Fabien Lyraud a écrit :Le problème du livre électronique c'est qu'il change le sens de l'acte de lecture. Le livre est jusqu'à présent un support lisible directement par un individu sans aucun moyen technologique. L'E-Book lui nécessite pour être lu un interface technique.
Hm, benoîtement, je pensais que le livre était le support technologique pour un TEXTE. Ce texte ne se présente pas de la même manière selon la qualité du papier, la typographie, etc. Quand on discute avec des éditeurs, on se rend bien compte qu'il y a énormément d'aspects techniques. Certains papiers trop blancs sont trop lumineux, par exemple, l'encre peut baver. Si on a la vue qui baisse, les caractères trop petits nécessitent une loupe.
Alors l'aspect "lisible directement sans aucun moyen technologique", je me permets de sourire. Avant, pour téléphoner, il fallait contacter une opératrice, puis tourner un cadran, et maintenant appuyer sur un écran. Que je sache, ça n'a pas fondamentalement changé le sens de l'acte de téléphoner.
La conséquence c'est que cela va entraîner une lecture superficielle et non une lecture immersive. Celle ci demandera plus de concentration et bien que l'écran utilisé soit dédié à cet effet il présentera les défauts des écrans : reflets, luminosité. Et cela provoquera une fatigue visuelle chez le lecteur.
Le papier très blanc de certains livres me fatigue les yeux. De même, quand le livre fait 800 pages, écrit petit, j'arrive pas à "m'immerger" dans la lecture.
Si tu veux dire que le succès de l'e-book viendra du constructeur qui créera l'objet le plus pratique, le plus agréable, alors oui, je suis d'accord. Mais les écrans s'améliorent très vite, et les interfaces aussi. Le marché des smartphones était faible, à l'exclusion des Blackberry. Quand l'iPhone a débarqué, parce qu'il était simple et ergonomique, l'utilisation du net par l'intermédiaire des téléphones a explosé.
En résumé, extrapoler à partir des objets actuels me paraît farfelu. Les objets que nous aurons dans 6 mois ou 1 an n'auront peut-être rien à voir. Et leur utilisation non plus.
De plus certains des objets qui vont servir d'interface (Nintendo DS, smartphone) représente le vite consommé. On aura donc une attitude de pure consommation de la part de certains lecteurs. Ce sera du vite consommé, vite oublié.
Oui oui, on peut souhaiter que les lecteurs ne consomment pas, c'est le mieux qu'on puisse espérer. Mon dieu, tu veux dire que les lecteurs se mettraient à acheter plein de livres qu'ils liraient en peu de temps, pour en acheter d'autres ? Mais quelle HORREUR ! Des gens qui lisent.
Un livre, ce n'est pas un objet sacré. Ce qu'en font les lecteurs, ça leur appartient. Ce que doivent faire les éditeurs, c'est les mettre à disposition. D'expérience, je peux t'assurer qu'on ne peut pas deviner ce qui va toucher ou ne pas toucher un lecteur. Il y aura des livres vite oubliés, d'autres qui laisseront des souvenirs impérissables, mais ça n'a rien à voir avec le fait d'être sur un écran ou d'être sur du papier. Ca dépend du texte, pas du support.