Du sense of wonder à la SF métaphysique

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thomasday
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Message par thomasday » mer. nov. 11, 2009 6:19 pm

Lem a écrit :Je n'ai pas le temps aujourd'hui – et j'aimerais ramener le fil dans le droit chemin.( La discussion sur les liseuses doit vraiment avoir lieu ici ?)
Sorry.
J'ouvre un fil pas loin "Edition de SF & Révolution numérique" pour répondre à Joe.

GD

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Aldaran
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Message par Aldaran » mer. nov. 11, 2009 6:26 pm

/HS
Fabien Lyraud a écrit :Sinon entre un lecteur mp3 et un lecteur CD les conditions d'écoute de la musique sont les mêmes.
Clairement : non.
Le MP3 est pourri. Mais gratos. Donc, on choisit le MP3. Aucune comparaison possible entre l'audio et le MP3 si ce n'est que le second ne coûte rien. Pourvu que le livre ne suive pas le même chemin...
/HS

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 6:43 pm

Lem a écrit : L'avantage d'avoir longuement dévié ces dernières pages, c'est qu'on a écarté/résolu un certain nombre de questions subsidiaires sur lesquelles on n'a pas besoin de revenir : la sf comme vécu collectif n'a rien à craindre : elle continuera d'être ce qu'en font ses animateurs. Les collections dédiées vont sans doute se recentrer sur les activités listées par Gilles : patrimoine, expérimentation et sf hardcore mais elles ne seront plus des fins en soi (il ne sera sans doute plus possible d'y faire toute une carrière). Donc, il y aura probablement brouillage des frontières à la marge (transfictions) et politique d'auteurs hors-label. Si menace sur le cœur du genre il doit y avoir, c'est là qu'elle se trouve : dans le risque d'une sf à l'eau tiède.

Reste à savoir ce dont l'eau tiède est l'antinomie. La préface de Retour m'a permis de mettre en forme une proposition que je fais depuis un certain temps déjà : le cœur du genre, c'est le sense of wonder. L'émerveillement, le vertige logique. Et cette émotion a quelque chose à voir avec la métaphysique (voir Systar à qui je répondrai plus tard.)
Teu teu, tu es un malin, Lem! Assez d'accord avec le premier paragraphe... mais pas le second.
Au cœur de la SF, il y a une force qui, justement (bon, il faut que relise avec soin le texte fondateur du vieux grand maître) n'est pas tellement au centre de la description de Maurice Renard: le futur. D'ailleurs (j'ai déjà dû le souligner ici), il n"y a pas de fictions de Renard (ou très, très peu, à vérifier) qui parlent du futur. Je continue à trouver ce jeu du futur très absent de nos débats, ce qui est très intriguant pour moi. La science ne révèle pas seulement les merveilles du monde (ton fameux émerveillement, qui on ne sait trop pourquoi veut prendre une forme métaphysique), elle agit sur le futur. La manipulation du futur (ou la manipulation par le futur, c'est la même chose, au fond), voilà LA clé de la SF.
Oncle Joe
PS: je préfère ce débat... les plans de carrière des auteurs, qu'est-ce que je m'en tape! Ou plutôt: qu'y puis-je? (à part acheter leurs livres, je sais...)
Modifié en dernier par Lensman le mer. nov. 11, 2009 6:45 pm, modifié 1 fois.

Herbefol
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Message par Herbefol » mer. nov. 11, 2009 6:45 pm

Je vais globalement dans le même sens que Gilles à propos du livre électronique.
Faut quand même pas perdre de vue que les générations à venir, et même ceux qui ont déjà 10-12 ans et n'ont pas vécu le 11 septembre, ont grandit dans un monde avec un internet haut-débit et des téléphones portables multi-fonctions comme s'il en pleuvait. Je ne pense pas que l'abandon du support papier leur sera difficile.

