Et si on ouvrait un fil juste sur l'auto-édition ?

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Erion
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Message par Erion » ven. mars 27, 2009 10:12 pm

Cibylline a écrit :
Erion a écrit :Alors que le temps pour juger un texte, ça prend du temps.
Lire quelques lignes et passer à autre chose ne prend pas tant de temps que ça.
Ah mais je pensais que tu parlais de travail comparable à un éditeur professionnel. S'il s'agit de faire n'importe quoi, n'importe comment, effectivement n'importe qui peut le faire. Si on veut travailler un peu sérieusement, ça prend du temps. Parce que, justement, les deux étudiants où y'a quelque chose, ben c'est pas au bout de quelques lignes que ça se voyait.
Imagine que pour des groupes amateurs, on se contente d'écouter les 5 premières secondes de leurs morceaux.
En tant que prof, tu dois corriger des copies, mais ce n'est pas de cela dont il s'agit ici.
Ben la moyenne des textes que mes étudiants font est meilleure que beaucoup de ce que je lis sur le net. Sans doute précisément parce qu'ils ne veulent pas faire "littérature".
Je n'ai jamais estimé la proportion musique/écrit. En fait, je n'en sais rien. Mais je pense que tu n'en sais pas plus.
Suffit de se balader sur le net. Voir des blogs, lire des forums, suivre les liens, et pouf, y'a des centaines de textes amateurs partout, partout, partout. Evidemment, je pourrais jamais te sortir une statistique précise, mais les proportions sont vraiment énormes en faveur des textes. C'est pas centralisé comme un myspace, c'est tellement éparpillé qu'on a l'impression que ce n'est rien, mais ce n'est qu'une impression.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Message par Cibylline » ven. mars 27, 2009 10:24 pm

Erion a écrit :S'il s'agit de faire n'importe quoi, n'importe comment, effectivement n'importe qui peut le faire.
*grosse fatigue*
(On ne parlait pas de l'éditeur, mais du public qui fait le tri entre les musiques et les textes qu'il trouve... Il lui suffit de lire quelques lignes, comme il peut le faire avec un livre...)

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Lensman
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Message par Lensman » ven. mars 27, 2009 11:03 pm

MF a écrit : Nous en avons tous une vision partielle, fragmentaire, orientée en fonction de nos propres pratiques, goûts et habitudes.
Je suis bien d'accord: d'où la nécessité de gens qui font le tri. De manière systématique et professionnelle, et qui proposent ensuite le résultat de leur travail. De l'édition, quoi...
Ces gens là, je suis prêt à les payer, il n'y a pas de problème... C'est ce que je fais, d'ailleurs, en achetant des livres (beaucoup...)
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Message par MF » sam. mars 28, 2009 12:07 pm

Erion a écrit :Ca fait plusieurs années que mes étudiants me font des nouvelles, j'ai dû en avoir plus d'une centaine (il s'agit d'étudiants que la SF intéresse et que même, l'écriture SF intéresse). Jamais eu un texte publiable en l'état, et seulement deux (2 sur 100) où il y avait un quelque chose prometteur. Statistiquement, ça me semble logique.
Mais quand je vois le temps que ça me prend de lire les textes, de les corriger, heureusement que je suis payé pour ça. Alors, aller se fader tous les textes sur le net (et souvent très longs), ça ne vaut pas le prix du temps perdu à les lire.
Donc ton raisonnement "logique" est le suivante :
Parmis les textes que produisent mes étudiants, il y a un pourcentage P de textes lisibles, donc sur le net il y a un pourcentage proche de P de textes lisibles.

je ne m'autoriserai pas à te faire des rappels rapide sur la notion de population et d'échantillon en stat, mais tu le mériterais ^^


Et pour la musique, ton raisonnement est basé sur quoi ?
Modifié en dernier par MF le sam. mars 28, 2009 12:11 pm, modifié 1 fois.

