Nous : Comment présenteriez-vous la revue Asphodale ?
Lionel Davoust : Asphodale est une revue littéraire de fantasy - fantasy prise au sens large. C'est-à-dire qu'il s'agit à la fois, bien sûr, de la mouvance classique du genre, dont Tolkien a popularisé l'archétype (et nous pensons fermement qu'il est encore tout à fait possible de réaliser des œuvres passionnantes dans cette tradition-là !) ; mais également des courants nouveaux et moins connus du grand public, comme la fantasy urbaine ou la fantasy historique. Pour nous, la fantasy repose avant tout sur un univers non dépourvu de cohérence et cependant magique ; un univers préservant l'impression de merveilleux.
Nous : Quels seront ses objectifs ?
Lionel Davoust : Asphodale offrira à ses lecteurs le meilleur de la fantasy mondiale. Nous voulons proposer à nos lecteurs une fantasy de haute tenue littéraire - ce qui n'implique pas forcément une fantasy " intellectualiste " (pour dire les choses nettement : casse-tête et/ou ennuyeuse !). Il existe d'excellents textes qui n'ont pour autre but que de nous faire rire, de nous transporter ailleurs, ou de nous émouvoir. On a parfois, en France, une attitude un peu hautaine qui consiste à dénigrer le divertissement et à sacraliser la réflexion. Pourtant, l'un n'est pas plus noble que l'autre : pour nous, là n'est pas le critère de sélection d'un bon texte. Nous visons donc à publier des récits de qualité, et nous espérons avant tout que le lecteur prendra plaisir à les lire ! Nous traiterons en profondeur les auteurs-phares du genre (à travers nos dossiers), et nous voulons également faire découvrir d'autres auteurs talentueux, qu'il s'agisse de nouveaux venus de la dynamique école française de fantasy ou d'étrangers encore peu connus sur notre sol.
Nous : Comment est née l'idée d'une revue de fantasy ?
Lionel Davoust : Au vu de la reconnaissance dont jouit une revue de science-fiction comme Galaxies, il était logique de créer une revue aussi ambitieuse et passionnante dans un autre genre majeur de l'imaginaire. Les éditions Imaginaires Sans Frontières ont donc donné leur feu vert à Asphodale parce qu'il y a énormément d'écrits de valeur à faire découvrir dans le domaine de la fantasy. Comme nous étions plusieurs à être passionnés de fantasy, ne serait-ce que France-Anne Ruolz et moi-même, il a été facile de rassembler une équipe compétente, enthousiaste et majoritairement jeune pour défendre et mieux faire connaître ce genre que nous aimons. Aucun genre ne touche davantage aux racines de la nature humaine que la fantasy. Et parce qu'aucun mode d'expression ne fait autant travailler l'imaginaire que l'écrit, nous avons choisi de nous concentrer exclusivement sur la littérature.
Nous : Que trouverons-nous au sommaire ?
Lionel Davoust : Chaque numéro d'Asphodale comportera la moitié, voire les deux tiers, de fiction : entre trois à cinq nouvelles, plus un dossier sur un écrivain majeur de la fantasy, comprenant une nouvelle, un article sur l'œuvre et l'auteur, une interview et une bibliographie. Toutes les nouvelles seront bien sûr inédites en France ! Nous aurons également un espace réservé aux rubriques. L'on retrouvera toutes les infos du monde de l'imaginaire ; puis le " Passeur de Mémoire ", qui traitera un thème central du genre, ou bien un auteur, ou une série qui ont marqué l'histoire de la fantasy ; ainsi que la rubrique Lectures, dirigée par Alain Jardy, qui présentera l'actualité littéraire du trimestre. Enfin, des articles ou des reportages pourront paraître, en fonction des évènements du moment.
Nous : S'agira-t-il d'une revue comme Galaxies et quelles seront ses différences avec Faeries, revue de fantasy des éditions Nestiveqnen ?
Lionel Davoust : Je pense que nous sommes plus proches de Galaxies en ce qui concerne la démarche et la formule. Nous sommes fiers de notre relation avec Galaxies - qualifiée par la presse de revue de référence en SF en France - mais nous personnaliserons en marquant notre revue de notre propre " patte ", bien sûr ! En ce qui concerne Faeries, je dois d'abord dire que nous avons un grand respect pour leur travail ; ils ont contribué à populariser la fantasy en France, ce que l'on ne peut que saluer. Nos différences ? Je pense qu'ils ont envie de parler de la fantasy sous toutes ses formes, en VO, sur ordinateur, en musique ; pour notre part, nous préférons nous concentrer sur la littérature. En ce qui concerne les fictions, le choix d'Asphodale sera tout naturellement différent, ne serait-ce que parce que la revue émane d'autres personnes et que chaque équipe a sa personnalité. Je suis convaincu qu'il y a la place pour deux revues de fantasy comme c'est le cas en SF. Cela offre au contraire plus de possibilité de publication pour les auteurs et plus de choix pour les lecteurs. Si je ne le pensais pas, nous n'aurions pas proposé à nos collègues comme Galaxies et Bifrost le font régulièrement de procéder à un échange de publicité dans nos prochains numéros. La fantasy a tout à y gagner !