Et pour revenir vers Fabien et les liseuses. Le dernier modèle de chez Bookeen, le Cybook Opus est à 250 € (avec 1Go de stockage interne). Et on n'a pas encore les promos spécial Noël.
Perso je prend le pari qu'à Noël 2010 on aura des offres pour des liseuse (avec encre électronique) à 150 €.
Après tu peux continuer à renier toutes ces prévisions parce qu'elles te déplaisent, mais faudra pas te plaindre une fois que le bateau aura coulé.

Et perso je suis en train de résister à la tentation de m'offrir une liseuse, mais c'est de plus en plus difficile. :P
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 6:48 pm

Herbefol a écrit :Je vais globalement dans le même sens que Gilles à propos du livre électronique.
Faut quand même pas perdre de vue que les générations à venir, et même ceux qui ont déjà 10-12 ans et n'ont pas vécu le 11 septembre, ont grandit dans un monde avec un internet haut-débit et des téléphones portables multi-fonctions comme s'il en pleuvait. Je ne pense pas que l'abandon du support papier leur sera difficile.

Et pour revenir vers Fabien et les liseuses. Le dernier modèle de chez Bookeen, le Cybook Opus est à 250 € (avec 1Go de stockage interne). Et on n'a pas encore les promos spécial Noël.
Perso je prend le pari qu'à Noël 2010 on aura des offres pour des liseuse (avec encre électronique) à 150 €.
Après tu peux continuer à renier toutes ces prévisions parce qu'elles te déplaisent, mais faudra pas te plaindre une fois que le bateau aura coulé.

Et perso je suis en train de résister à la tentation de m'offrir une liseuse, mais c'est de plus en plus difficile. :P
Les amis, Gilles a lancé un fil plus spécifique sur l'édition numérique:
http://www.actusf.com/forum/viewtopic.php?t=8175
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systar
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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 6:56 pm

Lensman a écrit :
Lem a écrit : L'avantage d'avoir longuement dévié ces dernières pages, c'est qu'on a écarté/résolu un certain nombre de questions subsidiaires sur lesquelles on n'a pas besoin de revenir : la sf comme vécu collectif n'a rien à craindre : elle continuera d'être ce qu'en font ses animateurs. Les collections dédiées vont sans doute se recentrer sur les activités listées par Gilles : patrimoine, expérimentation et sf hardcore mais elles ne seront plus des fins en soi (il ne sera sans doute plus possible d'y faire toute une carrière). Donc, il y aura probablement brouillage des frontières à la marge (transfictions) et politique d'auteurs hors-label. Si menace sur le cœur du genre il doit y avoir, c'est là qu'elle se trouve : dans le risque d'une sf à l'eau tiède.

Reste à savoir ce dont l'eau tiède est l'antinomie. La préface de Retour m'a permis de mettre en forme une proposition que je fais depuis un certain temps déjà : le cœur du genre, c'est le sense of wonder. L'émerveillement, le vertige logique. Et cette émotion a quelque chose à voir avec la métaphysique (voir Systar à qui je répondrai plus tard.)
Teu teu, tu es un malin, Lem! Assez d'accord avec le premier paragraphe... mais pas le second.
Au cœur de la SF, il y a une force qui, justement (bon, il faut que relise avec soin le texte fondateur du vieux grand maître) n'est pas tellement au centre de la description de Maurice Renard: le futur. D'ailleurs (j'ai déjà dû le souligner ici), il n"y a pas de fictions de Renard (ou très, très peu, à vérifier) qui parlent du futur. Je continue à trouver ce jeu du futur très absent de nos débats, ce qui est très intriguant pour moi. La science ne révèle pas seulement les merveilles du monde (ton fameux émerveillement, qui on ne sait trop pourquoi veut prendre une forme métaphysique), elle agit sur le futur. La manipulation du futur (ou la manipulation par le futur, c'est la même chose, au fond), voilà LA clé de la SF.
Oncle Joe
PS: je préfère ce débat... les plans de carrière des auteurs, qu'est-ce que je m'en tape! Ou plutôt: qu'y puis-je? (à part acheter leurs livres, je sais...)
A titre personnel, ton expression "jeu du futur" ou "manipulation du futur", avec double génitif, m'intéresse beaucoup.
Il faut voir si tous ceux qui participent au débat valident cela, à titre préliminaire, comme "clé de la SF", et si du coup on discute sur "jeu" et "manipulation".
Et si, par jeu, tu veux juste qu'on parle de l'aspect "récréatif", distrayant, ou si on pousse plus loin la notion (qui a toujours rapport à la "règle"...)
Mais quelque chose me dit que le "jeu" de la SF a tout à voir avec le vertige logique de Lem...

