Don Lorenjy a écrit :Sur le produit : est-ce que proposer au public du McDo, c'est pas bien, si le public aime ça ? En plus, je suis incapable de produire tout un repas MacDo dans ma petite cuisine.
Il est facile de produire un McDo. On peut même faire la recette chez soi. Et sans doute même qu'il sera meilleur.
Sur le discours autour du produit : est-ce que si MacDo dit que MacDo c'est la meilleure façon de bouffer, c'est mal, puisque le public a le choix de ne pas y croire ?
Certains disent qu'un gratin de courgette est délicieux, moi j'aime pas. Je vais pas dire que le gratin de courgette, c'est pour les imbéciles.
Le public a acheté un McDo, il en a gouté, il a donc eu le choix de décider si c'était bon ou pas, et d'en RACHETER un après ou pas.
Le discours publicitaire est une chose, le fait que le public persévère aussi.
Si les gens mangeaient chez McDo, en se plaignant que c'est mauvais, là ce serait pervers.
Ce n'est pas le cas.
Mais peut-être, si ces lectures aident à gommer tout sens critique, à se replier sur un monde confortable, et contribuent à désintéresser de ce qui demande un peu plus d'effort. Mais on aborde là des positions qui dépassent le cadre de la littérature.
Les gens qui choisissent McDo ne désirent pas forcément manger à la Tour d'Argent.
Les gens qui lisent ces auteurs veulent juste "un livre", ils ne désirent pas faire un concours de celui qui aura lu le livre le plus difficile. Ils n'ont pas envie de faire d'efforts, oui, mais s'ils n'ont pas envie de se faire fouetter et de souffrir, est-ce qu'ils ont fondamentalement tort ? (et en général, ceux qui ont envie de se faire fouetter, y prennent du plaisir)
Je revoyais récemment le film d'Ivory les "Vestiges du jour", avec ma scène favorite où le majordome ne peut empêcher la gouvernante de voir qu'il lit des romans à l'eau de rose. C'est son SEUL plaisir, et c'est son plaisir ENTIER. Au nom de quoi se moquer ? Parce qu'on lit Ulysse de Joyce ?
Oui, certains lecteurs ont des plaisirs simples, peu élevés aux yeux de l'élite, mais ils leur sont propres. Ils n'ont pas envie d'en faire une compétition, ils n'ont pas envie d'être respectables. Juste envie d'avoir des auteurs qui s'adressent à eux, qui sachent leur parler. Ce n'est pas Si évident que ça. Ils ne lisent pas pour l'avenir de la littérature, juste pour leur bien-être personnel.
Dans un monde idéal, je souhaiterais que le public s'intéresse vraiment à l'art moderne et contemporain plutôt qu'à ce McDo qu'est l'impressionnisme, mais le fait que le public aille avec ferveur au Musée d'Orsay ne me remplit d'aucune aigreur et d'aucune jalousie. Je préfère ça, à rien du tout.