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Astar Mara - Les Chemins d'eau, le nouveau roman de Brice Tarvel
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Astar Mara - Les Chemins d'eau, le nouveau roman de Brice Tarvel

Pour fêter la rentrée de la fantasy, nous vous proposons de découvrir une interview de Brice Tarvel au sujet de son nouveau roman, Astar Mara - Les Chemins d'eau, paru le 22 août derniers aux éditions Les Moutons Électriques.

Actusf : L’inspiration, la thématique de ce nouveau roman sont forts différents de celles de Pierre-Fendre, comment est né ce projet ?

"En ce qui concerne Astar Mara, la suggestion fut cette fois : « Écris-nous une fantasy maritime. », accompagnée du titre un peu cabalistique et du sous-titre « Les Chemins d’eau »."

Brice Tarvel : J’aime assez que l’on me demande de me lancer sur un thème. Cela a tendance à me booster. Pour Pierre-Fendre, le boss des Moutons électriques m’a dit : « Écris-nous un récit dont les péripéties se déroulent dans un immense château, façon cycle de Gormenghast de Mervyn Peake. » Je n’avais pas lu ce dernier et choisis de ne pas le faire afin de ne pas être influencé. En ce qui concerne Astar Mara, la suggestion fut cette fois : « Écris-nous une fantasy maritime. », accompagnée du titre un peu cabalistique et du sous-titre « Les Chemins d’eau ». Pas facile, me dis-je, de m’attaquer au monde de la mer, avec son langage particulier, ses manœuvres de bateaux et toutim. Mais c’était en quelque sorte un nouveau défi et je n’eus pas un seul instant l’idée de baisser les bras. Il me fallut chercher ce que signifiaient ces mots en gaélique, Astar Mara, puis, zou, après un chiche synopsis improvisé que l’on me réclamait et auquel je ne me suis guère référé par la suite, c’était parti, je me laissais porter par les flots de mon imagination.

Actusf : Que sont donc ces « chemins d’eau » qui sont votre sous-titre ?

Brice Tarvel : Les voies maritimes, celles qui conduisent d’un point à un autre en évitant les multiples écueils. Astar Mara signife « destination mer ». C’est ainsi que l’on nommait les portulans, ces cartes marines, lorsqu’elles n’étaient que décrites oralement dans les tavernes, chuchotées comme un secret.

Actusf : Le roman s’ouvre sur une citation de Jean Ray : comment vous placez-vous par rapport à cet auteur, de manière générale et de façon plus particulière pour Astar Mara ?

Brice Tarvel : Jean Ray est l’un de mes maîtres. Ce n’est pas pour rien que je me suis employé modestement à reprendre ses aventures de Harry Dickson, aux éditions Malpertuis. J’aime avant tout les ambiances qu’il dépeint dans ses histoires, ses personnages souvent à la fois falots et atypiques, son style porteur d’une agréable désuétude. Comme il a beaucoup écrit sur la mer, ses marins et ses mystères, je me suis appliqué à l’avoir à mes côtés tout au long de la rédaction de mon roman.

Actusf : L’une des protagonistes de Pierre-Fendre était une jeune fille, c’est également le cas ici, n’est-il pas difficile de se glisser dans la peau d’un personnage féminin, quel enjeu cela représente-t-il ?

"Tirer les ficelles d’une héroïne n’est pas plus compliqué que d’animer et de faire parler un Martien, un animal, une crapule ou un fanatique religieux, états qui sont loin de ce que je suis. Ce n’est qu’une affaire de tour de main, de concentration et de sensibilité."

Brice Tarvel : Bah, lorsqu’on est un raconteur, on se trouve amené à se mettre dans la peau de toutes sortes de personnages. J’ai un côté caméléon qui m’a conduit entre autres à écrire en essayant d’imiter tel ou tel auteur, alors cela me facilite la tâche. Tirer les ficelles d’une héroïne n’est pas plus compliqué que d’animer et de faire parler un Martien, un animal, une crapule ou un fanatique religieux, états qui sont loin de ce que je suis. Ce n’est qu’une affaire de tour de main, de concentration et de sensibilité. Les lecteurs sont souvent des lectrices, ne l’oublions pas, voici sans doute pourquoi mon personnage principal est si fréquemment une femme.

Actusf : Sirènes, bateaux, pirates, pôles, îles perdus... vous piochez à pleines brassées dans cet imaginaire maritime, l’aviez-vous déjà approché, tant comme écrivain que comme lecteur ?

Brice Tarvel : Maintes fois en tant que lecteur, beaucoup moins souvent comme auteur, surtout dans une histoire au long cours. J’ai cité Jean Ray, mais je peux ajouter Pierre Loti, Simenon, Robert Gaillard, Serge Brussolo et quelques autres. Et puis je possède deux gros dictionnaires de la mer.

Actusf : Entre Pierre-Fendre et Astar Mara, vous avez publié ailleurs bien d’autres romans, très différents, dites-nous quelques mots ?

Brice Tarvel : J’apprécie la diversité, aussi bien dans mes lectures que dans mes écrits. Je lis et relis Simenon, par exemple, mais aussi Philip K. Dick avec le même plaisir. J’ai écrit des scénarios de BD animalières pour les enfants, des nouvelles sentimentales dans Nous Deux, les aventures fantastiques de Morgane, une collégienne, pour les éditions Malpertuis. Mais également Dépression au Fleuve Noir et Charogne tango pour les défuntes éditions Trash. De la variété, encore et toujours, avec, pour juste milieu, une aventure de Bob Morane de temps à autre. Fantasy, SF, fantastique, polar, et même roman du terroir, je m’efforce de faire des incursions dans tout ce que nous offre l’imaginaire.

Actusf : Vous passez ainsi de sujets en sujets extrêmement différents, pourquoi ne pas vous fxer sur un genre, et que nous préparez-vous d’autre pour la suite ?

Brice Tarvel : Je suis physiquement un sédentaire, pas trop porté sur les voyages. Même ma boîte aux lettres, je la trouve éloignée. Alors je compense dans ma tête, j’effectue des voyages immobiles en ne lésinant pas sur les destinations improbables. Reims-Mars, assis sur ma chaise, devient une rigolade. D’ailleurs, quand il s’agit d’un voyage dans le temps, peut-on pratiquer autrement ? Pour me fixer sur un genre, il faudrait que j’obtienne un succès appréciable avec l’un de mes romans.
Un personnage récurrent dont les lecteurs attendraient la suite des histoires me plairait beaucoup. J’aurais aimé avoir un Sherlock Holmes, un Arsène Lupin, un Tarzan, un Maigret ou un James Bond parmi mon petit cheptel. Ce qui doit venir pour la suite ? J’ai la liste, car je possède toujours le titre avant de passer à l’écriture. La voici, dans le désordre : Crocs rouges – roman de SF ; Les Dossiers secrets de Harry Dickson tome 5 ; Les Évadés du silence – roman de SF (déjà écrit) ; Aube froide – thriller ; La Jonque rouge – un Bob Morane ; Les Années de craie – roman sur ma jeunesse dans les années 50-60. Et puis il est toujours possible que quelque chose vienne chambouler ce programme.

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