Lem

Message par Lem » mer. nov. 11, 2009 7:19 pm

les plans de carrière des auteurs
Politique d'auteur ne signifie pas plan de carrière. Ça veut dire qu'on se pose la question de l'œuvre en tant qu'œuvre avant de se demander ce qu'elle apporte au genre. Parfois, les deux questions se recoupent, voire se confondent. Parfois non. Mais c'est (peut-être provisoirement) un autre débat.
Au cœur de la SF, il y a une force qui (…) n'est pas tellement au centre de la description de Maurice Renard: le futur.
Je pense comme Systar que c'est l'une des questions-clés. En particulier parce que la SF hors-label ne produit que très rarement des textes convaincants sur le sujet. Il pourrait y avoir là une limite, effectivement.
Je vais moi aussi relire l'édito fondateur de Gernsback pour voir si la nuance est déjà importante à ses yeux. En attendant, je voudrais que tu me dises (et c'est une vraie question, pas du tout un piège ni un défi) en quoi le futur, le fait de spéculer sur lui, d'y situer une histoire, etc., participe du sense of wonder. Pourquoi est-ce une source d'émerveillement ?
Modifié en dernier par Lem le mer. nov. 11, 2009 7:24 pm, modifié 1 fois.

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mer. nov. 11, 2009 7:23 pm

Jean-Claude Dunyach a écrit :
Lensman a écrit :Avec la collection spécialisée, tu peux publier quelqu'un d'inconnu, et un partie importante des amateurs va essayer de le lire, parce qu'il est dans une collection de SF. Le genre avance, les lecteurs comparent.
Non, Joe, désolé.
L'époque où les "amateurs" essayaient de lire un inconnu publié dans une collection SF est terminée. Ou alors, "les amateurs" c'est 400 personnes. Donc un nombre très en dessous du seuil de rentabilité de beaucoup de collections - en particulier lorsque l'auteur inconnu a dû être traduit. Voir le post de Dumay sur le sujet.
Il faut cesser de croire que les amateurs de SF sont une population curieuse, ouverte aux expériences, prête à prendre des risques pour explorer ou soutenir le genre. C'est faux, malheureusement. Et je le regrette.
Voilà qui ne correspond pas du tout à mon expérience.
Georges Panchard, pour prendre un exemple, était pratiquement inconnu, il avait publié quelques nouvelles et aucun roman.
Forteresse frise les quatre mille exemplaires (pas 400)vendus nets de retour dans A&D et ne démarre pas si mal au Livre de Poche. Il n'y a pas de quoi commander le champagne mais par les temps qui courent, c'est encourageant.

Évidemment, il ne faut pas publier n'importe quoi.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 7:31 pm

