Du sense of wonder à la SF métaphysique

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GillesDumay
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Message par GillesDumay » mer. nov. 11, 2009 10:08 am

Lensman a écrit :Hélas, il est fort possible que tu aies raison (comme semble le montrer l'exemple de la pourtant très belle collection de Gilles). La question est de savoir si c'est irréversible, ou pas. A mon sens, il faut faire comme si ce n'était pas irréversible, et espérer que le phénomène s'inversera. Et pour cela, il faut tout faire pour essayer de maintenir des collections.
Maintenir les collections n'est pas un problème ; d'ailleurs Lunes d'encre ne s'arrête pas (2010 c'est bon, c'est sur les rails) ; le problème c'est ce qu'on va être économiquement capable de mettre dans lesdites collections.

Comprenez bien (et si je dis une connerie, Olivier Girard me reprendra) que la mise en place d'Océanique de Greg Egan n'est pas suffisante pour payer l'impression, la traduction, les droits, la couverture, les corrections, etc. Alors qu'Olivier Girard est tout seul, qu'il a des frais de structures très réduits ET que les résultats des deux précédents recueil de Greg Egan sont bons. Le Bélial' c'est de la small press, il décide seul, il finance seul et il choisit les risques qu'il accepte de prendre... ou pas. Si la pente reste la même, à un moment il n'acceptera plus de prendre de tels risques.

La façon dont les livres sont commercialisés en France change (surproduction, nouvelles méthodes de consommation), la mise en place qui était la première étape de la "contrainte budgétaire" (du genre si j'en mets 3500 en place, normalement je passe puisque le taux de retour moyen de la collection est de XX%) ces mises en place ne suffisent plus en SF à présenter un budget crédible, il faut donc miser sur des mises en place + réassorts. Ce qui est impossible puisque (dans mon cas) le taux de retour a augmenté fortement ces deux dernières années.
(Là, en octobre, il est reparti à la baisse grâce à, dans l'ordre, Retour sur l'horizon, Spin (!), Axis. Et l'opé commerciale des dix ans. Mais les opés sont génératrices de retours et donc en janvier on devrait sauf miracle être revenu au taux précédent.)

GD

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 10:59 am

On s'éloigne un peu des débats passionnés mais théoriques et éthérés (si j'ose écrire) sur SF et métaphysique, mais le monde physique, tout court, est têtu, comme le fait remarquer Gilles...
Gilles, est-ce que ces problèmes commencent à inquiéter les agents quand à leurs tarifs (si les éditeurs français n'arrivent plus à payer), ou bien est-ce qu'il trouvent tout de même à caser leurs livres, à des tarifs suffisamment élevés? Et si c'est le cas, est-ce que ça va durer? En toute logique, leur marché devrait se rétrécir, si les clients ne peuvent plus payer... à moins que les collections de littérature générale ne se ruent (et se ruent durablement) sur les bouquins de SF anglo-saxons, au quel cas, effectivement, ce serait l'invasion du monde littéraire normal par la SF au-delà des espoirs de Lem!!! Je voudrais bien, mais c'est que je ne crois pas du tout...
Oncle Joe
PS: le % consacré aux droits est-il important, dans le budget général?
rePS: comme on sait, ces problèmes sont moins importants quand aux auteurs français (pas de trado...). Il n'y a donc toujours pas assez des bons manuscrits de SF... et de lecteurs de SF pour les acheter quand ils sont publiés? Ou sont les Baxter français? les Banks français? les Watts français? les R.C. Wilson français?
Et les Egan français? (il ne se vendrait pas, celui-là, comme l'autre, mais il ne coûterait rien à traduire).

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mer. nov. 11, 2009 3:00 pm

Je ne pense pas que séduire le public de la littérature générale soit une solution pour sauver la SF. En effet dans ce cas la majorité de ce que publierait le genre serait des transfictions ou des oeuvre borderline. La SF coeur de cible finirait par s'éloigner.