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Message par MF » sam. mars 28, 2009 12:10 pm

Erion a écrit :Ah mais je pensais que tu parlais de travail comparable à un éditeur professionnel. S'il s'agit de faire n'importe quoi, n'importe comment, effectivement n'importe qui peut le faire. Si on veut travailler un peu sérieusement, ça prend du temps. Parce que, justement, les deux étudiants où y'a quelque chose, ben c'est pas au bout de quelques lignes que ça se voyait.
On parlait (Joe) de faire le tri. Les 98% "illisibles", en général, tu le sais au bout de quelques paragraphes.
Erion a écrit :Imagine que pour des groupes amateurs, on se contente d'écouter les 5 premières secondes de leurs morceaux.
Mouhahahaha ! Welcome in the real life !

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Message par Erion » sam. mars 28, 2009 12:37 pm

MF a écrit :
Erion a écrit :Donc ton raisonnement "logique" est le suivante :
Parmis les textes que produisent mes étudiants, il y a un pourcentage P de textes lisibles, donc sur le net il y a un pourcentage proche de P de textes lisibles.

je ne m'autoriserai pas à te faire des rappels rapide sur la notion de population et d'échantillon en stat, mais tu le mériterais ^^
Et je te rappellerais les pourcentages des textes reçus par les éditeurs. Galaxies en son temps retenait 1% des textes reçus. Chez mes étudiants, j'obtiens un pourcentage équivalent (même si ce n'est pas publiable, mais, grosso modo, j'ai 1% de mes étudiants qui a le "truc" qui, s'il était développé pourrait faire un écrivain publiable). Le 1 à 2% en question est suffisamment communément admis pour qu'il n'y ait pas lieu de le mettre en doute.
Après, c'est une question de proportions. Chercher 1% sur une masse de 1000 oeuvres ou une masse de 10 000 oeuvres, ça ne demande pas le même temps. Et, surtout, cela signifie que les 20% de textes qui sont "pas mal" mais pas publiables sans gros travail, c'est une masse très importante. Ca demande du temps, beaucoup de temps. Il y a donc théoriquement un nombre important d'oeuvres intéressantes sur le net, mais la botte de foin est si grosse qu'il vaut mieux laisser les éditeurs faire le tri, ils sont payés pour.
C'est pas 1% ou rien, c'est 1% de textes publiables illico sans travail, 20% de textes où on a un doute et 80% de trucs sans intérêt.
Vous vous rendez compte, j'espère, qu'avec ce que vous dites, un jeune auteur a plus de chances d'attirer l'attention d'un éditeur (s'il tombe dans les 20%) que sur le net. Vous dites "il suffit de lire quelques lignes pour éliminer un texte". Quand Jacques Chambon a publié mon premier roman, la première chose qu'il m'a demandé, c'est de virer tout le premier chapitre (10 pages). Donc, selon vos critères, je n'aurais pas été jugé digne d'être retenu par les lecteurs sur le net, mais j'aurais été publié par un éditeur professionnel.

Ce qui donc, nous ramène à dire que les éditeurs professionnels sont une meilleure voie que le net pour découvrir de nouveaux auteurs.

En musique, l'exigence de devoir maîtriser une technique pour pouvoir créer quelque chose, élimine énormément de gens qui voudraient créer mais n'en ont pas les moyens.
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Message par MF » sam. mars 28, 2009 1:47 pm

Erion a écrit :Et je te rappellerais les pourcentages des textes reçus par les éditeurs. Galaxies en son temps retenait 1% des textes reçus. Chez mes étudiants, j'obtiens un pourcentage équivalent (même si ce n'est pas publiable, mais, grosso modo, j'ai 1% de mes étudiants qui a le "truc" qui, s'il était développé pourrait faire un écrivain publiable). Le 1 à 2% en question est suffisamment communément admis pour qu'il n'y ait pas lieu de le mettre en doute.
A) "Les éditeurs" -> "Galaxies" -> "en son temps" = 1%
B) "chez mes étudiants" -> ""aujourd'hui" -> 1%
C) "le 1 à 2% est communément admis"
conclusion => "il n'y a pas lieu de mettre en doute le 1%"

Es tu conscient que c'est pas ce type de "raisonnement" qu'il est "communément admis" que la position des planètes influe sur la vie des hommes et qu'Elisabeth Tessier vend sans doute plus de livres que la totalité des auteurs ici présents.

