bormandg a écrit :Jean-Claude, tu es aussi absolu dans la dénégation de la "légende urbaine" que ceux qui la diffusent, mais la vérité est que n'importe quel livre qui est tiré et diffuusé à plus de 100000 exemplaires fera, aussi mauvais soit-il, un résultat de plus de 10000 du seul fait de l'effet d'offre; bien sûr, il sera quand même vclassé échec si les premiers lecteurs l'ont détesté et déconseillé, mais à côté d'un livre apprécié par les lecteurs sans lancement en fanfare, qui arrivera avec peine à dépasser les 3000 sauf exception exceptionnelle (comme le substantif l'indique) genre Delerm ou Rowling. Un mauvais Werber continue à vendre mieux qu'un bon Dunyach, non?

Attention, Georges.
Un bouquin tiré à cent mille exemplaires et qui fait dix ou quinze mille exemplaires n'est PAS un best-sellers, c'est un bouillon, un échec !
Certains best-sellers sont certes des grosses ventes attendues (le dernier King ou le dernier Nothomb, par exemple) et sont donc mis en place en conséquence (ceci dit, 100 000, c'est vraiment très rare). Mais beaucoup, vraiment beaucoup, de best-sellers commencent avec une mise en place très faible (inférieure à 3 000). Ce sont les lecteurs et le suivi journalier des ventes qui permettent de dire "houla, celui-ci est en train de démarrer". Ce sont les lecteurs qui font le best-seller, pas les éditeurs. Sinon, qu'est-ce que tu crois qu'on ferait, nous autres éditeurs ? S'il suffisait de tirer beaucoup et de faire plein de pub pour gagner de l'argent à chaque fois ou presque, eh bien on le ferait.
Vous pouvez vous imaginer que les dés sont pipés et que tout est joué d'avance mais, je le répète, c'est une légende urbaine. Et, encore une fois, tirer et distribuer un livre à cent mille exemplaires est un gros risque, c'est là que les éditeurs risquent de se prendre un gros retour de bâton - et c'est fréquent, croyez-moi. Donc les éditeurs le font rarement, ils le font avec des auteurs qui ont déjà atteint ce genre de chiffres, ils le font pour des bouquins qu'ils ont lus, relus, discuté avec leurs distributeurs, pour lesquels ils ont fabriqué des tas d'argumentaires de vente, des prières d'insérer, des communiqués de presse, bref tout l'attirail commercial associé à n'importe quel produit de grande distribution. Et ça n'est nullement garant de succès. Analysez la liste des meilleures ventes de l'année (on la trouve dans divers magazines) et demandez-vous quel pourcentage a été "prévu" - les autres étant les exceptions exceptionnelles dont parle Georges et qui ne sont pas si exceptionnelles que ça parmi les best-sellers (le statut de best-sellers n'est pas trusté par un petit groupe d'habitués, il y a de la place pour de nouveaux auteurs à succès chaque année).
Regardez aussi la liste des flops spectaculaires et comparez avec le nombre de best-sellers "prévus", en vous souvenant que ces flops étaient censés faire des cartons. C'est riche d'enseignement...
Après, vous pouvez imaginer ce que vous voulez. Mais les faits sont têtus. C'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît, comme dirait l'autre.