1 - Il existe par contre un public intéressé par une SF médiatique (manga, anime, jeux vidéos, cinéma). Il faudrait réfléchir à comment faire lire ce public et lui proposer des oeuvres susceptibles de l'intéresser. Ou même mieux comment créer une collection susceptibles de plaire à de vieux routiers et des ados venus de la SF médiatique. En fantasy ce n'est pas un problème existentiel. On peut reprocher ce que l'on veut à Bragelonne mais au moins ils ont compris que la passerelle entre le monde médiatique et le monde littéraire était indispensable. Ce qui ne les empêche pas de publier à coté des oeuvres populaires des oeuvres plus ambitieuses. Ce qui est possible en fantasy devrait l'être en SF.
2- Jean Pierre Planque faisait remarquer dans sa série d'article dans Bifrost à quel point la SF populaire avait permis à toute une génération de jeune de s'intéresser au genre. Depuis la disparition de Fleuve Noir Anticipation, il n'y a plus guère de véritable collection populaire de mass market en France. Aux USA ils ont Baen, Roc et Ace. En Grande Bretagne ils ont créé dans les années 2000 Solaris puis maintenant Angry Robots pour publier une imaginaire populaire de qualité et Orbit existe depuis plusieurs décennies là bas. Bref il y a la un manque (une collection populaire de masse publiant uniquement des francophones) qu'il conviendrait de combler. Or je pense que pour qu'il existe une SF très ambitieuse il doit exister à l'autre extrémité du spectre une SF populaire. L'une ne pouvant exister sans l'autre.
3- il y a le problème de la distribution. Il n'y a plus guère de SF dans les Maisons de la Presse. Et aujourd'hui le poche est vendu massivement en supermarché ce qui ne favorise pas les littératures de l'imaginaire. En effet ce ne sont pas les ménagères qui achètent de la SF ou de la fantasy. La SF est une littérature de centre ville de villes grandes et moyennes comme je l'ai déjà dit. Quid des banlieues, des petites villes et des zones rurales. Et qu'on ne me dise pas : "ces gens là n'ont qu'à acheter par internet". Des études ont largement prouvé que pour acheter le lecteur aime le toucher, le feuilleter et que ce contact est en grande partie nécessaire.

Si on veut que la SF vende il faut :
- S'intéresser au public de la SF médiatique
- Publier une SF populaire de qualité indispensable pour revivifier une SF plus ambitieuse
- Distribuer sur l'ensemble dut territoire. Reconquérir les Maisons de la Presse et les petites librairies rurales et toutes les niches de distribution perdues.

On a reparlera après.
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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 3:59 pm

Dans la série: "la SF est dépassée", ceci, à verser à notre bêtisier spécial: "c'est pas de la SF, ce qu'on fait, nous c'est sérieux".

(bon, même si, en réalité, ça signale surtout une victoire paradoxale de l'esprit SF, si je comprends bien le résumé du livre)

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thomasday
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Message par thomasday » mer. nov. 11, 2009 4:23 pm

Fabien Lyraud a écrit :- Distribuer sur l'ensemble dut territoire. Reconquérir les Maisons de la Presse et les petites librairies rurales et toutes les niches de distribution perdues.
Quel intérêt ?

Ces points de vente sont condamnés à très courte échéance par l'arrivée du livre électronique et l'agonie de la presse écrite ET imprimée. Vous avez sans doute remarqué qu'on se dirige en presse écrite (très vite maintenant) vers une solution très proche de la "Licence Globale" ou la carte d'abonnement cinéma Gaumont/Pathé/UGC.

S'il y a un marché à investir (dans tous les sens du terme) c'est bien celui du livre électronique, ce qui nous ramène au problème "fondamental" qu'il pré-suppose : "comment on rémunère les auteurs ?".

(Joe, j'ai vu tes questions, j'essayerai d'y répondre un peu plus tard).

GD

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 4:25 pm

systar a écrit :Dans la série: "la SF est dépassée", ceci, à verser à notre bêtisier spécial: "c'est pas de la SF, ce qu'on fait, nous c'est sérieux".

(bon, même si, en réalité, ça signale surtout une victoire paradoxale de l'esprit SF, si je comprends bien le résumé du livre)
Aussi bien, en effet, l'essai est très intéressant (à voir).
Mais le "plus qu'une science-fiction" est un grand classique. Il trahit une vision qui, je crois, s'est définitivement imposée, et qu'il est inutile d'espérer surmonter (même si c'est toujours amusant de s'en moquer): la science-fiction, ce n'est pas de la science (bien sûr, ni de la métaphysique non plus, en passant), et ce n'est pas de la littérature (ou plus généralement de l'art) non plus. Ni l'un, ni l'autre: DONC ce n'est pas SERIEUX. Je pense aussi, que ce n'est vraiment ni l'un ni l'autre, mais par contre, la notion de sérieux (et sa façade ridicule, le respectable), je la laisse à la discussion, et de toute façon, elle m'importe peu comme critère.
Tenter de la rendre respectable, j'ai tendance à penser que c'est faire comme les chirurgiens qui tentent de donner une forme plus "humaine" à la Créature du Lac Noir, dans une des suites. La pauvre, horriblement déformées par le bistouri, se noie à la fin en essayant de retourner à son élément, l'eau.
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. nov. 11, 2009 4:35 pm