Il y a donc théoriquement un nombre important d'oeuvres intéressantes sur le net, mais la botte de foin est si grosse qu'il vaut mieux laisser les éditeurs faire le tri, ils sont payés pour.
Ah, mais si ils le font, je ne dis plus rien (mêrme si je ne pense pas qu'ils soient payés pour).
Mais va relire le message de Jean-Claude.
Jean-Claude Dunyach a écrit :A titre personnel, en tant qu'éditeur chez Bragelonne, j'ai reçu plusieurs dizaines de messages de "passionnés" me recommandant tel ou tel manuscrit mis en ligne, jugé "d'un niveau professionnel". J'ai chaque fois vérifié, j'ai été parfois intéressé le temps de quelques pages, mais je n'ai jamais trouvé de textes de qualité suffisante pour envisager une publication. Je suis loin d'avoir exploré l'immense masse des textes en ligne, bien sûr, je n'ai même pas égratigné la surface, mais l'échantillonnage que j'ai pratiqué ne s'est pas révélé concluant - je peux même dire que c'était très décevant.
C'est, en gros, la même chose que si il avait reçu le tapuscrit par la poste.
Je ne crois pas (mais j'espère éventuellement être détrompé), que les éditeurs, aujourd'hui, utilisent le net comme source potentielle d'approvisionnement. Je ne connais pas de maisons d'édition (mais je n'ai pas la prétention d'en connaître beaucoup) qui "prospectent" sur le net.
Vous dites "il suffit de lire quelques lignes pour éliminer un texte". Quand Jacques Chambon a publié mon premier roman, la première chose qu'il m'a demandé, c'est de virer tout le premier chapitre (10 pages). Donc, selon vos critères, je n'aurais pas été jugé digne d'être retenu par les lecteurs sur le net, mais j'aurais été publié par un éditeur professionnel.
Quel rapport entre ce que je dis et ton exemple ?
Pourquoi l'avez vous viré ce chapitre ? Parce qu'il était illisible ? Ou parce qu'il n'apportait rien au roman ?
Ce qui donc, nous ramène à dire que les éditeurs professionnels sont une meilleure voie que le net pour découvrir de nouveaux auteurs.
Manifestement, nous avons une incompréhension.
JE n'oppose pas éditeur professionnel et net. JE considère que ce sont deux approches complémentaires, non exclusives l'une de l'autre, et qui même devraient s'enrichir au lieu de s'ignorer.
En musique, l'exigence de devoir maîtriser une technique pour pouvoir créer quelque chose, élimine énormément de gens qui voudraient créer mais n'en ont pas les moyens.
Dans la limite de la définition que TU donnes à musique (si j'ai bien compris groupe instrumental) tu as sûrement raison. Mais alors c'est quoi, par exemple, les Boy's Band ? J'en ai sans doute la même opinion que toi, mais c'est de la musique. Il y a un éditeur musical derrière.

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » sam. mars 28, 2009 2:16 pm

A titre personnel, et basé sur mon expérience, je dirais que le chiffre de 1% me paraît réaliste. Il est peut-être même un brin optimiste.
C'est un chiffre qui ressort souvent des discussions entre éditeurs quand on compare le nombre de manuscrits qu'on a reçus au nombre de manuscrits qu'on a publiés, année après année. C'est un chiffre "médian", qui peut fluctuer légèrement. Mais ce n'est pas 10%, en tout cas, c'est beaucoup, beaucoup moins. AMHA et tout ça.

De plus, beaucoup (une majorité ?) d'oeuvres sur le net ont été mises là parce qu'elles ont été refusées par les éditeurs... Donc j'ai peur que la proportion des oeuvres intéressantes dans le tas soit encore inférieure à ce 1%.