Nous : La trouverons-nous chez tous les libraires et les FNAC :quel sera son mode de diffusion ?
Lionel Davoust : Asphodale sera distribuée par le diffuseur des Éditions Imaginaires Sans Frontières, Harmonia Mundi. On pourra donc trouver la revue en librairie, qu'il s'agisse de librairies indépendantes ou de réseaux comme la Fnac ou Virgin... Mais l'abonnement reste encore le moyen le plus relax et le plus sympathique de recevoir Asphodale. Sans compter que ce sont les abonnés qui assurent la pérennité d'une revue, et garantissent son indépendance. D'où notre offre exceptionnelle de lancement pour vous inciter à embarquer dès maintenant à bord d'Asphodale !
Nous : Comment sera constituée l'équipe ?
Lionel Davoust : Effectivement, il y a, dans l'équipe, des pros et des habitués de l'édition notamment : (pour ne citer qu'eux) France-Anne Ruolz des éditions Imaginaires Sans Frontières, directrice de publication d'Asphodale et Alain Jardy de l'équipe Galaxies pour notre rubrique Lectures. Nous nous entourons également de spécialistes des littératures de l'imaginaire et de traducteurs professionnels. Nos lecteurs retrouveront donc certains noms de référence, mais auront l'occasion de découvrir de nouvelles signatures. Je crois que le point commun qui nous réunit, c'est notre passion de la fantasy, et une vision commune du genre, c'est-à-dire, un genre d'une très grande richesse.
Nous : Quels seront les sommaires du et des premiers numéros ?
Lionel Davoust : Le premier numéro est consacré à Robin Hobb, l'auteur de L'Assassin Royal et des Aventuriers de la Mer. Tout au long de ce dossier, on pourra découvrir une nouvelle inédite de Hobb, mieux connaître cet auteur majeur à travers une interview réalisée pour ce numéro d'Asphodale et un article de Stéphane Manfrédo. Pour les autres nouvelles nous avons Sean McMullen, l'un des chefs de file des littératures de l'imaginaire en Australie ; Kristine Kathryn Rusch, l'auteur de la série des Fey ; Johan Heliot (La Lune seule le sait) ; et Robert Silverberg qu'on ne présente plus, n'est-ce pas...
Nous : D'une manière générale, comment se porte le marché de la fantasy en France ? Quels sont les nouveaux auteurs ou les tendances qui se dégagent ?
Lionel Davoust : Je dirais que le marché de la fantasy - comme des littératures de l'imaginaire en général - se porte de mieux en mieux depuis quelques années. Bien sûr, il reste beaucoup à faire. Les littératures de l'imaginaire se trouvent encore, hélas, parfois dénoncées par ceux qui ne les lisent pas ; mais je pense que la fantasy est bien placée pour conquérir un public toujours plus large. Le succès colossal des adaptations cinématographiques du Seigneur des Anneaux et d'Harry Potter a amené - continue d'amener au genre - de nouveaux lecteurs, avides d'une littérature aventureuse, d'une littérature d'évasion. Et montrent aux détracteurs que la fantasy est un genre majeur ! Plus précisément pour la France, il me semble que le marché est moins accaparé par les anglo-américains qu'en ce qui concerne la SF et le fantastique, et que les auteurs français ont moins de difficultés à se faire rapidement reconnaître. De plus, il y a une longue tradition du jeu de rôle en France, du jeu de rôle français - nous sommes l'un des pays européens les plus dynamiques à ce niveau - et la fantasy a toujours entretenu des relations privilégiées avec le JdR. Il y a donc un potentiel important de lecteurs de fantasy classique, prêt à découvrir tout un éventail de nouveaux courants. Je pense enfin qu'en France, nous sommes véritablement en train de nous construire une culture fantasy. Nous avons une manière d'aborder les facettes de l'imaginaire bien différente de celle des maîtres anglo-américains. On ne peut que s'en réjouir. Il existe toute une vague nouvelle d'auteurs qui se basent sur les impressions, les ambiances de la fantasy, pour explorer des manières originales de raconter des histoires, qu'il s'agisse de transposer le merveilleux dans nos sociétés quelque peu désenchantées (fantasy urbaine), d'extrapoler sur notre passé historique, d'injecter un peu de surréalisme déjanté... Loin de s'opposer à la fantasy " classique ", je pense que ces approches la complètent, et contribuent à faire de la fantasy un genre riche qui réserve énormément de bonnes surprises à ses lecteurs. Nous avons l'intention d'explorer et de faire découvrir toutes ces voies avec Asphodale
La chronique de 16h16 !