Fabien Lyraud a écrit :Je ne pense pas que séduire le public de la littérature générale soit une solution pour sauver la SF. En effet dans ce cas la majorité de ce que publierait le genre serait des transfictions ou des oeuvre borderline.
Repartons de là, si vous voulez bien. Sur ce fil, l'analyse des problèmes éditoriaux n'a de sens que si elle implique la question d'origine. Qui plus est, il y a un biais dans la phrase de Fabien : le but ici n'est pas de sauver la SF mais de la comprendre (un peu) mieux. Je reformule :

Dans l'hypothèse où l'avenir éditorial de la sf en France passerait moins par les collections dédiées que par la publication de livres sans étiquette, l'affadissement est-il inévitable ?

Si j'emploie ce mot – affadissement –, c'est qu'il me semble s'inscrire en filigranne sous les termes "transfictions" et "œuvres borderline" et bien résumer les craintes d'Oncle. L'absence du label signalerait des textes pour lesquels aucune culture préalable n'est requise, une sf généraliste qui réinventerait sans cesse l'eau chaude et/ou renoncerait (c'est ce que dit Erion plus haut) à imposer son esthétique propre pour se soumettre aux jugements critiques de la littérature.

Je peux évidemment comprendre cette crainte mais je ne l'ai pas. Pour traiter (effleurer) le dernier point en premier, on peut parler de la nouvelle de Calvo. Je sais que certains très grands lecteurs de sf l'ont trouvée, tout simplement, "nulle" (entendez : "une histoire d'insectes qui conquièrent le monde ? Tu parles d'une idée originale !") Mais l'innovation thématique est-elle le seul, l'unique, le décisif critère de la science-fiction ? D'autres lecteurs tout aussi grands (Oncle par exemple) ont aimé l'état dans lequel cette nouvelle les plongeait sans rien lui demander de plus. Ils se sont soumis à sa poétique – ce qui est précisément la forme-type des jugements en littérature : est-ce que ce texte marche comme texte ? Il peut donc y avoir des convergences entre l'œil ultraspécialisé d'Oncle et la grille de lecture d'un critique comme celui du Massacre. La condition requise, c'est d'approcher les œuvres non comme récapitulation d'un genre mais comme projet d'auteur. Dans ces cas-là, la présence du label n'est pas décisive, elle peut même constituer un obstacle à la lecture.

Le cas inverse peut-il se produire ? On peut penser ce qu'on veut de Dantec (ou pour prendre un nom moins polémtique, Gibson) mais Cosmos Inc. et Identification des schémas, c'est de la sf pur genre. C'est tout ce qu'on veut sauf fade et on trouverait naturel que ces livres sortent en collection dédiée. Pourtant, ils sont lus hors label. Les idées, la spéculation, le vocabulaire techno ne posent pas de problèmes parce qu'ils ne sont pas perçus comme la mise en œuvre d'une "charte" générique mais projet d'auteur.

Qu'en conclure ? Au minimum : que la sortie des collections dédiées ne conduit pas mécaniquement à une sf grand public tiède et fade – mais qu'elle rend presque obligatoire une politique d'auteurs. Et quoi de plus normal au fond ? Ce sont les auteurs qui écrivent. Pas "la sf".

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 4:49 pm

Pour tout dire, le texte de Calvo a marché pour moi parce que j'y ai projeté le souvenir de mes lectures de vieilles BD d'horreur (je crois que tu as fait, au moins partiellement; la même chose). Marche-t-il en tant que texte? comme ça, dans l'absolu? Certainement pas (j'ai failli dire que la question n'a pas de sens, mai à tout prendre, je veux faire semblant de le croire, et je réponds: certainement pas).
Tu sais, on n'est pas tous que des brutes. Des fois, on apprécie des textes qui ne sont pas vraiment de la SF, mais évoquent vaguement des trucs SF. Des fois même, des textes qui ne font pas du tout penser à la SF. En plus, dans le cadre d'une anthologie, avec des tas de textes courts et variés, ma foi, on se laisse séduire. Mais bon, c'est comme à un Alsacien auquel tu fais manger de la cuisine moderne. Il va d'abord trouver ça sympa, car il croit que ce sont les amuse gueules. Mais après, il faudra passer aux choses sérieuses.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le mer. nov. 11, 2009 4:51 pm, modifié 1 fois.

