Lensman a écrit :Est-ce que l'on parle de "métaphyisique" dans un sens large ou…
Quand je dis que la SF est riche en objets, concepts, entités métaphysiques réifiés, j'entends par là des objets, concepts et entités dont on ne peut pas vérifier scientifiquement l'existence dans notre monde. L'éternel retour. Le voyage dans le temps. Les dieux. L'après-vie, etc.
La métaphysique comme discipline a été mentionnée quand on a évoqué son destin culturel, sa perte d'influence, de prestige et de crédibilité à partir de la fin du XVIIIème siècle, disons. Mais ce n'est pratiquement jamais de cela (la discipline) dont il est question dans les textes de SF. Ils ne défendent pas des doctrines, ils ne sont prosélytes d'aucune vision du monde ou quoi que ce soit. Ils jouent avec des objets, concepts et entités sous forme réifiée (la plupart du temps par le moyen d'un artifice scientifique ou technique, machine, être biologique, circonstance spatiale ou temporelle, etc.)
Parfois même, lesdits objets, concepts, entités sont réifiés sans aucun recours à la science, ni déplacement dans le futur. Dans C'est vraiment une bonne vie, par exemple, il y a un enfant-dieu qui
est, point-barre. Dans le don, il y a des hommes invisibles qui sont. Dans Histoire d'un crocodile secret de Lafferty, il y a trois personnes qui ont des pouvoirs extraordinaires et qui dérèglent le monde, sans explication. Rien ne permet d'affirmer que ces prodiges sont ratonalisés, ni même rationalisables. Ils sont. Ils reposent sur eux-mêmes (et le talent de l'auteur). Et pourtant, ces textes sont indiscutablement de la la SF à mes yeux, et ils ont été publiés dans des collections de SF. D'où mon intérêt pour ce type de textes, et le sentiment qu'ils ont beaucoup à nous dire sur la nature de la science-fiction.