systar a écrit :
A titre personnel, ton expression "jeu du futur" ou "manipulation du futur", avec double génitif, m'intéresse beaucoup.
Il faut voir si tous ceux qui participent au débat valident cela, à titre préliminaire, comme "clé de la SF", et si du coup on discute sur "jeu" et "manipulation".
Et si, par jeu, tu veux juste qu'on parle de l'aspect "récréatif", distrayant, ou si on pousse plus loin la notion (qui a toujours rapport à la "règle"...)
Mais quelque chose me dit que le "jeu" de la SF a tout à voir avec le vertige logique de Lem...
Bien évidemment que ça a à voir avec le vertige logique de Lem! Tout de même, on a lu les même BD ringardes avant toi!
Lem semble s'être placé dans la compréhension la plus vaste de la SF, celle de la "conjecture romanesque rationnelle" de Versins: toutes les conjectures "logiques", l'émerveillement né du résultat (fictif) de (ou du simple fait d'envisager) ces conjectures (ce n'est pas seulement cela que doit vouloir dire Lem, mais bon, pour le moment je préfère faire l'imbécile).
Or, bien que moi-même passionné par ce colossal corpus, je considère qu'en son sein, la science-fiction, sous sa forme "structurée", est une singularité qui a une autonomie forte. Un des "jeux", et à mon sens LE jeu fondamental de la SF, est celui du rapport au futur. Il n'y a pas d'absolu dans le monde, tout change tout le temps. C'est inquiétant et intéressant aussi. A quelle sauce va-t-on être mangé, mais aussi, peut-on influer sur la recette? La SF donne plein de réponses, toutes différentes et de préférence contradictoires, à cette (à ces, plutôt) grande devinette.
Je l'ai déjà dit, une grande partie du rejet de la SF par tout un public et la grande majorité de la culture "dominante", vient de là: c'est un jeu qui fait trop peur (car on doit de toute façon y participer de force, alors...) et ça ne fait que rarement des œuvres "immortelles" (Transu a répondu "et 1984"?, je me demande s'il a bien compris la question que je posais: je n'attendais pas un catalogue hélas rikiki de chefs-d'œuvre péniblement réunis, ou plutôt: disons que la liste rikiki aura tendance à montrer que la SF n'est pas vraiment de la "grande" littérature... ce qui ne me dérange pas).
Lem propose d'aller vers le monde de la "grande" littérature. C'est antinomique à la SF, la SF doit accepter le caractère "démodable" de ce qu'elle fait. C'est dur, pour les grands créateurs avides d'absolu, mais c'est comme ça.
Oncle Joe
PS: une chose que je tiens à préciser. Souvent dans les débats, on voit un participant, généralement un garçon ou une fille par ailleurs sympa et spirituel, qui dit: "Ah mais, qu'importe que ce soit de la SF ou pas, ce qui compte, c'est que ce soit un bon texte!" Eh bien, c'est terrible: j'ai une affection profonde pour beaucoup de SF ringarde. J'aime le genre, et pas seulement la collection des "grands" écrivains du genre. C'est comme ça que je ressens les choses (ce qui ne m'empêche pas de rigoler des daubes, comme tout le monde), et parfois je suis décontenancé de voir que ma vision affectueuse du genre n'est pas partagée par tous. Alors, je souffre...

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mer. nov. 11, 2009 7:36 pm

systar a écrit :
Lensman a écrit : la science-fiction, ce n'est pas de la science (bien sûr, ni de la métaphysique non plus, en passant), et ce n'est pas de la littérature (ou plus généralement de l'art) non plus.
je reviens sur cette histoire de métaphysique.
Parce qu'en fait le problème posé par l'hypothèse de Serge va dans les deux sens:
- de la part des lecteurs de SF: en quoi ton hypothèse "la métaphysique dans la SF" apporte-t-elle qqch à la compréhension de la SF?
- courant octobre, quasiment avant la parution de l'anthologie, je discute de cette préface (dont je connaissais le contenu depuis mai) avec un collègue et ami philosophe, et il m'a répondu illico: "ah mais alors ce que ton pote [ = Lehman] devra expliquer, c'est ce que la SF aurait apporté à la métaphysique, alors", ce qui n'est pas une critique, mais le déroulé logique induit par ce "pont" que Serge tente de tisser.

Et là, il y a plusieurs choses à dire.
La philo commence à prendre en charge la théorie littéraire d'une manière massive. Ces derniers temps, dans notre "milieu" philo, la mode est à l'investigation philosophique des textes littéraires. JF Marquet (Miroirs de l'identité), JL Chrétien (Conscience et roman - La conscience au grand jour), M. Zarader (La patience de Némésis), R. Brague (Image vagabonde) et d'autres (je n'ai cité que les français, mais il y en a plein d'autres, voir le diptyque de Jameson, chez Max Milo), proposent des choses passionnantes en ce sens. Il y a des philosophes qui ne lisent pas de romans, ne vont jamais au cinéma, etc. Mais c'est en train de changer.
Peut-être que, dès lors, la philo (comme milieu institutionnel) viendra à la SF naturellement, dans le sillage de sa venue à la littérature (et au cinéma).

