Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 5:40 pm

systar a écrit :
Lensman a écrit :
systar a écrit :
Le choix méthodologique qu'on fait sur ce point délimitera le corpus pertinent pour une réflexion sur le genre SF, et pour écrire son histoire.
La, ça va être chaud...
Oncle Joe
Moi, je veux voir ce que ça donne!
Fais péter les FNA, Tonton!
Messieurs les métaphysiciens, tirez les premiers!
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. nov. 25, 2009 5:41 pm

MF >
Je ne sais que penser de ton objection.
wikipédia a écrit :En physique quantique, le terme de variable cachée désigne des paramètres physiques hypothétiques qui ne seraient pas pris en compte par les postulats de la mécanique quantique, soit dans la définition de l'état quantique, ou dans l'évolution dynamique de l'état quantique. Ces variables cachées sont postulées par certains physiciens pour tenter d'apporter une solution notamment au problème de la mesure quantique, et aussi car elles correspondent à une certaine philosophie réaliste et déterministe de la physique.
Ce qui est exactement l'état d'esprit dans lequel j'ai utilisé l'expression : l'espoir qu'un facteur inaperçu et rationalisable résoudrait le problème. Rien de métaphysique là-dedans – au contraire. Quant à Einstein :
Max Born publia en 1926 deux article proposant l'interprétation du carré du coefficient complexe d'un état comme étant la probabilité de mesurer cet état. Selon cette interprétation, il fallait accepter qu'un paramètre physique ne possède pas une valeur déterminée avant qu'il ne soit mesuré. Cela marqua le point de départ d'une opposition à cette interprétation, principalement menée par Albert Einstein, Erwin Schrödinger et Louis de Broglie. Ces physiciens étaient attachés à une vision dite réaliste de la physique, selon laquelle la physique se doit de décrire le comportement d'entités physiques réelles, et non se contenter de prédire des résultats. Dans ce cadre, accepter un indéterminisme fondamental est difficile, ce que Einstein a traduit par sa célèbre phrase "Je suis persuadé que Dieu ne joue pas aux dés".
En 1935, Einstein, Podolsky et Rosen écrirent un article visant à démontrer que la physique quantique était incomplète, à l'aide d'une expérience de pensée nommée paradoxe EPR. En 1964, John Bell établit les célèbres inégalités de Bell qui doivent être vérifiées si des variables cachées - au sens défini par Einstein - existent, et violées si elles n'existent pas.
Les expériences visant à vérifier les inégalités de Bell purent être menées au début des années 1980, et aboutirent à une violation des inégalités, invalidant la possibilité d'existence de variables cachées au sens défini par Einstein (c'est-à-dire des variables dites "locales", respectant le principe de causalité).
Non ?

systar
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Message par systar » mer. nov. 25, 2009 5:41 pm

Lensman a écrit :
systar a écrit :
On peut écrire l'histoire comme une histoire des formes successives de banalité.

Ou au contraire, à la Nietzsche (ça va faire plaisir à Lem), en disant que l'histoire c'est la "géographie des cimes", et que l'intéressant est dans les sommets, les exceptions, et ce qui provoque des changements d'époque, de mode de pensée.
Pourquoi l'un ou l'autre? Et il y a peut-être d'autres approches à prendre en compte aussi.
Oncle Joe
Je schématisais.
Surtout que pour savoir ce qui est banal, on a besoin de savoir ce qui ne l'est pas...
Et pour identifier les changements significatifs d'époque aussi, il faut des livres qui achèvent une époque ou en ouvrent une autre, et des livres qui soient, effectivement, au sein d'une époque, le "tout-venant".

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MF
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Message par MF » mer. nov. 25, 2009 5:44 pm

Lensman a écrit :C'est pour ça, Lem, que j'ai aussi tiqué (je suis plein de tics dorénavant, crapule, à cause de ce fil!) quand on a commencé" à parler de l'Oulipo. Où va-t-on, me suis-je dis? (une fois de plus).
Vers Le Livre-Machine ?

Désolé, ça m'est venu comme ça, en évoquant l'oulipo...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Matthieu
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Message par Matthieu » mer. nov. 25, 2009 5:49 pm

Roland C. Wagner a écrit : C'est sûr que le type qui a écrit Océanique est à peu près aussi dualiste que moi. J'ai du mal à comprendre comment tu peux dire que tu partages l'analyse (ou le fantasme) de Lehman alors que ton intervention va précisément dans mon sens.
Pas exactement...

Greg Egan n'est certe pas un dualiste. Sa vision du monde est rationaliste. Sa démarche de connaissance passe par les sciences et les mathématiques, pas du tout par l'expérience mystique ou la croyance.

Cependant, son approche est fondée sur le fait qu'il existe une réalité intrinsèque, exterieure à l'esprit humain et que la raison permet de s'approcher de cette réalité, voire de l'atteindre.