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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 4:50 pm

Lem a écrit : Dantec (ou pour prendre un nom moins polémtique, Gibson) mais Cosmos Inc. et Identification des schémas, c'est de la sf pur genre.
Pour Dantec: à croiser avec le fait qu'il bénéficie encore, parfois, de son étiquetage "polar".
D'ailleurs:
- son prochain, et dernier chez Albin Michel, "Métacortex", ressemble, par son pitch à du polar type Villa Vortex (avec anticipation à court terme, qui est chez Dantec la forme littéraire de la description du monde présent). Dont on se souvient que la partie polar avait été appréciée, mais pas la partie "SF" de la fin (il est vrai, passablement curieuse)
- il change d'éditeur, il va chez Payot, éditeur dont il estime qu'il est plus proche de son identité littéraire (polar, donc), qu'Albin en littérature générale.

Mais oui, chez Dantec, tout donne le sentiment qu'il continuera d'être lu par ceux qui l'aiment, quel que soit le genre choisi (polar, SF), et quelle que soit la collection choisie.

Lem

Message par Lem » mer. nov. 11, 2009 4:55 pm

Lensman à propos de Calvo a écrit :j'y ai projeté le souvenir de mes lectures de vieilles BD d'horreur (…). Marche-t-il en tant que texte? comme ça, dans l'absolu? Certainement pas
le Massacre à propos du même a écrit :David Calvo livre une petite merveille en racontant, avec une sensibilité de l'imaginaire – et Lehman a raison de souligner que ce texte, bien que pas SF, ne pourrait avoir sa place qu'ici – une histoire atrocement banale (ça pourrait s'appeler : "Des Moustiques et des Hommes"). Ce qui détonne, c'est que le sujet est intensément régressif, contrastant rigoureusement avec la maturité et la beauté de l'écriture.

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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 4:55 pm

Dantec a trouvé son public, et c'est bien pour lui.
Au tout début, j'ai cru y voir un écrivain de SF, mais en fin de compte, il avait autre chose à faire (avec des morceaux de SF dedans, comme dans certains yaourts). Mais au fond, je m'en fous un peu maintenant. Quel intérêt pour moi (je parle pour moi)? aucun. N'importe quel Baxter, même médiocre, m'intéresse mile fois plus.
Oncle Joe

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Message par Fabien Lyraud » mer. nov. 11, 2009 4:58 pm

thomasday a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :- Distribuer sur l'ensemble dut territoire. Reconquérir les Maisons de la Presse et les petites librairies rurales et toutes les niches de distribution perdues.
Quel intérêt ?

Ces points de vente sont condamnés à très courte échéance par l'arrivée du livre électronique et l'agonie de la presse écrite ET imprimée. Vous avez sans doute remarqué qu'on se dirige en presse écrite (très vite maintenant) vers une solution très proche de la "Licence Globale" ou la carte d'abonnement cinéma Gaumont/Pathé/UGC.

S'il y a un marché à investir (dans tous les sens du terme) c'est bien celui du livre électronique, ce qui nous ramène au problème "fondamental" qu'il pré-suppose : "comment on rémunère les auteurs ?".

(Joe, j'ai vu tes questions, j'essayerai d'y répondre un peu plus tard).

GD
Oui mais le livre électronique sera pendant pas mal de temps réservé à une petite élite. Et le public dont je parle n'est sans doute pas un public fortuné. Et le livre électronique ne sera pas une déferlante. Ce qui s'est passé pour la musique ou la vidéo ne se reproduira pas à une telle ampleur. Tout simplement parce que lire grâce à une liseuse n'a pas le même sens que lire un livre papier. Tandis qu'écouter un CD et écouter des fichiers MP3 même si les supports sont différents les actes se déroulent de manières similaires. Donc le livre papier a encore de beaux jours devant lui et le livre électronique sera un complément. Le livre électronique envahira le champ de l'essai et des oeuvres expérimentales mais le roman sera encore longtemps majoritairement du livre papier.
Par contre je crois au modèle de l'impression à la demande. Et finalement à celui de l'éditeur devenant son propre imprimeur.