De plus, certains manuscrits intéressants - potentiellement publiables - ne le seront qu'après un certain travail d'édition. Olivier a raison de le souligner, c'est souvent le début qui pêche. Donc la possibilité de se dire "ça c'est bien" après la lecture de quelques paragraphes est illusoire. Il faut lire plus que ça, et ça prend du temps.

D'autre part, le lecteur moyen n'a pas nécessairement envie de "faire le tri", ni même de retravailler un manuscrit imparfait. Il veut quelque chose qui fonctionne du premier coup - et ce n'est pas si facile que ça à trouver.

Les livres publiés par des maisons d'édition en qui j'ai confiance me suffisent. Les textes auto-édités sur le net ne m'inspirent aucune curiosité, je l'avoue. C'est comme ça.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
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Erion
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Message par Erion » sam. mars 28, 2009 2:22 pm

MF a écrit : Es tu conscient que c'est pas ce type de "raisonnement" qu'il est "communément admis" que la position des planètes influe sur la vie des hommes et qu'Elisabeth Tessier vend sans doute plus de livres que la totalité des auteurs ici présents.
Il est communément admis que la Terre tourne autour du soleil, mais sans doute que tu as des données qui disent le contraire. Quand un éditeur qui reçoit 3000 à 5000 manuscrit obtient les mêmes chiffres que Galaxies, ou n'importe qui, ça devient une règle. Désolé, mais internet n'est pas en soi un outil de sélection, au contraire, il déshinibe des gens qui n'auraient jamais osé envoyer un manuscrit.
Et si je dis "Galaxies" en son temps, c'est parce que le chiffre de 1% vient des responsables eux-mêmes à l'époque (je le tire pas de mon chapeau).
C'est, en gros, la même chose que si il avait reçu le tapuscrit par la poste.
Je ne crois pas (mais j'espère éventuellement être détrompé), que les éditeurs, aujourd'hui, utilisent le net comme source potentielle d'approvisionnement. Je ne connais pas de maisons d'édition (mais je n'ai pas la prétention d'en connaître beaucoup) qui "prospectent" sur le net.
Il n'a pas dit ça. Il a dit qu'on lui a recommandé des textes sur le net et qu'il n'a pas trouvé ça concluant. Ensuite, les éditeurs ne démarchent pas sur le net pour la simple raison qu'ils n'arrivent déjà pas à écluser la masse des manuscrits qu'ils reçoivent par la Poste. Le jour où il y aura un myspace des textes, ça sera peut-être différent, mais pour l'instant, c'est une oeuvre titanesque pour trouver UN bon texte publiable en l'état. Le net, en soi, n'a aucune raison de générer de meilleurs auteurs que via l'édition papier. C'est juste un support.
Les éditeurs papier ont des services spécifiques pour les manuscrits, et ils les lisent, et ça prend du temps.
Quel rapport entre ce que je dis et ton exemple ?
Pourquoi l'avez vous viré ce chapitre ? Parce qu'il était illisible ? Ou parce qu'il n'apportait rien au roman ?
Le rapport, c'est que dire "il suffit de lire quelque lignes pour savoir si le texte est bon ou pas" ca ne suffit pas. Ca ne suffit pas DU TOUT. Si Jacques m'a demandé de virer le premier chapitre, c'est parce que le deuxième permettait d'accrocher plus vite le lecteur et que je pouvais redistribuer les infos du premier dans le reste. Je peux donc imaginer que ce phénomène existe chez de nombreux auteurs amateurs : la plupart du temps, ils ne savent pas écrire leurs premiers chapitres ou leurs premiers paragraphes. Ca n'en fait pas pour autant des écrivains nuls pour autant. Il faut avoir beaucoup d'expérience d'éditeur pour savoir aller au-delà des imperfections des premières lignes et percevoir le potentiel.

