Actusf : Tout d’abord Argemmios a eu cinq ans cette année. Quel bilan tires-tu de ces cinq premières années ?
Nathalie Dau : Une progression constante (nos bilans comptables en témoignent) mais le temps de la sérénité parfaite est encore loin. Je doute même que nous puissions l’atteindre un jour, tant le hasard a son mot à dire. Il ne suffit pas de sélectionner un bon manuscrit, de le bien diriger, d’en faire un bel objet et de communiquer à son sujet via les médias et les commerciaux du diffuseur. Il faut aussi accepter que la chance permette ou pas la rencontre entre ce livre et ses lecteurs. Parfois, cette rencontre se fait vite et sans heurts, parfois cela prend des années. Mais le monde actuel, qui vit au rythme du commerce et de l’argent, n’a plus la patience d’attendre. Moi si. Je veux préserver cela, ne pas condamner un bon livre sous prétexte qu’il ne serait pas immédiatement rentable. De ce fait, j’ai un fonctionnement qui semble tout à fait ridicule aux yeux de beaucoup. Je prends le temps de faire les choses, je prends le temps d’avoir l’argent pour faire les choses, aussi. J’ai beaucoup de tendresse et de respect pour les livres que je publie, pour leurs auteurs… mais rien n’est jamais acquis de façon définitive, ni forcément réciproque. J’ai connu quelques désillusions mais aussi de grandes joies, et si l’on répartit tout cela sur les plateaux d’une balance, eh bien la joie l’emporte. Certains auteurs me sont devenus très chers, on forme une vraie petite famille, c’est très perceptible sur le stand, en festival. Il y a une ambiance qui nous est particulière et que de plus en plus de personnes apprécient. Parfois j’ai l’impression que nous sommes comme une île, peu connue car à l’écart des grandes routes commerciales, mais ceux qui nous découvrent – par hasard ou parce qu’ils ont l’âme aventureuse et aiment explorer le grand océan de la littérature – sont généralement heureux de cette escale, au point d’y revenir.
Nathalie Dau : Une progression constante (nos bilans comptables en témoignent) mais le temps de la sérénité parfaite est encore loin. Je doute même que nous puissions l’atteindre un jour, tant le hasard a son mot à dire. Il ne suffit pas de sélectionner un bon manuscrit, de le bien diriger, d’en faire un bel objet et de communiquer à son sujet via les médias et les commerciaux du diffuseur. Il faut aussi accepter que la chance permette ou pas la rencontre entre ce livre et ses lecteurs. Parfois, cette rencontre se fait vite et sans heurts, parfois cela prend des années. Mais le monde actuel, qui vit au rythme du commerce et de l’argent, n’a plus la patience d’attendre. Moi si. Je veux préserver cela, ne pas condamner un bon livre sous prétexte qu’il ne serait pas immédiatement rentable. De ce fait, j’ai un fonctionnement qui semble tout à fait ridicule aux yeux de beaucoup. Je prends le temps de faire les choses, je prends le temps d’avoir l’argent pour faire les choses, aussi. J’ai beaucoup de tendresse et de respect pour les livres que je publie, pour leurs auteurs… mais rien n’est jamais acquis de façon définitive, ni forcément réciproque. J’ai connu quelques désillusions mais aussi de grandes joies, et si l’on répartit tout cela sur les plateaux d’une balance, eh bien la joie l’emporte. Certains auteurs me sont devenus très chers, on forme une vraie petite famille, c’est très perceptible sur le stand, en festival. Il y a une ambiance qui nous est particulière et que de plus en plus de personnes apprécient. Parfois j’ai l’impression que nous sommes comme une île, peu connue car à l’écart des grandes routes commerciales, mais ceux qui nous découvrent – par hasard ou parce qu’ils ont l’âme aventureuse et aiment explorer le grand océan de la littérature – sont généralement heureux de cette escale, au point d’y revenir.
Actusf : On parle d’une crise en librairie depuis plusieurs mois (années). Est-ce que toi tu la ressens avec Argemmios ?
