Un écrivain voyageur

Américain, Alexander Diclow a vécu sept ans en France. Enseignant, il est aussi poète et traducteur, de Max Jacob notamment. Il a publié le recueil Caramboles chez Argol éditions et aussi Rhapsodie curieuse chez Louise Bottu. Dickow est donc un touche-à-tout, un voyageur parti sur des chemins sinueux et parfois tortueux. Le premier souper est son premier roman et, on va le voir, il faut avoir l’estomac bien accroché.

Trois univers

Le premier souper raconte l’histoire de trois univers : le premier est celui des mineurs, ne pouvant se nourrir que de pierraille jusqu’à ce que la révolte, menée par Penina, éclate aidée par ceux qui mangent encore normalement. Puis il y a le deuxième univers, celui du général Lamanck, qui mène une guerre acharnée contre des âmes venue d’un autre monde et qui dévorent les chairs des autres êtres vivants. C’est une guerre sans fin, avec des rapprochements parfois inattendus. Et enfin il y a ce dernier monde où on persécute les allophages, ceux qui mangent une viande autre que la leur. Tous ces univers sont liés par un roman, Le premier souper, écrit par un savant disparu, Ronce Albène, personnage éminent du troisième univers…

Une expérience

Roman âpre, parfois violent, Le premier souper est une expérience basée sur la description de corps en train de se nourrir, de bouffer, d’ingérer. L’union de ces trois univers se fait autour de ce roman dans le roman qu’est Le premier souper de Ronce Albène. Mais le problème principal, malgré des scènes saisissantes, est qu’on ne voit pas où l’auteur veut exactement en venir. Nous nous laissons porter, parfois écœurés (surtout à la fin), car au fond nous n’avons pas d’autre choix (à part celui de refermer le livre mais voilà je suis un lecteur tenace). Pour amateurs de sensations fortes.

Sylvain Bonnet