En l'état, SF et philo se perçoivent l'un l'autre un peu comme les personnages du roman de Chateaureynaud perçoivent l' "autre rive": un endroit mystérieux d'où nous parviennent sporadiquement des choses (centaures, pluies de crapauds, etc.) dont, depuis notre propre rive, notre propre univers de pensée, nous ne savons que faire.
La métaphysique, c'est le centaure de la SF.
La SF, c'est la pluie de crapauds de la philosophie.
Ahem… Il y a toujours eu un côté nécrophage chez les philosophes à mon avis. Jusqu'ici, ils se bouffaient surtout entre eux. Mais apparemment, la veine étant sans doute épuisée, ils vont chercher ailleurs.
Modifié en dernier par Gérard Klein le mer. nov. 11, 2009 7:52 pm, modifié 1 fois.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mer. nov. 11, 2009 7:38 pm

Il existe de grandes oeuvres de SF. Dune de Frank Herbert, Fondation d'Asimov, la majorité des ouvrages de Le Guin ou de Vance. Curieusement tous des ouvrages qui ont une approche plus anthropologique que métaphysique. Comme je le dis dans l'article de mon blog cité en lien précédemment, les auteurs français qui ont les meilleurs ventes (Bordage, Wagner, Genefort) sont ceux qui pratique cette SF à dominante anthropologique. La SF dérange les biens pensant parce qu'elle parle de l'altérité et surtout réactualise ce vers de Rimbaud : "je est un autre".
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com

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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 7:41 pm

Gérard Klein a écrit :
Ahem… Il y a toujours eu un côté nécrophage chez les philosophes à mon avis. Jusqu'ici, ils se bouffaient surtout entre eux. Mais apparemment, la veine étant sans doute épuisé, ils vont chercher ailleurs.
Voilà, "au doigt mouillé", par manque d'inspiration, ils vampirisent, ou zombifient les autres.

Plus sérieusement: comme la chouette de Minerve ne peut prendre son envol qu'à la tombée du jour, oui, ils sont condamnés a priori à parler des morts. Les leurs, ou ceux des autres...
Modifié en dernier par systar le mer. nov. 11, 2009 7:52 pm, modifié 1 fois.

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Message par Lensman » mer. nov. 11, 2009 7:50 pm

Lem a écrit : En attendant, je voudrais que tu me dises (et c'est une vraie question, pas du tout un piège ni un défi) en quoi le futur, le fait de spéculer sur lui, d'y situer une histoire, etc., participe du sense of wonder. Pourquoi est-ce une source d'émerveillement ?
Hum... question très difficile, sur le coup, j'ai envie de dire que ce mot "émerveillement" finit lui aussi par poser problème, ne serait-ce déjà que parce qu'il contient trop de choses pour moi: par exemple, l'"émerveillement" esthétique quand je vois une image qui me frappe (genre gravure Hetzel, qd j'étais gosse ... et toujours aujourd'hui) et, autre exemple, pour rester dans les souvenirs de jeunesse, un "émerveillement" qui nait davantage de la réflexion ("tiens! les Marsiens sont tués par nos microbes... eux qui sont si puissants... que veut donc dire "puissance", dans l'échelle de la vie?")
Ces deux "émerveillements" sont-ils de même nature? Pas sûr du tout, mais un des intérêts de la SF est qu'ils s'y trouvent souvent mêlés.
Pour le futur, c'est souvent l'"émerveillement" de la "projection", de l'"extrapolation" qui me fascine: toujours le vieux Wells, cette idée d'un type qui possède la moitié de la planète, simplement parce que ses intérêts se sont accumulés en dormant... l'idée de "psychohistoire" dans "Fondation", type d'idée qui me frappe, aussi...
question très difficile, qui touche des aspects psychologiques bien complexes à cerner (je n'ai pas les outils, de toute façon).
Mais c'est plus "foisonnant" que le terme "sense of wonder", si commode mais trop simple, le laisse penser.
Oncle Joe
PS: Lem, chez Gernsback, l'idée d'action", le côté "volontarisite" (allez, on y va, même si ça casse!) est essentiel, je doute que cela le soit chez Renard, qui semble tout de même plus "subir" (et s'émerveiller en subissant). J'exagère, mais il y a quelque chose, là, qui les différencient fortement, l'Américain (rires) et le Français, deux mentalités différentes...