Or, force est de constater que ce postulat, le réalisme, n'est pas partagé par tous. Pour les rationalistes les plus acharnés, le réalisme est une croyance sans fondement de nature métaphysique. Ce point de vue est largement représenté dans la philosophie et l'épistémologie du 20e siècle. Même parmis les scientifiques, en particulier les physiciens de l'école de Copenhague, nombreux sont ceux qui évitent à tout prix la question de la nature réelle de l'univers.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. nov. 25, 2009 5:50 pm

MF a écrit :
Lensman a écrit :C'est pour ça, Lem, que j'ai aussi tiqué (je suis plein de tics dorénavant, crapule, à cause de ce fil!) quand on a commencé" à parler de l'Oulipo. Où va-t-on, me suis-je dis? (une fois de plus).
Vers Le Livre-Machine ?

Désolé, ça m'est venu comme ça, en évoquant l'oulipo...
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Message par Roland C. Wagner » mer. nov. 25, 2009 5:53 pm

Lem a écrit :Si tu penses au contraire qu'il ne se passe rien, que je pinaille, que j'essaie de justifier l'injustifiable, etc. pourquoi tiens-tu absolument à t'en mêler ?
Peut-être parce que tu as créé cette enfilade pour discuter de ma critique ?

Non, ce serait mesquin de ma part.
Lem a écrit :Ton papier exprime ta position une et définitive et il continuera de persévérer dans son être. A mon avis, ça suffit largement.
Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi tu as créé la présente enfilade.

À laquelle tu noteras que Sylvie n'a pas participé.
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 6:08 pm

systar a écrit :
Je schématisais.
Surtout que pour savoir ce qui est banal, on a besoin de savoir ce qui ne l'est pas...
.
Enfin, ça dépend. Pour la SF américaine, par exemple, tu as un corpus qui se trouve dans des revues. Après, au milieu des textes, on met en avant de choses. Mais le "banal" est là, sous l'étiquette.
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. nov. 25, 2009 6:11 pm

Roland C. Wagner a écrit :Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi tu as créé la présente enfilade.
Parce que comme je l'ai écrit le premier jour
j'essaie de réfléchir à la question en m'appuyant sur les travaux de Lardreau. Tu me réponds en citant Bergier et Hutin, ce qui est d'une élégance folle. Et c'est le problème, d'ailleurs.Tu ne me réponds pas vraiment. Tu choisis dès le début de placer la préface sous un angle qui n'est pas le mien.
Si tu souhaites y répondre, je répète mes questions (en évitant de citer tout ce qui pourrait t'arracher un "ouah, si on ne peut plus…") :
1) pourquoi dans ton papier le "truisme" de la métaphysique n'est-il pas mentionné ?
2) qu'est-ce qui justifie ton refus de passer du continuum "sf-hétéroclite-Jimmy-Planète", (que tu admets et dont tu penses même qu'il a contribué au succès éditorial de la sf en France) à l'hypothèse que ce même continuum et sa métaphysique basse aient contribué à la perception de la sf comme "truc pour ados décérébrés" et donc, au moins pour partie, à son échec culturel ?
Si tu avais traité ces deux questions dans ton papier, on ne serait pas soixante-dix pages plus tard à se les poser à nouveau.
Si tu ne veux pas y répondre, pas de problème, on passe au Fleuve Noir.

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Message par MF » mer. nov. 25, 2009 6:19 pm

Lem a écrit :MF >
Je ne sais que penser de ton objection.
wikipédia a écrit :En physique quantique, le terme de variable cachée désigne des paramètres physiques hypothétiques qui ne seraient pas pris en compte par les postulats de la mécanique quantique, soit dans la définition de l'état quantique, ou dans l'évolution dynamique de l'état quantique. Ces variables cachées sont postulées par certains physiciens pour tenter d'apporter une solution notamment au problème de la mesure quantique, et aussi car elles correspondent à une certaine philosophie réaliste et déterministe de la physique.
Ce qui est exactement l'état d'esprit dans lequel j'ai utilisé l'expression : l'espoir qu'un facteur inaperçu et rationalisable résoudrait le problème. Rien de métaphysique là-dedans – au contraire.
Je ne doute pas de ta bonne foi.
Je te donne juste mon ressenti de vieux scientifique lecteur de SF.

Dès que tu me sors comme référence de rationalisation la notion de "variable cachée", tu te déconnectes de toute la partie la plus moderne de la science.
Et tu sépares, implicitement, science et métaphysique sur la base de l'état de la science à l'émergence de la physique quantique. En gros, tu te situes dans les tenants des théories [scientifique] à "variables cachées".

Ce qui conduit à faire glisser vers le vertige métaphysique tout un tas de concept qui s'explique aussi bien sur la base d'une science rationnelle. Même si elle -surtout parce qu'elle ?- est quantique.
Quant à Einstein :
extrait de WP
Non ?
Je n'ergotais pas sur la paternité de "variable cachée" (et malgré ce qu'en dit WP, la paternité en revient à Louis de Broglie) mais je te signalais que, vu d'un scientifique, l'usage de cette formulation ne pouvait, comme tu indiquais avoir voulu le faire, être un hommage à Einstein (et de manière indirect à la science).
D'où le malentendu et le contre-effet que j'ai ressenti.