Tes propos sont édifiant là. Tu fais preuve de mépris pour le public populaire. Parce que ce public populaire c'est lui qui fréquente les petites librairies rurales, les maisons de la presse. Et c'est sans doute celui qui, aura accès le plus tard à la technologie des liseuses. Les travailleurs pauvres achéteront encore longtemps du livre papier et fréquenteront encore plus les bibliothèques. Donc je ne crois pas que ce soit une bonne stratégie. Pas étonnant que les ventes de SF régressent si une partie du public est ce point méprisé par le monde éditorial. Dans les années 80 beaucoup de jeunes ont découvert la SF par FNA, J'ai lu SF, Pocket SF ou PDF et ce dans des maisons de la presse dans des petites villes où aujourd'hui tu ne trouves plus un seul livre de SF. Il y a quand même un vrai problème là.
Modifié en dernier par Fabien Lyraud le mer. nov. 11, 2009 5:06 pm, modifié 1 fois.
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 5:01 pm

Lem a écrit :
Lensman à propos de Calvo a écrit :j'y ai projeté le souvenir de mes lectures de vieilles BD d'horreur (…). Marche-t-il en tant que texte? comme ça, dans l'absolu? Certainement pas
le Massacre à propos du même a écrit :David Calvo livre une petite merveille en racontant, avec une sensibilité de l'imaginaire – et Lehman a raison de souligner que ce texte, bien que pas SF, ne pourrait avoir sa place qu'ici – une histoire atrocement banale (ça pourrait s'appeler : "Des Moustiques et des Hommes"). Ce qui détonne, c'est que le sujet est intensément régressif, contrastant rigoureusement avec la maturité et la beauté de l'écriture.
J'ai donné la raison pour laquelle il m'a plus. Ma foi, j'ignore totalement si ce texte peut être apprécié par des gens qui ne lisent pas de SF, et il peut aussi ne pas être apprécié par des gens qui aiment la SF.
Que veux tu dire ?
Oncle Joe

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Message par Roland C. Wagner » mer. nov. 11, 2009 5:01 pm

Lem a écrit :Dans l'hypothèse où l'avenir éditorial de la sf en France passerait moins par les collections dédiées que par la publication de livres sans étiquette, l'affadissement est-il inévitable ?

[…]

Mais l'innovation thématique est-elle le seul, l'unique, le décisif critère de la science-fiction ?
:roll:
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 5:03 pm

Lensman a écrit : la science-fiction, ce n'est pas de la science (bien sûr, ni de la métaphysique non plus, en passant), et ce n'est pas de la littérature (ou plus généralement de l'art) non plus.
je reviens sur cette histoire de métaphysique.
Parce qu'en fait le problème posé par l'hypothèse de Serge va dans les deux sens:
- de la part des lecteurs de SF: en quoi ton hypothèse "la métaphysique dans la SF" apporte-t-elle qqch à la compréhension de la SF?
- courant octobre, quasiment avant la parution de l'anthologie, je discute de cette préface (dont je connaissais le contenu depuis mai) avec un collègue et ami philosophe, et il m'a répondu illico: "ah mais alors ce que ton pote [ = Lehman] devra expliquer, c'est ce que la SF aurait apporté à la métaphysique, alors", ce qui n'est pas une critique, mais le déroulé logique induit par ce "pont" que Serge tente de tisser.

Et là, il y a plusieurs choses à dire.
La philo commence à prendre en charge la théorie littéraire d'une manière massive. Ces derniers temps, dans notre "milieu" philo, la mode est à l'investigation philosophique des textes littéraires. JF Marquet (Miroirs de l'identité), JL Chrétien (Conscience et roman - La conscience au grand jour), M. Zarader (La patience de Némésis), R. Brague (Image vagabonde) et d'autres (je n'ai cité que les français, mais il y en a plein d'autres, voir le diptyque de Jameson, chez Max Milo), proposent des choses passionnantes en ce sens. Il y a des philosophes qui ne lisent pas de romans, ne vont jamais au cinéma, etc. Mais c'est en train de changer.
Peut-être que, dès lors, la philo (comme milieu institutionnel) viendra à la SF naturellement, dans le sillage de sa venue à la littérature (et au cinéma).

En l'état, SF et philo se perçoivent l'un l'autre un peu comme les personnages du roman de Chateaureynaud perçoivent l' "autre rive": un endroit mystérieux d'où nous parviennent sporadiquement des choses (centaures, pluies de crapauds, etc.) dont, depuis notre propre rive, notre propre univers de pensée, nous ne savons que faire.
La métaphysique, c'est le centaure de la SF.
La SF, c'est la pluie de crapauds de la philosophie.

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