Nathalie Dau : Oui et non, dans la mesure où le réseau des librairies n’a jamais été notre seul moyen de rencontrer nos lecteurs. Quand on démarre une petite structure comme la nôtre, on se rend très vite compte que les libraires, hormis une poignée de libraires spécialisés et vraiment passionnés, ne se réjouissent pas plus que ça de l’arrivée d’un micro-éditeur supplémentaire. Pire, on a souvent l’impression de déranger, voire carrément d’emmerder le monde. On est regardé avec soupçon, dédain, ironie. Les choses se sont améliorées pour nous depuis que nous sommes diffusés et distribués par Lokomodo diffusion, mais même avec leur aide, ce n’est pas facile de faire son trou en librairie, parce qu’il y a tant de livres, tant d’éditeurs, et tant de contraintes qui pèsent sur les libraires ! Ils ne font pas non plus un métier facile. Donc oui, c’’est la crise… mais comme je le disais en début de réponse, Argemmios rencontre surtout ses lecteurs grâce à sa boutique en ligne et grâce aux nombreux salons et festivals auxquels la maison d’édition participe. L’avantage c’est que l’équipe connaît les livres, sait en parler, répondre aux questions des gens, les conseiller au mieux en fonction de leurs attentes et besoins. Le but n’est pas de vendre des livres à tout prix mais de permettre de belles rencontres, des histoires d’amour entre les lecteurs et les livres de nos auteurs. Parfois, nous n’avons rien qui correspond, ou pas encore, ou nous ne l’aurons jamais car nous n’avons pas vocation à publier de tout, mais ce n’est pas grave. Pour nous, mieux vaut ne pas vendre que de forcer la main, de décevoir. Nous essayons de rester à l’écoute. Les lecteurs sont des êtres humains, pas des porte-monnaie ambulants, n’est-ce pas ?
Alors oui, bien sûr, quand un livre ne marche pas d’entrée de jeu, quand il lui faut du temps pour trouver son lectorat, ça nous fait de la peine pour l’auteur, qui y a passé du temps et qui mérite de gagner un peu d’argent des fruits de son travail. On nous fait parfois reproche de ne pas encore verser d’à-valoir. Sur de si petits tirages (entre 300 et 500 exemplaires selon les titres), cela ne représenterait pas une très grosse somme pour l’auteur et notre trésorerie, encore fragile, n’y survivrait pas. Nous réglons toujours les droits d’auteur à échéance et sommes très heureux chaque fois que le chèque est un peu conséquent. Mais pour compenser, nous prenons à notre charge, chaque fois que nous le pouvons, de nombreux frais inhérents à la participation à des festivals (repas, hôtel en chambre partagée, covoiturage au cours duquel nous assumons les dépenses, boissons sur le stand…) tout comme nous accueillons sur notre stand les autres ouvrages ou créations de nos auteurs. Evidemment, quand certains d’entre eux sont invités par les festivals, ça nous soulage un peu et nous permet de faire davantage pour ceux qui viennent à notre demande ou de leur propre initiative.
Pour conclure, je dirais que oui, c’est la crise, mais qu’en se montrant solidaire et souriant, ça aide à surmonter une partie des difficultés. Ce qui n’empêche pas les coups de blues, à l’occasion. Après tout, nous ne sommes que des êtres humains très perfectibles…
Nathalie Dau : Qantice a deux auteurs : Marie Fontaine et Tony Beaufils.
Marie est professeur de français, sincèrement amoureuse de la langue et des mots, et a déjà écrit et publié deux romans philosophiques aux éditions du Riffle : Le bonheur n’attend pas, ou Laetitia face à son destin en 2006, et Le Titre ? Diantre, j’ignore ! (Le savez-vous, quant à vous ?) en 2007. Elle est passionnée par des auteurs comme Voltaire ou encore Lucien de Samosate (dont les Histoires vraies ou Histoire véritable est parfois considéré comme le premier texte de science-fiction, avec ce personnage qui voyage sur la Lune).
Tony, lui, est d’abord un musicien. On le connaît sous son pseudonyme Tony l’Orc, ou l’Orc au banjo, au sein du Naheulband, mais il est aussi le leader du groupe de metal symphonique Qantice, dont le premier album, paru sous le label Brennus, se trouve justement être la Bande Originale du roman publié chez Argemmios.
En fait, on pourrait dire que Tony a commencé à rêver Qantice, mais que celui-ci, dans sa forme écrite, a véritablement pu voir le jour grâce à son étroite collaboration avec Marie.
À cela il faut ajouter un troisième larron, Mathieu Coudray, qui a illustré le roman car Tony et Marie souhaitaient ajouter une dimension graphique à leur univers.
Un roman un peu fou ? Oui, ça le définit bien, mais il y a toujours une forme de génie dans la folie – au moins dans cette sorte de folie – alors je suis très heureuse et fière que ce soit Argemmios qui ait eu les cojones de s’y associer.
C’est un roman sans humains, sans références à la planète Terre, où fourmillent des créatures étranges, des mondes bizarres et des sciences encore plus bizarres. Une grande quête principale s’imbrique avec quantité d’autres quêtes et préoccupations. La plupart trouveront réponse dans ce premier (et volumineux) opus, mais je ne surprendrai personne si j’annonce d’ores et déjà qu’un second tome devrait suivre.