Dans la limite de la définition que TU donnes à musique (si j'ai bien compris groupe instrumental) tu as sûrement raison. Mais alors c'est quoi, par exemple, les Boy's Band ? J'en ai sans doute la même opinion que toi, mais c'est de la musique. Il y a un éditeur musical derrière.
Le boys band est un produit, comme la bio de Loana ou tout un pan de l'édition. Ca fait tourner la boutique, mais c'est juste un aspect. L'édition est une industrie, et dans l'industrie, il y a plusieurs catégories de produits. A la fin, ce qui compte, c'est le Compte d'Exploitation. Les maisons de disques ont des labels différents, avec des stratégies marketing différentes, cela n'empêche nullement certains labels de faire un vrai travail de prospection.
C'est un peu comme si tu me disais que puisque Denoël a publié le livre de Ségolène Royal, tout ce que publie Gilles Dumay est nul.
Dans le même sens, les gens d'Infini sont des passionnés, qui font un gros effort pour les auteurs amateurs et plus particulièrement de nouvelles, ça ne signifie pas que tout ce qu'ils mettent en avant est d'une qualité exceptionnelle.
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Message par MF » sam. mars 28, 2009 2:59 pm

Erion a écrit :
MF a écrit :Es tu conscient que c'est pas ce type de "raisonnement" qu'il est "communément admis" que la position des planètes influe sur la vie des hommes et qu'Elisabeth Tessier vend sans doute plus de livres que la totalité des auteurs ici présents.
Il est communément admis que la Terre tourne autour du soleil, mais sans doute que tu as des données qui disent le contraire.
Non, mais quand on me balance des affirmations non étayées, sur la base de raisonnement illogiques, sous le couvert de "il est communément admis" je doute.

J'avais gardé en tête, les données de l'Oie Plate
Q. — A-t-on des données statistiques sur la proportion de manuscrits reçus et rejetés par les éditeurs homologués ?
On trouve cette information dans l’enquête Audace (« Annuaire à l’Usage Des Auteurs Cherchant un Editeur ») établie par Roger Gaillard (éd. L’Oie Plate, 2005). Il suffit de compiler les données numériques fournies par les 1100 éditeurs interrogés. Par exemple, si l’on considère uniquement les grands éditeurs (soit une centaine de maisons publiant au moins une nouveauté par semaine) et si l’on examine le sort des manuscrits soumis par des auteurs totalement inconnus, le taux de rejet semble se situer entre 70 et 99,97 % avec une moyenne de 98 %. Mais je m’empresse de préciser que l’écart type est très élevé : cette pure statistique ne signifie pas grand chose.
Selon les domaines, un grand éditeur reçoit entre 100 et 8000 manuscrits par an (la palme allant à Gallimard), la moyenne avoisinant 1300 manuscrits annuels. D’une part l’arrivage est extrêmement dispersé en fonction des genres, d’autre part la politique d’écrémage va énormément différer entre, par exemple, un éditeur de littérature jeunesse et un éditeur de monographies universitaires. On dit usuellement qu’un jeune auteur n’a guère plus d’une chance sur mille d’être remarqué par un gros éditeur de fiction, mais les chiffres tombent à des taux moins désespérants chez les moyens et surtout chez les petits éditeurs (les seuls véritables défricheurs).

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Message par MF » sam. mars 28, 2009 3:07 pm

Jean-Claude Dunyach a écrit :De plus, certains manuscrits intéressants - potentiellement publiables - ne le seront qu'après un certain travail d'édition. Olivier a raison de le souligner, c'est souvent le début qui pêche. Donc la possibilité de se dire "ça c'est bien" après la lecture de quelques paragraphes est illusoire. Il faut lire plus que ça, et ça prend du temps.
Je crois bien que nous sommes d'accord.
La seule différence me semble être que tu donnes un point de vue d'éditeur et moi de lecteur.
Je ne parle pas de "la possibilité de se dire 'ça c'est bien' après la lecture de quelques paragraphes" qui, je n'en disconviens pas et tu es sans doute mieux placé que moi pour le dire, est illusoire. Mais de la possibilité de dire 'ça c'est nul' après la lecture de quelques paragraphes.
Un filtre, qu'il soit passe-bas ou passe-haut reste un filtre. L'usage n'en est pas le même. Mais le lecteur n'est pas éditeur.

