MF a écrit :Le_navire a écrit :Pas besoin de complot. Juste des méthodes répandues. Très, répandues. Pas de dictateurs paranos, hein ?
Les vrais pares sont infoutus de monter des complots solides. Seuls les mans le sont !
Mais sur les commerciaux de Laffont, t'en penses quoi ?
J'en pense rien vu que ça fait presque 20 ans que je n'ai plus suivi leur travail.
A l'époque, la Sf ne se vendait déjà pas vraiment bien au point que juste après mon départ, les nouveaux patrons de Robert - qui juste là était un indé ; à ce moment-là, c'était les Presses de la Cité - ont très sérieusement pensé à en finir avec A&D. Mais je ne sais pas s'ils se sont rendus compte de leur connerie ou si c'est Robert qui s'est battu pour la garder, faudrait demander à Dieu. Et puis après, il y a eu de belles réussites chez lui, alors...
De la même façon, cette vision purement comptable de l'édition qui date de cette période-là a failli fiche en l'air Pavillon, pourtant collection de prestige, parce que ce qui les intéressait, c'était la collection Best-Sellers d'Isabelle. J'ai vu Tina Hegemann, la directrice de Pavillon, manquer de s'arracher les cheveux plus d'une fois à cause du traitement infligé aux livres "pas vendeurs".
Comme tu vois, ce n'est pas nouveau, donc.
Aujourd'hui, je pourrais fâcher la moitié au moins de la profession en clamant haut et fort qu'ils ont les mêmes méthodes : bien sûr il y a des exceptions même dans des grosses boîtes mais on voit ça surtout au lancement des collections, après on voit l'effort se réduire sensiblement. Scripto, chez Galli a démarré à fond les ballons, aujourd'hui on parle d'un livre sur 10 en moyenne. Même l'excellente Wizz d'Albin Michel a réduit sa voilure.
En gros les éditeurs misent sur une collec, puis s'en désintéressent au principe qu'une fois établie, elle doit marcher toute seule. D'un point de vue purement comptable, c'est efficace : les livres sont lus par les prescripteurs et les grosses machines publiées en leur sein, dont on sait qu'on va pouvoir tirer bénéfice sont elles aussi bien mises en avant. Les autres passent par perte et profits, on s'en tape.
Du point de vue de la littérature, c'est fichtrement discutable.
Il y a encore des gens qui se battent (et je ne parle pas des directeurs de collec qui eux, se battent tous les jours) pour chaque titre comme des fous : je pense à la nouvelle équipe de chez Syros (pas Denis, je ne sais pas comment ça fonctionne pour lui, il pourra nous en parler lui-même) ou à la collec eXprim' chez Sarbacane, mais ils sont plus rares que les autres. Clairement.
En litgen, j'ai vu des bouquins sublimes d'auteurs (pourtant par ailleurs directeurs de collection) ne se faire défendre qu'à travers le sempiternel service de presse à la con, et se retrouver, y compris dans les salons, planqués dans les rayonnages quand on pouvait trouver des piles de daubes qui débordaient sur les tables.
J'ai toujours piqué ma crise dans ces cas-là. Les daubes se vendant souvent toutes seules, le traitement qu'on leur accorde au regard des merveilles planquées est symptomatique d'une conception de la vie du livre qui n'est pas la mienne et qui me révolte.
Maintenant, comme d'hab, je fonce sur les moulins à vent, hein ? C'est ma nature.
S'il y a un Sancho Pança parmi vous, je recrute.