Actusf : C’est un roman de science fiction assez drôle. De quel autre romancier on pourrait le rapprocher ?
Nathalie Dau : Il y a beaucoup d’humour, en effet, mais sans aucun côté potache. Les différents pirates de la Cambuse sont des créatures très différentes et souvent truculentes, qui créent des comiques de situation à l’insu de leur plein gré. Le tempérament plus détaché et calculateur d’Alsrick, le mégantrope (pour la définition, consulter la Qanticlopédie en fin de volume) peut aussi provoquer des décalages jubilatoires. Sans oublier la naïveté attendrissante du poulpillon bavard, et tout le côté un peu absurde à nos yeux – mais parfaitement logique aux leurs – suscité par ces races extra-terrestres qui vivent et pensent différemment de nous !
Qantice est très inventif. Drôle par certains aspects, mais c’est aussi un livre qui invite à la réflexion. Et puis il y a le style, parfois volontairement désuet. Je le ressens plutôt proche, en plus moderne, des écrits de Rabelais, ou du Micromégas de Voltaire, ou encore des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Parmi les contemporains, on peut peut-être le rapprocher de Jack Vance ou de Douglas Adams. Mais bon, c’est une question difficile et je pense que chaque lecteur pourra y trouver les proximités de son choix.
Les auteurs eux-mêmes le considèrent davantage comme de la science-fantasy que de la sience-fiction pure et dure.
Actusf : Même question pour « SIGIRIYA, le Rocher du Lion » qui doit sortir bientôt. Qui est Alain Delbe ? De quoi parle ce roman ?
Nathalie Dau : Oh, mais ça y est, Sigiriya est paru. Date de naissance : le 12 septembre 2012. C’est un roman fascinant, dont l’auteur est lui-même, d’une certaine manière, également un personnage (il faudra lire la préface et la postface pour le comprendre). Le corps du récit, lui, est présenté comme la traduction d’une œuvre ancienne, un témoignage éclairant d’un jour nouveau et contradictoire des faits historiques. On n’est pas vraiment dans l’uchronie puisque les faits sont les mêmes, c’est l’interprétation donnée qui diverge de la thèse officielle. On est aussi dans le merveilleux puisque des faits magiques se produisent, même s’ils semblent tout à fait normaux aux yeux du narrateur : Dhola, un conteur indien. On retrouve dans ce roman tout l’exotisme de l’Inde du Sud et du Sri Lanka du Vème siècle. Le palais figurant sur l’illustration de couverture a vraiment existé, on en visite encore les ruines au sommet de cet impressionnant Rocher du Lion. Le dieu représenté, lui, est Shiva, si important aux yeux du roi Kassapa. Outre le récit de Dhola et le témoignage de Kassapa, le livre contient trois contes in extenso qui appartiennent au répertoire de Dhola et que celui-ci affirme avoir narré à l’un ou l’autre moment de son histoire. Et puis un glossaire et des notes d’érudit, parce que le contexte historique et culturel est réel et méconnu.
Ce roman est le cinquième que signe Alain Delbe. Celui-ci est psychologue pour enfants du côté de Lille mais aussi (et surtout à mes yeux) un grand monsieur du fantastique dont j’aime et admire les écrits. Il est proche de Claude Seignolle (leur amitié dure depuis plus de vingt ans). De 2000 à 2008, Alain Delbe a été membre du comité de rédaction de la revue littéraire Hauteurs, pour laquelle il a rédigé nouvelles et articles, mais il s’était fait connaître dès 1994 avec son roman Les Iles jumelles (Phébus), qui a reçu le prix Alain-Fournier et a participé au Festival du Premier Roman de Chambéry. Il a publié ensuite François l’Ardent (Climats, 1999) et Golems (Phébus, 2004) qui a été traduit en portugais. En 2004, les éditions Nestiveqnen ont associé une vingtaine de ses nouvelles à un court roman : Le Complexe de Médée. Et aujourd’hui, en 2012, c’est Argemmios qui a la joie de publier Sigiriya, le Rocher du Lion.
Ce roman est le cinquième que signe Alain Delbe. Celui-ci est psychologue pour enfants du côté de Lille mais aussi (et surtout à mes yeux) un grand monsieur du fantastique dont j’aime et admire les écrits. Il est proche de Claude Seignolle (leur amitié dure depuis plus de vingt ans). De 2000 à 2008, Alain Delbe a été membre du comité de rédaction de la revue littéraire Hauteurs, pour laquelle il a rédigé nouvelles et articles, mais il s’était fait connaître dès 1994 avec son roman Les Iles jumelles (Phébus), qui a reçu le prix Alain-Fournier et a participé au Festival du Premier Roman de Chambéry. Il a publié ensuite François l’Ardent (Climats, 1999) et Golems (Phébus, 2004) qui a été traduit en portugais. En 2004, les éditions Nestiveqnen ont associé une vingtaine de ses nouvelles à un court roman : Le Complexe de Médée. Et aujourd’hui, en 2012, c’est Argemmios qui a la joie de publier Sigiriya, le Rocher du Lion.
