Bon, l'analyse des prémisses est en cours. Y a-t-il déni ? Que signifie "inscription culturelle". Une variable cachée est-elle nécessaire ? Ça me paraît bien. Je vais essayer de répondre au fur et à mesure.
Roland C. Wagner a écrit :le "mélodrame augmenté" (…) Sur son incidence éventuelle sur un éventuel déni ou rejet de la SF en France, je pense qu'on peut la résumer en quelques mots. Par exemple : L'une des causes du mépris dans lequel le genre est tenu dans notre beau pays pourrait être l'emploi par la science-fiction de schémas narratifs et de modèles psychologiques issues de la culture populaire, notamment du mélodrame à travers sa forme "augmentée".
Je me demande si ça n'a pas quelque chose à voir avec la théorie qu'Oncle avait développée dans les années 90 sur le rôle des capes dans le space-opera ("pas de space-op sans cape ; et s'il y a une cape, c'est un space-op" – c'était bien ça Joseph ?)
Cela dit, Roland, avec ton accord et sous réserve que tu ne sortes pas de ce thème un truc radicalement autre, je rangerais quand même le mélo augmenté dans la catégorie "mauvaise réputation littéraire", c'est à dire dans la catégorie des problèmes de réception déjà bien recensés. Ce dont tu parles au fond – me semble-t-il – c'est du kitsch plus que de l'origine "populaire" des schémas narratifs ou psychologiques. En France, par exemple, le roman prolétarien, le roman paysan ont toujours été bien reçus, même au XXème siècle, alors qu'ils empruntaient à des formes anciennes. Les Surréalistes ont adoré le roman-feuilleton ; ils y ont vu une forme d'imaginaire sauvage très précieuse (Fantômas). Cendrars aurait aimé établir littérairement la réputation de Gustave Lerouge sur lequel il a écrit
L'homme foudroyé (et dont il a découpé certains textes en les présentant comme des poèmes pour prouver leur valeur poétique). Simenon (tôt) et Dard (tard) ont fini par s'imposer comme de grands conteurs populaires, dans des styles radicalement différents. "Populaire" ne me semble donc pas rhédibitoire alors que le kitsch l'est (sauf quand il est utilisé de manière délibérée, comme élément de style et ce n'est pas le cas dans beaucoup d'œuvres de SF classique : elles
sont kitsch, tout simplement). Le mélo augmenté participe à la mauvaise réputation littéraire de la SF mais il me semble difficile d'y voir une variable cachée. Ou alors, il faut développer.