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Message par MF » sam. mars 28, 2009 3:19 pm

Erion a écrit :
Quel rapport entre ce que je dis et ton exemple ?
Pourquoi l'avez vous viré ce chapitre ? Parce qu'il était illisible ? Ou parce qu'il n'apportait rien au roman ?
Le rapport, c'est que dire "il suffit de lire quelque lignes pour savoir si le texte est bon ou pas" ca ne suffit pas. Ca ne suffit pas DU TOUT.
Où as tu lu ça ?
Je n'ai jamais dit, écrit, prétendu ou même sous-entendu "il suffit de lire quelque lignes pour savoir si le texte est bon ou pas".
J'ai écrit, et j'assume l'avoir fait, "il suffit de lire quelque lignes d'un texte illisible (sous-entedu impubilable) pour savoir qu'il l'est".
Si tu n'arrives pas à faire la distinction entre ces deux affirmations, arrêtons là s.t.p.
Le boys band est un produit, comme la bio de Loana ou tout un pan de l'édition. Ca fait tourner la boutique, mais c'est juste un aspect. L'édition est une industrie, et dans l'industrie, il y a plusieurs catégories de produits. A la fin, ce qui compte, c'est le Compte d'Exploitation. Les maisons de disques ont des labels différents, avec des stratégies marketing différentes, cela n'empêche nullement certains labels de faire un vrai travail de prospection.
C'est un peu comme si tu me disais que puisque Denoël a publié le livre de Ségolène Royal, tout ce que publie Gilles Dumay est nul.
Dans le même sens, les gens d'Infini sont des passionnés, qui font un gros effort pour les auteurs amateurs et plus particulièrement de nouvelles, ça ne signifie pas que tout ce qu'ils mettent en avant est d'une qualité exceptionnelle.
Bien. Au moins tu n'a pas remis en cause le fait que les Boy's Band c'est de la musique. Merdique. Mais de la musique quand même.
Tu me confirme même que la bio de Loana c'est de la littérature.
Et que, par voie de conséquence, il est important qu'un lecteur (comme un auditeur) sache faire le tri.
Il est en de la bio de Loana comme des Boy's Band. Quelques secondes d'écoute ou quelques lignes de lecture me permettent de trier ^^

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Message par Erion » sam. mars 28, 2009 3:38 pm

MF a écrit :Où as tu lu ça ?
Je n'ai jamais dit, écrit, prétendu ou même sous-entendu "il suffit de lire quelque lignes pour savoir si le texte est bon ou pas".
Tu n'es pas la seule personne intervenant dans ce fil.
Que les lecteurs s'embarrassent pas de lire des choses nulles, ok. Mais là, il est question des rapports entre édition traditionnelle et de savoir si les éditeurs peuvent/doivent prospecter sur le net.
La réponse, c'est qu'il existe déjà énormément de manuscrits reçus par la poste, et que la proportion de textes disponibles sur le net est si grande qu'aucun éditeur ne fera l'investissement nécessaire. Ca ne vaut tout simplement pas le coût.

En revanche, si un deezer ou un myspace de la littérature se monte, alors là, les éditeurs s'y intéresseront peut-être. Mais ca signifie donc qu'un tri aura été effectué par les promoteurs de ce site. Ce qui revient à dire qu'il faut donc des éditeurs professionnels (qui savent percevoir le potentiel d'un texte) pour le faire.
Le net n'est pas magique.
Il est en de la bio de Loana comme des Boy's Band. Quelques secondes d'écoute ou quelques lignes de lecture me permettent de trier ^^
Décidément, tu veux pas comprendre. Entre le "c'est nul" et "c'est génial" y'a tout un monde. Et c'est ce qui se passe entre qui demande énormément de boulot. C'est cette proportion variable de textes inaboutis, mais avec un je ne sais quoi. Et je ne parle même pas de la masse très nombreuse de textes bien écrits mais qui n'ont rien d'intéressant.
Pour donner un exemple, il m'est arrivé une année d'avoir deux nouvelles d'étudiants, Une bien écrite, avec une bonne maîtrise narrative, des personnages mais un propos vide, et une autre complètement ratée, foutraque, mais où on sentait qu'il y avait quelqu'un aux commandes. Ben l'écrivain, il était dans la deuxième nouvelle, pas dans la première. Parce que les défauts du deuxième texte sont techniques, ça s'apprend avec l'expérience, alors que les défauts du premier sont plus profonds et quasiment irrattrapables. Il faut avoir une bonne expérience, pour savoir faire le tri, et ça se fait pas en quelques secondes de lectures.
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Lensman
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Message par Lensman » dim. mars 29, 2009 9:17 am

