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ITW Stéphanie Nicot sur les Imaginales 2011
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ITW Stéphanie Nicot sur les Imaginales 2011

Actusf : Les Imaginales ont dix ans. Quel est ton bilan ? Est-ce que cet anniversaire est important pour toi ?
Stéphanie Nicot : Plus qu’un anniversaire, toujours un peu tourné vers le passé, c’est une étape. 10 ans, pour un festival comme celui de la Ville d’Épinal, c’est l’âge de la maturité, et surtout le signe de sa pérennité.
 
Actusf : Quelles ont été, selon toi, les grandes étapes du festival ?
Stéphanie Nicot : L’année n-1 tout d’abord. Le festival s’est élaboré en 2000-2001, par une succession d’initiatives et de rencontres. Il faut partir, c’est logique, de la Ville d’Épinal qui en a été le maître d’œuvre. Le Maire, M. Michel Heinrich, et son équipe avaient souhaité, à la fin des années 90, créer un événement qui soit à la fois original et ouvert à tous, culturel et convivial à la fois. Bernard Visse, qui était à l’époque responsable de l’Événementiel de la Ville (il est aujourd’hui le directeur de la Culture), a été chargé de proposer un projet « visible » au plan national : il s’est tourné, par goût, vers la littérature et, après analyse du foisonnement des 4000 salons français, vers les littératures de l’imaginaire alors fort peu représentées. Il m’a appelée, le projet m’a conquis. Nous avons bâti ensemble un « événement » qui crée une vraie proximité entre festivaliers et invités. À voir la convivialité exceptionnelle qui règne aux Imaginales, c’est réussi, non ?
 
Les années 2002 à 2005, celles de la construction, ont été passionnantes : nous avions mis au point une formule qui a fait ses preuves par la suite. Mais le nombre des entrées n’avait pas encore atteint le niveau que nous espérions…
 
2006 a été l’année du décollage. Le maire d’Épinal a su prendre la bonne décision en rendant l’entrée du festival, jusqu’ici payante, totalement gratuite (hormis pour le cinéma et les concerts). Les entrées ont aussitôt doublé, et n’ont plus cessé, depuis, d’augmenter pour dépasser les 15 000 dès 2009. Nous espérons passer le cap des 20 000 pour cette dixième édition. 
 
On pourrait raconter toutes les étapes qui ont abouti à ce festival, dans cette ville, avec cette équipe. Une chose est sûre : la passion des débuts est intacte – on le voit avec toutes les idées nouvelles – speed dating auteurs/éditeurs, atelier d’écriture puis d’illustration, tente des jeux, histoires à lire quand les enfants sont couchés…– qui enrichissent progressivement la programmation. Si l’équipe du festival des mondes imaginaires d’Épinal s’est étoffée, elle reste, pour une très large part, celle qui a bâti depuis 2002 ce festival que beaucoup nous envient. Une ville mobilisée, des équipes locales motivées, les meilleures compétences de l’imaginaire français, un réseau relationnel unique en son genre, et ce je ne sais trop quoi qui fait qu’on ne respire pas le même air à Épinal…
 
Actusf : Y aura-t-il, cette année encore, un troisième lieu pour les conférences ?
Stéphanie Nicot : Bien sûr ! Outre, l’Espace Cours, où se déroulent les tables rondes et les conférences-débat, nous avons désormais deux Magic Mirrors, ce qui nous permet de proposer encore plus de choix de cafés littéraires, de tables rondes de conférences-débat. Il y a plus d’une centaine de « moments » au programme 2011 !
 
Actusf : Quelles sont les nouveautés cette année ?
Stéphanie Nicot : Ce qui compte, aux Imaginales, c’est avant tout d’offrir aux festivaliers une formule qu’ils plébiscitent : convivialité, proximité, diversité des genres (fantasy, roman historique, fantastique, SF, contes et légendes, mais aussi une ouverture à la BD). On ne fera jamais de la nouveauté pour la nouveauté. Quand on implante une idée neuve, c’est pour donner un plus à la manifestation et pour l’installer durablement. Nous allons donc tester, parmi d’autres, une nouvelle initiative cette année : une série de démonstrations historiques évoquant la « Grande Armée » et qui pourraient nous inciter à développer à l’avenir le côté ludique et familial des Imaginales.
 
