Lensman a écrit :Tu penses bien que, armé de ma bonne et mauvaise foi, je n'aurai aucun mal à répondre de manière parfaitement satisfaisante (pour moi) et que cela va évidemment apporter de l'eau à mon moulin.
J'anticipe, Oncle, pendant que tu fais des baisers au dragon.
Que vas-tu essayer de me dire à propos de AEVV ? Qu'il n'est nullement métaphysique ? Que le passage ci-dessus et tous les autres délires du non-A sont spéculatifs ? Que leur traitement sous forme physique/biologique/linguisitique les rationnalise et les distingue donc radicalement de toute acception barjo ? Autre chose encore que je n'imagine pas ?
Aucun problème.
C'est ce que je m'évertue à répéter depuis le début de ce fil, dès ma réponse au papier de Roland.
Aucun problème car ce n'est pas le problème.
Ce que je dis dans la préface (où, par ailleurs, je ne parle nullement des "auteurs qui vont rester"), c'est que
"la sf, avec son obsession pour le ciel, son intérêt pour les choses premières et dernières, ses spéculations sur la nature de l'espace et du temps et son panthéon d'entités géantes a été rejetée hors de la littérature comme de la science. On aurait pu lui pardonner ses néologismes et son goût pour la technique ; pas ses ambitions métaphysiques qui sont apparues comme une régression, l'arrière-garde de cette "éternelle adolescence de l'esprit humain" dont parle George Steiner."
Et dans le paragraphe suivant, je précise :
"Il a toujours paru évident [aux lecteurs et auteurs de sf] que les questions ultimes finiraient par être reposées en termes concrets : par la technique."
L'hypothèse de la préface, c'est que la sf a reçu sa réputation de
truc pour ado décérébrés parce que ses problématiques les plus excitantes, les plus vertigineuses, constituaient un traitement physique, voire technologique, des problèmes métaphysiques (réification). Le rejet/déni a été produit sans qu'un coup d'œil soit jeté à l'éventuelle rationnalisation de ces problématiques – à la seule lecture de l'énoncé pourrait-on dire : quoi ? En plein XXème siècle, une littérature qui s'occupe d'immortels, d'origine de l'espace-temps, de surhommes, etc. Ridicule !
Et si j'ai affecté à ce facteur de déni/rejet le statut de variable cachée, c'est que pour nous, qui sommes
dans la sf, la rationalisation des thèmes nous semblait tellement évidente que nous n'avons pas perçu à quel point elle ne l'était pas pour les lecteurs du dehors. Il n'y a qu'à voir avec quel soin nous nous sommes toujours distingués des hétéroclites en répétant : ceci n'a rien à voir avec la sf. Pour des tas de gens, ça a tout à voir, c'est la même chose. Ce n'est peut-être pas très agréable à entendre, mais je crois que le fait est.