Actusf : Quels sont les autres titres à venir chez Argemmios ? Que peux-tu nous dire ?
Nathalie Dau : De nombreux projets à divers stades d’avancement. Dans la collection Bouts d’cailloux, qui s’adresse aux enfants de maternelle et de primaire, nous préparons un nouvel album de Brûlot le dragonneau avec Valérie Frances au texte et Laurence Péguy au dessin, album qui devrait sortir pour Trolls et Légendes 2013. Un autre album pour enfants est en préparation avec d’autres auteurs mais je ne sais pas encore où le situer dans notre planning de publication.
On espère lancer cette année, début 2013 au pire, une seconde collection jeunesse, destinée aux enfants allant du CM2 aux deux premières années de collège (6ème et 5ème en France, je précise pour nos amis belges – et ils sont nombreux !) Cette collection s’appelle Pont de Verre et aura pour premier titre Un Pirate à la maison, de Philippe Heurtel.
Nos autres ouvrages (romans, recueils, anthologies) peuvent être lus à partir de la 4ème pour la plupart d’entre eux, même si notre cœur de lectorat est plutôt adulte, passionné de Fantasy et de Fantastique autant que de mythologie, et à la recherche de plumes ayant une forte personnalité. Parmi les prochains titres de ce style, on peut citer Le Zoo des Chimères, de Chantal Robillard (passionnante et stimulante, que j’ai connue lors des Imaginales 2011), Reflets sans tain de Denis Labbé (il s’agit là d’un roman morcelé dont l’héroïne, Ludivine, est une vampire déjà croisée dans quelques nouvelles de l’auteur, publiées en anthologies), ou encore Voiles Funestes, un recueil de nouvelles dans lequel Fabrice Anfosso propose de nous confronter à douze malédictions. Et puis Réjane Durand, qui avait dirigé Viviane Etrivert pour Masky, récidive en ce moment même auprès d’Isabelle Guso, dont j’ai hâte de pouvoir publier la trilogie Entre Jade et Poussière. Des romans palpitants qui se passent dans un Japon médiéval fantastique.
Plein d’autres titres en préparation, avec différents directeurs d’ouvrages, mais dont on reparlera sans faute dans les années qui viennent.
Côté anthologies, j’ai passé la main à Denis Labbé pour Changelins ! Il est d’ailleurs en train de diriger les textes que j’avais retenus avec le comité de lecture. Pierre-Alexandre Sicart est en train d’achever sa sélection pour Noëls d’hier et de demain, mais il a pris un peu de retard pour tout un tas de raisons très valables, du coup je ne sais pas si cette anthologie sera prête à temps pour noël 2012. Si elle ne l’est pas, elle sortira pour noël 2013 (parce que bon, on ne va pas la sortir à Pâques, ce ne serait pas cohérent). De mon côté, je cherche désespérément du temps pour terminer le travail sur Le Butin d’Odin, mais ça n’est pas évident du tout !
Ne pas oublier aussi les deux appels à textes en cours (voir notre forum pour davantage de précisions) et que je ne dirige pas (histoire de rassurer tout le monde au niveau des délais).
Enfin, au niveau BD, on espère voir arriver très vite de nouveaux spin-off des Zozios, parce que ces petits strips sont vraiment hilarants. Et puis notre collection de cartes postales continue de grandir et je me réjouis par avance de vous présenter les modèles en cours de finalisation.
Et puis avec Mathieu Coudray et Eric Gilard, nous sommes en train de mettre au point le nouveau site et la nouvelle boutique en ligne, cela prend beaucoup de temps mais au moins, après, nous devrions être tranquilles une bonne fois pour toutes.
Nathalie Dau : De nombreux projets à divers stades d’avancement. Dans la collection Bouts d’cailloux, qui s’adresse aux enfants de maternelle et de primaire, nous préparons un nouvel album de Brûlot le dragonneau avec Valérie Frances au texte et Laurence Péguy au dessin, album qui devrait sortir pour Trolls et Légendes 2013. Un autre album pour enfants est en préparation avec d’autres auteurs mais je ne sais pas encore où le situer dans notre planning de publication.