Mais ce qui me laisse croire que l'analyse qui t'a conduit à ton hypothèse est basée sur une bifurcation entre métaphysique et science qui date.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Lem

Message par Lem » mer. nov. 25, 2009 6:41 pm

MF > Je suis un littéraire (histoire et philo) qui s'intéresse à la science, qui a fait de l'histoire des sciences, qui a pas mal circulé dans le milieu de la vulgarisation scientifique et qui écrit de la science-fiction. Dans la mesure de mes moyens, non professionnels mais non nuls, je me tiens informé. Ma représentation du départ physique / métaphysique date-t-elle ? C'est très possible. Je ne me tiens pas sur le front d'onde de l'innovation conceptuelle mais dans le sillage de son expression vulgarisée. Cela dit, j'évolue dans une société dont les représentations scientifiques du monde sont encore massivement newtoniennes (si j'en juge par l'éducation que reçoit ma fille au collège) voire matérialistes (passons). Si je date, ce ne peut être que par rapport aux chercheurs professionnels et c'est sans doute inévitable dans la mesure où je n'en suis pas un. Employer une métaphore telle que "variable cachée" (non-métaphysique et bien einsteinienne, finalement) dans la préface d'une anthologie de sf pour exprimer de manière un peu vivante et connivente "facteur encore non repéré" est donc plus risqué que je ne le pensais…
Bon. J'y réfléchirais à deux fois. Merci.

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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 6:41 pm

MF a écrit :
Lensman a écrit :C'est pour ça, Lem, que j'ai aussi tiqué (je suis plein de tics dorénavant, crapule, à cause de ce fil!) quand on a commencé" à parler de l'Oulipo. Où va-t-on, me suis-je dis? (une fois de plus).
Vers Le Livre-Machine ?

Désolé, ça m'est venu comme ça, en évoquant l'oulipo...
C'est vrai! Oeuvre mémorable s'il en est... souvenirs...
Elle n'a pas vraiment entrainé une postérité foisonnante, le regretter ou pas est peut-être une question oiseuse...
Oncle Joe

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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 6:49 pm

Lem a écrit :Cela dit, j'évolue dans une société dont les représentations scientifiques du monde sont encore massivement newtoniennes (si j'en juge par l'éducation que reçoit ma fille au collège) voire matérialistes (passons). i.
Je crois qu'il est assez difficile d'enseigner autre chose au collège (qui le ferait? il faut des compétences vraiment élevée pour passer à autre chose, des outils mathématiques complexes). "Encore massivement"... si ça pouvait être vrai... la plupart des gens n'ont même pas compris les bases de ces conceptions, qui ne sont d'ailleurs pas si simples.
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. nov. 25, 2009 7:05 pm

Lensman a écrit :Je crois qu'il est assez difficile d'enseigner autre chose au collège (qui le ferait? il faut des compétences vraiment élevée pour passer à autre chose, des outils mathématiques complexes)…
Eh bien, tu vas rire, mais j'ai l'impression au contraire que cela n'exigerait aucune compétence supplémentaire. Quand les élèves demanderaient "de quoi est fait le monde ?", car ils le demandent, même muettement, au lieu de leur répondre "de petites boules qui adhèrent les unes aux autres selons les lois que voici" (je simplifie), on pourrait répondre : "On ne sait pas. Quand on regarde au microscope, on voit des atomes, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont là quand on ne regarde pas. C'est bizarre, mais c'est comme ça. On ne sait pas."
L'incertitude que ça créerait serait une bonne entrée en matière psychologique au monde dans lequel on vit. Bien meilleure, en tout cas, que l'ultra-déterminisme implicite qui sous-tend la formation actuelle des jeunes esprits, comme si on vivait encore à la fin du XIXème siècle.
(Mais ceci n'est que mon avis et le sujet est risqué. Fleuve Noir ? Pulps ? Sense of wonder ?)

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Message par MF » mer. nov. 25, 2009 7:06 pm

Lem a écrit :Si je date...
Serge, ce n'est pas ce que j'ai écrit.

Je parlais de la bifurcation science/métaphysique à laquelle, implicitement, et sans le vouloir, tu m'as -moi lecteur de ta préface- renvoyé. Nous ne parlions manifestement pas de la même bifurcation. Et je ne prétends pas être à la dernière, donc moi aussi je date.

Mais il semble bien que je ne sois pas le seul à avoir tiqué sur l'usage de "variable cachée". Est-ce contre-productif à ton hypothèse ?

Et ça mérite que je repasse ce fil sur la pierre à aiguiser de ce malentendu. Je comprends mieux les écarts autour de concepts comme "immortalité" ou "éternité".
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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