MF a écrit : J'ai écrit, et j'assume l'avoir fait, "il suffit de lire quelque lignes d'un texte illisible (sous-entedu impubilable) pour savoir qu'il l'est".
Oui, mais ça, mon camarade, c'est le début de l'esquisse du commencement du départ du tri. C'est ce que tu fais quand tu es devant une pile de manuscrits, tu vires d'abord les trucs qui ne sont pas écrits en français, dont la syntaxe est inexistante, etc.... Mais ce tri ne supprime qu'une partie des "impubliables". Il est effectivement très facile à faire.
Le travail sérieux commence après, sur ce qu'il reste et le reste, c'est encore beaucoup, même quand on a l'impression d'en avoir déjà éliminé vite fait.
Le problème du tri, qui me semble sans espoir sur le Net, est déjà un gros problème dans l'édition traditionnelle, avec ces piles de manuscrits problématiques que reçoivent les éditeurs. Mais c'est leur métier, ils gèrent ça. C'est un vrai travail, pénible, long, souvent très démoralisant.
Le nombre de trucs qui ont l'air de tenir debout sur des dizaines de pages, et qui, au bilan, s'avèrent n'importe quoi, ou pas tout à fait n'importe quoi, mais... (c'est le pire) est énorme (en proportion de ce qui est reçu), c'est ça le plus démoralisant, et c'est là que se fait le travail vraiment utile.
Ce travail, considérable pour un éditeur, est inenvisageable, à mon sens, pour un simple lecteur qui chercherait de la lecture pour son plaisir en consultant des textes sur le Net. Lui, et c'est heureux, passera par l'éditeur qui aura fait le boulot.
A vrai dire, je pense que le déferlement du Net va justement rendre le travail des éditeurs de plus en plus précieux, de plus en plus indispensable, et que leur choix sera très, très prisé.
Cela ne veut pas dire que les structures de l'édition ne vont pas être bouleversées (ça va être le cas, c'est en train d'être le cas), mais la notion d'éditeur (i.e. le prestataire qui va faire le choix dans le pool et vers lequel on va se tourner, en tant que lecteur, pour choisir nos lectures) va être confortée, je dirais même (comme les Dupondt), confortée..
C'est une évidence: plus le nombre de textes proposés est grand, plus l'expertise de l'éditeur est recherchée. Et laisse moi te dire que ce n'est pas à la portée de beaucoup de monde (compétence littéraire, mais aussi patience et endurance).
Alors, on va me rétorquer, en riant devant mes préventions de petit vieux: les éditeurs compétents, tels que tu les définis mon pauvre tonton (des gens doués qui font le tri pour toi, lecteur) vont se multiplier sur le Net.
C'est possible. Je suis personnellement extrêmement sceptique, mais c'est possible. On verra. Mais les discours préalables auront bien du mal à me convaincre (c'est d'ailleurs sans importance pour quiconque!), je ne m'inclinerai (si nécessaire) que devant les faits, dans quelques années (premier bilan à faire dans, disons, dix ans...).
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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » dim. mars 29, 2009 10:17 am

Lensman a écrit :Mais les discours préalables auront bien du mal à me convaincre (c'est d'ailleurs sans importance pour quiconque!), je ne m'inclinerai (si nécessaire) que devant les faits, dans quelques années (premier bilan à faire dans, disons, dix ans...).
Oncle Joe, je m'incline respectueusement devant ta sagesse proverbiale. Tu es désormais mon gourou.
Et je ne plaisante pas. Ton post est parfait.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
http://www.dunyach.fr/

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