On espère lancer cette année, début 2013 au pire, une seconde collection jeunesse, destinée aux enfants allant du CM2 aux deux premières années de collège (6ème et 5ème en France, je précise pour nos amis belges – et ils sont nombreux !) Cette collection s’appelle Pont de Verre et aura pour premier titre Un Pirate à la maison, de Philippe Heurtel.
Plein d’autres titres en préparation, avec différents directeurs d’ouvrages, mais dont on reparlera sans faute dans les années qui viennent.
Côté anthologies, j’ai passé la main à Denis Labbé pour Changelins ! Il est d’ailleurs en train de diriger les textes que j’avais retenus avec le comité de lecture. Pierre-Alexandre Sicart est en train d’achever sa sélection pour Noëls d’hier et de demain, mais il a pris un peu de retard pour tout un tas de raisons très valables, du coup je ne sais pas si cette anthologie sera prête à temps pour noël 2012. Si elle ne l’est pas, elle sortira pour noël 2013 (parce que bon, on ne va pas la sortir à Pâques, ce ne serait pas cohérent). De mon côté, je cherche désespérément du temps pour terminer le travail sur Le Butin d’Odin, mais ça n’est pas évident du tout !
Ne pas oublier aussi les deux appels à textes en cours (voir notre forum pour davantage de précisions) et que je ne dirige pas (histoire de rassurer tout le monde au niveau des délais).
Enfin, au niveau BD, on espère voir arriver très vite de nouveaux spin-off des Zozios, parce que ces petits strips sont vraiment hilarants. Et puis notre collection de cartes postales continue de grandir et je me réjouis par avance de vous présenter les modèles en cours de finalisation.
Et puis avec Mathieu Coudray et Eric Gilard, nous sommes en train de mettre au point le nouveau site et la nouvelle boutique en ligne, cela prend beaucoup de temps mais au moins, après, nous devrions être tranquilles une bonne fois pour toutes.
Actusf : Quels sont les salons auxquels vous allez participer et les dédicaces de vos auteurs ?
Nathalie Dau : Le stand Argemmios participe à Cidre et Dragon en septembre 2012 (avec Tony Beaufils, Valérie Frances, Mathieu Coudray et moi-même), au Valjoly’maginaire début novembre et à Sèvres début décembre, puis ce sera Zone Franche 2013 à Bagneux, Trolls et Légendes à Mons et certainement les Imaginales, un festival auquel nous sommes fidèles depuis 2008 (et moi-même, en tant qu’auteur, depuis 2007).
Sinon, on pourra rencontrer plusieurs de nos auteurs, avec tous leurs titres dont leurs ouvrages Argemmios, dans tout un tas de salons et festivals. Par exemple, début octobre, Alain Delbe et Denis Labbé seront aux Halliénales, et Marie-Catherine Daniel sera au festival du livre jeunesse de la Réunion. Jess Kaan et Isabelle Chatel Merlier participent à de nombreux salons régionaux dans le Nord-Pas-de-Calais, et je sais qu’ils iront notamment à la Couture. Tony Beaufils est en dédicace après chaque concert du groupe Qantice, puisqu’ils vendent aussi bien le roman que le CD et différents goodies dans leur boutique.
Et puis à l’occasion de la sortie de mon roman aux éditions Asgard, roman illustré par Mathieu Coudray (parce que j’aime beaucoup ce qu’il fait et qu’on travaille super bien ensemble), nous allons beaucoup tourner en librairies et en salons dans les mois à venir (et Asgard a la gentillesse de nous permettre d’emmener quelques-uns de nos titres Argemmios quand c’est possible) : La Porte des Mondes à Roubaix le 29 septembre, L’Antre-Monde à Paris le 6 octobre, OctoGônes à Lyon le 7 octobre, la salon du livre du Mans les 13 et 14 octobre, Scientilivre à Toulouse les 20 et 21 octobre (sans Mathieu cette fois-là), salon du livre de Rouen le 7 et le 9 octobre (mais pas le 8, parce qu’il n’est pas question de rater Sèvres et le festival de l’ami Jean-Luc Rivera !)
D’autres dédicaces en projet mais pour lesquelles nous attendons encore confirmation des dates.
Du coup, il y a une question que tu aurais pu me poser : « Quand trouves-tu un peu de temps pour toi, pour ta famille et pour dormir ? » Et je n’ai même pas la réponse…
Actusf : J’en profite pour parler de toi. La Somme des Rêves sort bientôt chez Asgard. Comment est né ce roman ? Quelle est l’idée de départ ? Le résumé parle de Mages Bleus et d’un héros nommé Cerdric. Peux-tu nous parler de ces mages et de ce héros ?
