- le  

Akanah

Ange (Scénariste), Philippe Briones (Dessinateur), Stéphane Paitreau (Coloriste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2003  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

Akanah

Lors de sa première parution fin 1998 chez Vents d'Ouest, le tome 1 de La Geste des chevaliers-dragons avait provoqué un cataclysme dans le petit monde de la BD d'heroic-fantasy. Le couple Ange/Varanda, qui a notamment récidivé dans un tout autre style avec Paradis Perdu, plaçait la barre démesurément haut en publiant une histoire au scénario léché, magnifiquement servie par le trait raffiné et pourtant aride de Varanda. J'avoue que, cinq ans plus tard, je n'osais plus trop m'attendre à une suite, et ma surprise n'a eut d'égal que mon ravissement de voir La Geste renaître de ses cendres chez Soleil, avec un nouveau venu au crayon.

Le concept ? Un monde dans lequel la fréquentation des dragons vous propulse en quelques jours, voire quelques heures, dans les abîmes de la folie et de la déréliction1 physique et mentale: un phénomène connu sous le nom de veill. Dans ce monde, les humains vivent donc le plus à l'écart possible des dragons. Pour s'en protéger, ils ont également créé une caste guerrière, immunisée aux effets du veill par la virginité de ses membres tous féminins : les chevaliers-dragons.

"Le talisman ne marche pas ; ils ne marchent jamais"

La petite Akanah, traumatisée dans son enfance par l'effet du veill sur son jeune frère dont elle avait dû abréger les souffrances, est devenue aujourd'hui une novice de l'ordre des chevaliers-dragons et sa beauté scandaleuse le dispute à ses talents de bretteur. Avec sa comparse Eléanor, elle a été chargée d'accompagner le chevalier Oris, leur supérieur hiérarchique, dans une stupide entreprise diplomatico-économique. Dire que les deux novices ne rêvent que d'aventure et de frôler le souffle méphitique des dragons!

Pourtant, en cours de route, leur mission prend une toute autre tournure : un dragon s'est visiblement établi près de leur destination, causant la mort et la panique dans l'agglomération. Le jeune cartographe Jan, épris d'Akanah, les accompagne près de l'antre du reptile, convaincu qu'il est protégé par le talisman de sa guilde. Et c'est ainsi qu'Akanah voit ressurgir ses terreurs du passé...

La Geste: un monde à un seul architecte et plusieurs maîtres d'oeuvre

On pourrait en dire beaucoup sur une série aussi riche et mouvementée que La Geste. Du point de vue de l'histoire, même si l'une des protagonistes (Akanah) apparaissait rapidement dans le premier volet, ce tome peut se lire indépendamment du précédent. Ce qui focalisera bien sûr l'attention c'est le changement de dessinateur pour ce deuxième tome : le trait rond et velouté de Briones vient remplacer celui de Varanda. Briones promène ici sont style graphique quelque part entre ses propres productions (Les Seigneurs d'Agartha également chez Soleil) et le trait, ma foi inimitable, d'Alberto Varanda. Le résultat est plutôt convaincant, et ce qui pouvait passer pour une gageure produit un effet en tout cas au-dessus de mes espérances initiales. Seul regret personnel: le côté confus de l'affrontement final avec le dragon, pourtant présenté en encart comme "une scène stupéfiante d'efficacité". J'avoue avoir efficacement été perdu, à tel point que je pensais que le bateau volant était emmené dans une sarabande de tonneaux par le saurien à grandes dents.

Les fans de Varanda regretteront sans doute l'âpreté de style et de ton du premier opus. Quant aux autres, ils trouveront à leurs nouvelles héroïnes : Akanah et Eleanéor, le même charme tapageur qu'à Jaïna et Ellys qui les avaient précédées. Personnellement, je trouve plutôt agréable que le ton de ce volume s'accorde si bien aux talents propres de Briones, au dessin à la fois plus léger et plus "animé". Bref une série qui continue de se construire une solide réputation. Cerise sur le gâteau : Soleil offre dans le cahier de croquis qui clôt ce volume, quelques dessins de Sylvain Guinebaud, chargé de réaliser le prochain volet de la série, qui s'annonce plus brutal et plus carnassier.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?