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Interview 2018 : Pascal Malosse pour Les Contes de la vodka
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Interview 2018 : Pascal Malosse pour Les Contes de la vodka

ActuSF : Bonjour Pascal et merci de revenir sur Actusf ! Pour commencer pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours pour nos lecteurs ?

Pascal Malosse : Bonjour !

Je suis franco-polonais, natif de Bruxelles. J’ai souvent changé d’adresse et de pays grâce à mon métier lié aux projets européens. Je viens de m’installer à Antibes. Ma première publication date de 2014. Mes textes relèvent du fantastique, de l’étrange, lorgnent parfois du côté de la science-fiction, mais je ne réfléchis pas à ces catégories en écrivant. Nous y reviendrons.

ActuSF : Après Les contes de l’entre-deux, vous voici de retour chez Malpertuis avec un nouveau recueil : les Contes de la vodka (et non du whisky). Comment s’est passée l’élaboration de ce recueil ?

Pascal Malosse : Le recueil Contes de la vodka n’est pas un assemblage de nouvelles disparates. Elles ont été écrites les unes après les autres durant un an. Mon projet était d’explorer l’Europe centrale et certaines thématiques particulièrement « slaves ». J’avais le titre en tête avant de me lancer. Christophe Thill des éditions Malpertuis a réagi très positivement. Il m’a demandé de retravailler une seule nouvelle sur les 23 et de changer un peu l’ordre.


ActuSF : Vous avez passé de nombreuses années à Varsovie et Berlin. Comment ces expériences ont-elles coloré vos nouvelles et vos influences ?

Pascal Malosse : Pour ces nouvelles, je me suis souvent inspiré de lieux réels. Les connaisseurs de la région peuvent s’amuser à retrouver les rues, les fabriques, les mines, les hôpitaux, etc. Il y a aussi des événements historiques auxquels je fais référence, notamment dans « Lettre au Steinhof » et « Forêt primaire ». Mais la coloration principale vient, je l’espère, d’un certain esprit. L’ironie, la dérision, le fatalisme et la folie sont pour moi des traits slaves. L’apprentissage de la langue polonaise permet de s’en imprégner. Et bien sûr il y a la vodka !

ActuSF : S’il ne fallait garder ou évoquer qu’une seule des nouvelles de votre recueil, laquelle serait-ce et pourquoi ?

Pascal Malosse : Chaque nouvelle doit être essentielle. Je ne peux me lancer dans un texte si je ne ressens pas ce besoin impérieux d’exprimer quelque chose au-delà des mots, quelque chose qui doit prendre la forme d’une histoire. Beaucoup de lecteurs ont aimé « La fille de la frontière ». Il est vrai que j’ai puisé dans des éléments très personnels pour ce conte, notamment l’histoire de ma famille et certains de mes déboires aux frontières.

ActuSF : Les « pays de l’Est » et leurs descriptions, entre grisaille et architecture oppressive, paraissent particulièrement orwelliens. Rien d’étonnant alors à ce que le fantastique s’immisce dans vos nouvelles ?

Pascal Malosse : Il n’y a pas que la grisaille et les blocs dans les Contes de la vodka, même s’ils sont récurrents. Il y aussi la neige immaculée, les architectures baroques, les forêts luxuriantes, les lacs de Mazurie en été. Plus que la grisaille et le froid, la chose vraiment pénible à vivre est le manque de lumière en hiver. Le soleil se couche à 15h. On a l’impression d’être dans une nuit qui dure 8 mois de l’année. Dans cette obscurité, l’esprit travaille, imagine des formes inquiétantes et bascule plus facilement dans le fantastique.

L’architecture soviétique joue un autre rôle dans la narration. Elle représente un autoritarisme étatique qui pourrait être assez proche des thèmes de la science-fiction.

ActuSF : Nous évoquions sous forme de clin d’œil Les contes du whisky de Jean Ray précédemment, quels sont les autres écrivains qui vous inspirent ? Nous avions notamment parlé de Cortázar dans une précédente interview.

Pascal Malosse : Plutôt que l’inspiration ou les influences, je parlerais de « nourriture ». En tant qu’auteur, je dois me nourrir sans cesse. En ce moment, je lis et relis toute l’œuvre de Joseph Conrad, un polonais d’une famille aristocratique qui à 17 ans a commencé une carrière de marin et a sillonné tous les océans.

Dans la préface de sa nouvelle « Ligne d’ombre », Conrad s’adresse aux critiques qui ont relevé des éléments surnaturels. Il s’insurge ! Inspiré de son premier commandement, il y a en effet une terrible mer d’huile, la fièvre qui progresse parmi l’équipage, le fantôme d’un prédécesseur. Non ! Affirme-t-il, il n’y rien de surnaturel dans son récit ! Car pour lui le réel est suffisamment étrange et fantastique. Il n’y a pas besoin d’ajouter des événements surnaturels de façon factice pour impressionner le lecteur. Au contraire, tout est déjà autour de nous. C’est une idée qui me plaît. Et n’en déplaise aux acharnés de l’étiquette, elle fait voler en éclat tout tentative de catégorisation.

ActuSF : Quels sont vos prochains projets ? Vous reverra-t-on explorer les terres slaves ?

Pascal Malosse : J’ai terminé un premier roman assez court. Si tout se passe bien, il devrait être publié avant la fin de l’année chez Malpertuis. L’action se déroule à Paris, mais il y a beaucoup d’éléments slaves. Peut-être sera-t-il une forme de transition ? Mon identité, ma famille m’incite à continuer d’explorer l’Europe de l’Est, mais je ne veux pas me limiter à cette zone géographique. Entre-temps je me remets à la nouvelle. Vous risquez de me croiser ici et là.

ActuSF : Pourra-t-on vous retrouver en rencontre ou dédicace prochainement ?

Pascal Malosse : Vu la proximité, je participerai à des salons dans le sud, notamment à Nice-Fiction. Je compte venir à Paris aux rencontres de l’imaginaire de Sèvres en novembre prochain.
 

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