Nathalie Dau : Ah, je ne sais pas si c’est très bien d’en profiter : je suis parfois pénalisée, en tant qu’auteur, par ma facette éditrice, alors j’essaie de bien séparer les deux, pour limiter les amalgames. Mais bon, à occasion donnée, comme on dit… Et puis ça me fait plaisir de te répondre, je l’avoue.
Cerdric est-il un héros ? Dans ce premier volume, il a un rôle de premier plan, c’est certain, mais il n’est pas le personnage principal de mon cycle. Disons qu’il est celui qui permettait le mieux au lecteur d’entrer dans cette histoire et ce monde.
C’est très compliqué d’expliquer comment est né ce roman. Très tôt, je l’ai déjà raconté à plusieurs reprises, je me suis prise de passion pour les contes, les mythes et les légendes. Puis pour les romans historiques (surtout ceux qui se passaient au Moyen Âge, durant l’Antiquité et la Préhistoire). C’est seulement vers 18-19 ans que j’ai découvert la Fantasy (qui ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque) via Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. On peut dire tout ce qu’on veut au sujet de ce livre, pour moi ça a été un déclic, une révélation. Ensuite j’ai lu Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley, puis tout le cycle de Ténébreuse, Le Dit de la Terre Plate de Tanith Lee, Terremer d’Ursula Le Guinn, Lyonesse puis Cugel puis Les Princes-Démons de Jack Vance, Dune de Frank Herbert, Le Cycle des Epées de Fritz Leiber, Elric, Corum et Hawkmoon de Moorcock, les Lancedragon de Weiss et Hickman et j’en oublie plein au passage : Howard, Burroughs, Lovecraft, King… J’étais boulimique et cela a duré plusieurs années. En parallèle, j’ai commencé à écrire mon propre roman de Fantasy. Ecrire, ce n’était pas nouveau pour moi, je m’étais déjà confrontée au conte, à la poésie et au roman historique, et même à un peu de romance, mais il a fallu que je découvre la Fantasy pour comprendre que c’était à ce genre-là que j’appartenais véritablement. J’ai exploré et commencé la prise de notes, puis appris à évacuer les influences extérieures, à me déparasiter…
Ce cycle consacré aux mages bleus, je l’ai commencé, donc, en juillet 1987. En 1995, j’ai cru que j’avais trouvé le bon angle d’approche, mais je m’étais trompée. Marion Mazauric m’a donné des indications et j’ai commencé à retravailler en ce sens. Au fil des années, j’ai montré des petits bouts à divers éditeurs, reçu des conseils qui sont venus compléter les premiers dont j’avais bénéficié. Forgé ma plume, aussi, en écrivant bien d’autres textes. Continué à lire, à découvrir d’autres auteurs, comme George Martin et surtout Robin Hobb. Mais toujours je songeais à cette histoire-là, à ces personnages-là, à ce monde-là. Et puis, avec l’aide de mon compagnon (qui a toujours lu énormément et que j’ai d’ailleurs connu sur une liste de discussion consacrée à l’Imaginaire) et de mes béta-lecteurs (plus particulièrement les plus critiques : Lucie Chenu, Eric Gilard et Bernard Majour), bref j’ai fini par trouver ce fichu bon angle d’approche, et puis j’ai enfin rencontré un éditeur qui a eu le coup de foudre pour mon manuscrit, l’envie et le courage de le publier, et voilà. Je dois un grand merci à Thomas Riquet et aux éditions Asgard.
L’idée de départ a été multiple. De nombreuses sources, d’où la difficulté pour accoucher de tout ça, au final. Il y avait l’envie de travailler sur la notion de liberté face au destin, face au déterminisme génétique et sociétal, au poids de la religion, aux attentes d’autrui, au souvenir des vies antérieures (car le rapport à la mort est différent, dans ce monde-là). De travailler sur le métissage, le sentiment de n’appartenir à aucune communauté, d’être seul et rejeté. Sur l’éveil au sentiment amoureux, et les questions que l’on peut se poser sur sa propre sexualité autant que sur celle des autres. Sur ce fil délicat sur lequel on se tient avant de basculer parfois dans la folie. Sur la possibilité ou pas de remonter sur le fil après la chute. Envie de travailler aussi sur la relativité de toute chose selon le point de vue avec lequel on choisit de l’observer, et particulièrement la relativité du Bien et du Mal. Il y a eu aussi un article scientifique évoquant une bataille aujourd’hui dépassée entre les astrophysiciens qui pensaient que l’univers se contractait sur lui-même et ceux qui estimaient qu’il se dilatait constamment. Et là je me suis dit : « Les deux forces coexistent. La convergence et la divergence. Et il ne faut surtout pas que l’une des deux l’emporte, où la corde de l’univers s’effondrerait. » Ils sont nés comme ça, mes mages bleus, servants de l’Équilibre. Nés de mon vécu, aussi, mais cela n’a rien de très original. Le plus passionnant a été de travailler sur la chaîne des causalités. J’ai toujours fonctionné comme ça mais sur une œuvre d’une telle envergure, c’est forcément plus long et plus complexe de tout mettre en place. J’adore les histoires qu’on peut relire en découvrant constamment des indices qui nous avaient échappé les fois d’avant, et qui permettent d’apprécier la mécanique d’ensemble, cette logique implacable qui tient grâce à une foultitude de détails si anodins en apparence…
Je voulais échapper au manichéisme. De toute façon, les conteurs vous le diront : tout va par trois. Et puis c’était intéressant de ne pas opposer la Loi des vieillards et le Chaos de l’enfance, pour une fois, mais de les voir s’allier (plus ou moins) pour éliminer l’Équilibre, plus adulte et osant les empêcher de s’entretuer. Oui, les mots le révèlent : je me suis aussi inspirée des schémas de l’analyse transactionnelle. Et puis de la caractériologie de Gaston Berger (il fallait bien que mes études me servent à quelque chose).
