Sur Lardreau, pour montrer que le rapport entre SF et philosophie (disons: la pratique métaphysique de la philosophie, à tout le moins) est assez compliqué chez cet auteur, je cite la fin du livre, son "introclusion":
A la fin de [i]Fictions philosophiques et science-fiction. Une [b]récréation philosophique[/b][/i], Guy Lardreau a écrit :
Ce qui me paraît avoir été acquis, au fil des pages qu'on vient de lire, je le formulerai volontiers ainsi: c'est parce que la philosophie, aujourd'hui, ne conjecture plus, que la science-fiction, mieux et plus explicitement que d'autres discours de supplément, a pu s'en conclure la relève.
Relève qui porte en soi sa faiblesse, sinon son échec: à quelque forçage qu'on la soumette, l'opinion ne peut se faire critique de l'opinion, ni désigner son propre au-delà; pas plus que l'imagination faire limite à l'expansion de l'imaginaire. En somme, Herbert, c'est très bien, mais ça ne vaut pas Leibniz...
Dès lors, l'alternative est simple:
- ou bien la philosophie est morte - et Dieu sait que, depuis plus d'un siècle, la nouvelle n'a pas manqué de prophètes; il faudra, en ce cas, se faire à l'idée de relèves successives (s'il est vrai, comme nous l'avons montré, que la philosophie peut bien être mortelle, mais non point sa fonction, ni sa place), relèves dont rien n'empêche qu'elles soient de plus en plus médiocres;
- ou bien la philosophie "renaîtra de ses cendres", ce qui ne peut signifier qu'une chose: qu'elle renouera avec la conjecture.
La grandeur de la philosophie, disions-nous, est immédiatement sa misère présente - comme la misère de la science-fiction, sa grandeur. Il faut que la philosophie retrouve grandeur pour grandeur. Ceci peut recevoir la forme, encore, de cet impératif, voire de ce mot d'ordre: Que l'entendement reprenne des mains défaillantes de l'imagination la tâche d'imaginer!
Il y aurait beaucoup de commentaires à faire pour que tout cela soit clair, des remises en contexte à faire, expliquer la place relative de l'entendement et de l'imagination; expliquer la perception que Lardreau avait de la philosophie du XXème siècle, etc.
Pour ma part, ce sera pour une autre fois.
Mais simplement, je crois qu'une critique minimale peut être adressée à cette conclusion: qu'est-ce qui, dans ce contexte, aurait pu trouver grâce à ses yeux? Est-il vrai que le XXème siècle ait cessé de conjecturer?
(par exemple: un des domaines de la philo qui me plaît le plus, c'est le domaine de la philosophie du messianisme, ou du messianique comme catégorie de pensée du temps et de l'histoire, qui s'est bien développée au XXème siècle: qu'en fait Lardreau?)