Je reviens cinq minutes sur ce que dit Roland à propos de la Horde...
Roland C. Wagner a écrit :
Ah, oui, l'argument du livre « difficile » tant apprécié par les snobs et ceux qui branlent du chef…
S'il faut se donner de la peine, c'est qu'il y a un problème à la base.
(En plus, la muzak est naze.)
J'avoue que les bras m'en tombent. Pas tant à propos du livre en question, je comprends très bien qu'il puisse ne pas plaire, mais cette remarque générale, franchement, c'est ahurissant... On peut éprouver une satisfaction à peiner, justement : un livre peut demander quelque chose au lecteur, je ne sais pas, un... effort - bordel, et s'il y a des gens qui aiment ça ? S'il y a des gens qui aiment lutter pour finir
Ulysse de Joyce ou
Les reconnaissances de Gaddis (je cite les exemples qui me viennent spontanément à l'esprit) et qui en retirent satisfaction ? C'est la même chose pour la musique. Il y a, notamment dans le répertoire classique (mais pas seulement) des oeuvres qui requièrent de leur auditeur plus qu'une attention distraite. Un bon paquet, même. Je peux aussi parler du rock. La première fois que j'ai écouté
Loveless de My Bloody Valentine, je me souviens avoir pensé : qu'est-ce que c'est que ce machin informe ? Et puis j'ai fini par adorer : vraiment. Le fait est que
Loveless est un disque qui ne se donne pas comme ça, il réclame plusieurs écoutes, des pauses, etc. de même que certains bouquins ne se lisent pas en une fois : ils s'abandonnent, se reprennent, nécessitent des éclairages, ou d'autres lectures préalables. Je te rassure, je ne répugne pas à lire un bon polar premier degré de temps à autres, un truc simplement rigolo, voire complètement idiot, mais je ne vois pas en quoi un roman difficile à lire serait forcément un truc de branleurs germanopratins et surtout, je ne vois pas en quoi il y aurait un "problème". Cela dit, il y a plein d'auteurs et de livres garantis sans prise de tête dans les rayons actuellement - Marc Lévy et consorts. Mais à ce compte-là, mieux vaut regarder la télé amha : ça revient moins cher sur le long terme et on peut faire la vaisselle en même temps.
Au fait : je tiens
La Horde pour un des chefs-d'oeuvre français de ces dernières années, à cause de son ambition, de son courage même et de la vie qui l'habite, du vent qu'on sent souffler à chaque page et qui est le sujet du livre. Les réactions enthousiastes des lecteurs que j'ai pu glaner au gré de me pérégrinations ne me semblaient pas franchement participer d'un quelconque snobisme - en fait, il était surtout question de plaisir.
Fabrice