Les dieux ont trahi les âmes et les ont contraintes à s’incarner, encore et encore. Et ils ont cloisonné l’univers, créant tous les parallèles, parce que la divergence a redouté la convergence. C’est sur cela que repose la cosmogonie de mon monde. Les dieux ont commis le premier crime en tuant les géantes primordiales afin de disposer de matière à façonner pour créer les premiers corps mortels, les premières geôles de chair. Mais affirmer cela, c’est se montrer hérétique aux yeux de ceux qui vénèrent ces mêmes dieux aujourd’hui, n’est-ce pas ? Surtout quand on s’est arrangé pour que les âmes oublient. D’un autre côté, elles ont peut-être bien fini par y trouver leur compte…
Au final, c’est le spectacle offert par ces âmes incarnées, ces êtres vivants, qui est le plus intéressant, non ?
J’aime mes personnages, ils sont un peu ma famille et j’espère qu’en lisant leur histoire, beaucoup sauront les aimer aussi.
Cerdric est-il un héros ? Dans ce premier volume, il a un rôle de premier plan, c’est certain, mais il n’est pas le personnage principal de mon cycle. Disons qu’il est celui qui permettait le mieux au lecteur d’entrer dans cette histoire et ce monde.
C’est très compliqué d’expliquer comment est né ce roman. Très tôt, je l’ai déjà raconté à plusieurs reprises, je me suis prise de passion pour les contes, les mythes et les légendes. Puis pour les romans historiques (surtout ceux qui se passaient au Moyen Âge, durant l’Antiquité et la Préhistoire). C’est seulement vers 18-19 ans que j’ai découvert la Fantasy (qui ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque) via Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. On peut dire tout ce qu’on veut au sujet de ce livre, pour moi ça a été un déclic, une révélation. Ensuite j’ai lu Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley, puis tout le cycle de Ténébreuse, Le Dit de la Terre Plate de Tanith Lee, Terremer d’Ursula Le Guinn, Lyonesse puis Cugel puis Les Princes-Démons de Jack Vance, Dune de Frank Herbert, Le Cycle des Epées de Fritz Leiber, Elric, Corum et Hawkmoon de Moorcock, les Lancedragon de Weiss et Hickman et j’en oublie plein au passage : Howard, Burroughs, Lovecraft, King… J’étais boulimique et cela a duré plusieurs années. En parallèle, j’ai commencé à écrire mon propre roman de Fantasy. Ecrire, ce n’était pas nouveau pour moi, je m’étais déjà confrontée au conte, à la poésie et au roman historique, et même à un peu de romance, mais il a fallu que je découvre la Fantasy pour comprendre que c’était à ce genre-là que j’appartenais véritablement. J’ai exploré et commencé la prise de notes, puis appris à évacuer les influences extérieures, à me déparasiter…
Ce cycle consacré aux mages bleus, je l’ai commencé, donc, en juillet 1987. En 1995, j’ai cru que j’avais trouvé le bon angle d’approche, mais je m’étais trompée. Marion Mazauric m’a donné des indications et j’ai commencé à retravailler en ce sens. Au fil des années, j’ai montré des petits bouts à divers éditeurs, reçu des conseils qui sont venus compléter les premiers dont j’avais bénéficié. Forgé ma plume, aussi, en écrivant bien d’autres textes. Continué à lire, à découvrir d’autres auteurs, comme George Martin et surtout Robin Hobb. Mais toujours je songeais à cette histoire-là, à ces personnages-là, à ce monde-là. Et puis, avec l’aide de mon compagnon (qui a toujours lu énormément et que j’ai d’ailleurs connu sur une liste de discussion consacrée à l’Imaginaire) et de mes béta-lecteurs (plus particulièrement les plus critiques : Lucie Chenu, Eric Gilard et Bernard Majour), bref j’ai fini par trouver ce fichu bon angle d’approche, et puis j’ai enfin rencontré un éditeur qui a eu le coup de foudre pour mon manuscrit, l’envie et le courage de le publier, et voilà. Je dois un grand merci à Thomas Riquet et aux éditions Asgard.