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Message par systar » mer. nov. 11, 2009 7:58 pm

Lensman a écrit :
Lem a écrit : En attendant, je voudrais que tu me dises (et c'est une vraie question, pas du tout un piège ni un défi) en quoi le futur, le fait de spéculer sur lui, d'y situer une histoire, etc., participe du sense of wonder. Pourquoi est-ce une source d'émerveillement ?
Hum... question très difficile, sur le coup, j'ai envie de dire que ce mot "émerveillement" finit lui aussi par poser problème, ne serait-ce déjà que parce qu'il contient trop de choses pour moi: par exemple, l'"émerveillement" esthétique quand je vois une image qui me frappe (genre gravure Hetzel, qd j'étais gosse ... et toujours aujourd'hui) et, autre exemple, pour rester dans les souvenirs de jeunesse, un "émerveillement" qui nait davantage de la réflexion ("tiens! les Marsiens sont tués par nos microbes... eux qui sont si puissants... que veut donc dire "puissance", dans l'échelle de la vie?")
Ces deux "émerveillements" sont-ils de même nature? Pas sûr du tout, mais un des intérêts de la SF est qu'ils s'y trouvent souvent mêlés.
Pour le futur, c'est souvent l'"émerveillement" de la "projection", de l'"extrapolation" qui me fascine: toujours le vieux Wells, cette idée d'un type qui possède la moitié de la planète, simplement parce que ses intérêts se sont accumulés en dormant... l'idée de "psychohistoire" dans "Fondation", type d'idée qui me frappe, aussi...
question très difficile, qui touche des aspects psychologiques bien complexes à cerner (je n'ai pas les outils, de toute façon).
Mais c'est plus "foisonnant" que le terme "sense of wonder", si commode mais trop simple, le laisse penser.
Oncle Joe
PS: Lem, chez Gernsback, l'idée d'action", le côté "volontarisite" (allez, on y va, même si ça casse!) est essentiel, je doute que cela le soit chez Renard, qui semble tout de même plus "subir" (et s'émerveiller en subissant). J'exagère, mais il y a quelque chose, là, qui les différencient fortement, l'Américain (rires) et le Français, deux mentalités différentes...
Je me suis demandé, parfois, si Serge n'avait pas trop homogénéisé, dans "La physique des métaphores" les vécus subjectifs, les ressentis, en disant que c'est la même émotion qui est ressentie à la lecture de SF "jouant sur le futur" (pour simplifier), et à la lecture de Kafka et de Borgès.
Question difficile à trancher.

Discussion entre philosophes amis:
"Là, je découvre des auteurs bien: Lehman, Beauverger, Damasio" [oui, je suis une crapule, je recommande ces auteurs-là]
- Ah, ouais, je connais pas. Mais tu préfères pas les trucs à la Borges? c'est quand même plus fort...
- Non. Borgès, ça manque un peu de chair. Je préfère quand y a tout un monde pour relayer les idées..."

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Pur jus…

Message par Gérard Klein » mer. nov. 11, 2009 7:59 pm

Certains aiment le lait, d'autres le vin, d'autres encore la bière et d'autres jus fermentés voire distillés.
Certains pensent que baptiser le tout "liquides" ou même carrément "lait" ferait boire plus d'Islay.

J'ai un doute…

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