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par Le_navire » mar. déc. 15, 2009 2:49 pm
Toujours un plaisir de lire Gérard quand il est en mode "transmission", décidément. M'en lasse pas.
Sur la culture scientifique des littéraires je ne peux qu'être d'accord. J'ai fait une seconde C (c'était comme ça à l'époque) avant de passer (pour diverses raisons, dont le fait que malgré leurs tentatives répétées, ni mon adorable vieux M. Peccolo - pardon, ombre de nostalgie - ni cette chère Stella n'ont réussi à me faire voir les mathématiques d'un œil autre qu'émerveillé mais vaguement glauque d'incompréhension) en première L. Plus un gramme de science, c'est un fait. Et des maths soudain enseignées par un jeune barbu rinàfout' qui m'aura achevé le sevrage...
Pas de sciences au bac. Après n'en parlons plus... Résutat, je lis encore régulièrement La Recherche ou Pour la Science, mais je dois dire que la majorité des articles me font le même effet qu'un fil où bidibulle parle de physique quantique. C'est bô, mais ça reste plus obscur que du Lautréamont...
Heureusement pour moi, j'ai eu la chance de tomber définitivement amoureuse d'un scientifique et je peux me targuer au moins d'un vernis de surface. Ceci dit, j'aimais la SF avant ça, mais sans doute ne suis-je guère représentative du milieu... Et la SF sociologique et politique garde ma préférence.
J'aimerai revenir deux minutes sur la littérature générale, je l'ai déjà dit, mais ce point là me parait important : le déni existe aussi en son sein. Si on sait bien y repérer les belles œuvres de grands auteurs étrangers, c'est beaucoup moins vrai pour les textes français. Que Houellebecq ne soit pas un mauvais écrivain, je peux éventuellement en convenir, mais avez-vous déjà entendu parler, par exemple, de Claude Delarue ?
Non ? (sauf peut être si vous avez été attentifs en me lisant). A côté de sa plume, Houellebecq est un vulgaire amateur. Mais vous ne trouverez guère de critiques sur ses œuvres, hormis peut être un ou deux renvoi d'ascenseur parce qu'il fut (est ?) directeur de collection au Seuil - et quelques papiers sur ses premiers romans. Il a eu le Goncourt par procuration, c'est sa compagne de l'époque qui a décroché la bête - et qui a bien été incapable de produire un seul texte de qualité depuis qu'elle l'a quitté...
C'est un exemple que je connais bien, mais vous en trouverez partout. La qualité n'est pas mieux reconnue en littérature générale que dans nos littératures de genre, ça se saurait.
Au moins, nous avons nous des chroniqueurs multiples, certes, sur le net, certes, leur portée est limité aux amateurs curieux, mais au moins, ils existent...
Vous me répondrez peut-être que les auteurs de qualité étrangers, au moins, sont reconnus, et que l'on peut au moins tendre vers cela, chercher à faire connaître aussi bien les "nôtres" que les "leurs" (Dieux maudits, que cette opposition est vilaine !)
Cela servirait à tout le moins, à sauver nos collections de la ruine. Mais dans ce cas, je crois qu'on s'y prend mal. Ce n'est pas en mettant en avant nos auteurs français qu'on y parviendra.
Sans doute parce que l'auteur français à la mode est nombriliste et autocentré, et que les nôtre ne le sont pas.
Un coup médiatique comme celui de Retour ne règlera rien, au contraire. La preuve en est cet article dans Fluctuat. On peut se réjouir pour le livre de cette exposition médiatique, on peut s'en réjouir pour Lunes d'Encres, pour Gilles, pour Serge et pour les auteurs qui y ont participé, mais on ne règlera rien, puisque Le goût de l'immortalité, Liliputia, Les Leçons du Monde Fluctuant, ou même Petits arrangement avec l'éternité n'en ont pas bénéficié, n'en bénéficieront pas.
On sait déjà qu'on dira, ah, mais ces auteurs peuvent faire "autre chose" ! Il suffirait qu'ils le veuillent !
Tel que je connais le milieu de la litgen, seule une exposition d'auteurs anglo-saxons pourra relancer la machine et permettre d'atteindre ne serait-ce que la situation antérieure, où, sans doute, le mépris existait déjà, mais le déni fut moins radical. Et où, au moins, on vendait...
Qui et comment, ça, c'est une autre histoire...
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"