L’idée de départ a été multiple. De nombreuses sources, d’où la difficulté pour accoucher de tout ça, au final. Il y avait l’envie de travailler sur la notion de liberté face au destin, face au déterminisme génétique et sociétal, au poids de la religion, aux attentes d’autrui, au souvenir des vies antérieures (car le rapport à la mort est différent, dans ce monde-là). De travailler sur le métissage, le sentiment de n’appartenir à aucune communauté, d’être seul et rejeté. Sur l’éveil au sentiment amoureux, et les questions que l’on peut se poser sur sa propre sexualité autant que sur celle des autres. Sur ce fil délicat sur lequel on se tient avant de basculer parfois dans la folie. Sur la possibilité ou pas de remonter sur le fil après la chute. Envie de travailler aussi sur la relativité de toute chose selon le point de vue avec lequel on choisit de l’observer, et particulièrement la relativité du Bien et du Mal. Il y a eu aussi un article scientifique évoquant une bataille aujourd’hui dépassée entre les astrophysiciens qui pensaient que l’univers se contractait sur lui-même et ceux qui estimaient qu’il se dilatait constamment. Et là je me suis dit : « Les deux forces coexistent. La convergence et la divergence. Et il ne faut surtout pas que l’une des deux l’emporte, où la corde de l’univers s’effondrerait. » Ils sont nés comme ça, mes mages bleus, servants de l’Équilibre. Nés de mon vécu, aussi, mais cela n’a rien de très original. Le plus passionnant a été de travailler sur la chaîne des causalités. J’ai toujours fonctionné comme ça mais sur une œuvre d’une telle envergure, c’est forcément plus long et plus complexe de tout mettre en place. J’adore les histoires qu’on peut relire en découvrant constamment des indices qui nous avaient échappé les fois d’avant, et qui permettent d’apprécier la mécanique d’ensemble, cette logique implacable qui tient grâce à une foultitude de détails si anodins en apparence…
Je voulais échapper au manichéisme. De toute façon, les conteurs vous le diront : tout va par trois. Et puis c’était intéressant de ne pas opposer la Loi des vieillards et le Chaos de l’enfance, pour une fois, mais de les voir s’allier (plus ou moins) pour éliminer l’Équilibre, plus adulte et osant les empêcher de s’entretuer. Oui, les mots le révèlent : je me suis aussi inspirée des schémas de l’analyse transactionnelle. Et puis de la caractériologie de Gaston Berger (il fallait bien que mes études me servent à quelque chose).
Les dieux ont trahi les âmes et les ont contraintes à s’incarner, encore et encore. Et ils ont cloisonné l’univers, créant tous les parallèles, parce que la divergence a redouté la convergence. C’est sur cela que repose la cosmogonie de mon monde. Les dieux ont commis le premier crime en tuant les géantes primordiales afin de disposer de matière à façonner pour créer les premiers corps mortels, les premières geôles de chair. Mais affirmer cela, c’est se montrer hérétique aux yeux de ceux qui vénèrent ces mêmes dieux aujourd’hui, n’est-ce pas ? Surtout quand on s’est arrangé pour que les âmes oublient. D’un autre côté, elles ont peut-être bien fini par y trouver leur compte…
Au final, c’est le spectacle offert par ces âmes incarnées, ces êtres vivants, qui est le plus intéressant, non ?
J’aime mes personnages, ils sont un peu ma famille et j’espère qu’en lisant leur histoire, beaucoup sauront les aimer aussi.
Actusf : As-tu d'autres projets ?
Nathalie Dau : La suite de La Somme des Rêves, à laquelle je travaille en ce moment, et puis un ouvrage plus nostalgique, Tangram, qui doit paraître en 2013 chez Rivière Blanche. Je parle de nostalgie car il s’agira d’une réédition, sous mon nom, de mon tout premier roman, Bleu Puzzle, accompagné de six nouvelles parues de façon disparate. D’où le titre, Tangram, puisque l’ouvrage se composera de sept pièces de taille variable. Comme toujours chez Rivière Blanche, il y aura des introductions permettant de resituer chaque texte, de le mettre en perspective. Et j’aurai un préfacier super génial, mais je vous laisse la surprise.