce livre contient des réponses d'une grande intelligence et d'une profonde pertinence à une bonne partie des questions, clichés, lieux communs et autres idées fausses que l'on peut lire sur les forums au sujet de la science-fiction ?

Ce roman ne contient certes aucune définition de la science-fiction, mais, hormis certains individus mononeuronaux, je suis prêt à parier que quasiment tous ses autres lecteurs le refermeront en sachant ce qu'est la SF.

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