Actusf : Qui est le « coup de cœur » 2011 ?
Stéphanie Nicot : Charlotte Bousquet ! Une des signatures les plus intéressantes du moment.
 
Actusf : Peux-tu nous parler des invités étrangers des Imaginales : Stephen Baxter, Peter V. Brett, Trudi Canavan, N. K. Jemisin, Brandon Sanderson, Ellen Kushner et Yoss. Qu’est-ce qui t’a donné envie de les inviter ?
Stéphanie Nicot : C’est, comme à l’habitude, un mélange de stars incontestées (Hobb, Canavan…) et de nouvelles plumes talentueuses (Jemisin). Pour nos dix ans, nous avons aussi voulu mettre à l’honneur de grandes signatures anglo-saxonnes venues d’Australie, des Etats-Unis et du Royaume-Uni.  Sans oublier Yoss, passé chez nous en 2003 alors qu’il venait tout juste de publier deux nouvelles ! Ce véritable OVNI de la littérature cubaine nous a donné envie de bousculer les idées reçues en montrant qu’il y a aujourd’hui, pour les écrivains cubains, une alternative à l’exil ou au morne moule de la littérature “officielle”. Derrière la métaphore de la SF (des extraterrestres ont installé un blocus autour de la Terre), Yoss nous parle évidemment des rapports complexes et asymétriques entre un « Grand pays » et un « Petit pays »… Mais il le fait avec une liberté de ton réjouissante qui laisse présager un renouveau de la littérature cubaine insulaire !
 
Actusf : Comment allez-vous fêter les 10 ans du festival ?
Stéphanie Nicot : En accueillant le plus grand nombre possible d’invités (130 et plus ! Autant dire que ça ne sera pas tous les ans fête à ce point !) et en offrant une fête de l’imaginaire au bord de l’eau, le vendredi soir…
 
Actusf : Dis nous un petit mot de l’anthologie officielle. Qui sera au sommaire et quelle est la thématique ?
Stéphanie Nicot : Cette troisième anthologie du festival a fait le choix de sortir des archétypes (on y reviendra sans doute : Princesses & Dragons, ça serait pas mal, non ?) et d’oser un sujet vraiment difficile, pour ne pas dire casse-gueule : Victimes & Bourreaux. Les douze auteurs – quatre fidèles (Pierre Bordage, Lionel Davoust, Jean-Philippe Jaworski, Maïa Mazaurette) et les huit autres, présents au sommaire pour la première fois) – ont réussi à faire de ce pari risqué un florilège de textes originaux et puissants ; certains arrivent, même s’il y a aussi quelques textes glaçants, à redonner foi en la nature humaine (et là, j’avoue que je ne m’y attendais guère !). Je suis donc très impatiente de connaître le verdict des lecteurs…
 
Actusf : Sur un plan personnel, quels sont tes projets ?
Stéphanie Nicot : On en parlera plus tard, si tu veux bien ! En ce moment, je suis « toute Imaginales ! ». D’ailleurs, un festival de cette ampleur, nous le préparons quasi sans interruption, même si la phase initiale de lectures et de contacts me permet de me consacrer à d’autres activités… Plus que mes projets, j’ai envie de citer Robin Hobb, la marraine de ce dixième anniversaire, qui évoque dans notre programme, en quelques phrases chaleureuses, la magie du lieu : «  Quand on me parle de la France, les premières images qui me viennent à l’esprit ne concernent pas la Tour Eiffel ou d’autres monuments que l’on a l’habitude de voir mais plutôt le Magic Mirror au bord de l’eau. Le festival d’Epinal a défini ma première expérience avec la France et il en sera toujours ainsi. »
 
Épinal, le 25 mai 2011

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