C'est après avoir lu Les humanoïdes de Jack Williamson qu'André Ruellan développa son intérêt pour la science-fiction. Après avoir exercé la médecine, il décida de s'adonner à l'écriture et gratifia les lecteurs du Fleuve Noir d'une trentaine de romans dans les collections Angoisse et Anticipation sous divers pseudonymes dont le plus connu reste Kurt Steiner, puis plus tard sous son véritable nom. Il collabora également au journal satyrique Hara-kiri et écrivit de nombreux scénarios pour le cinéma, en particulier avec Jean-Pierre Mocky avec lequel il adapta, entre autres, une nouvelle de Fredric Brown sous le titre L'ibis rouge, et Pierre Richard (Le distrait). Certains de ses meilleurs romans ont marqué plusieurs générations de lecteurs, dont les plus remarquables sont Tunnel, Le disque rayé ou les deux volumes consacrés aux aventures d'Ortog.

 

 

Après la Guerre Bleue, un terrible conflit interplanétaire dont les conséquences désastreuses se font encore sentir des millénaires plus tard, les survivants ont constitué une culture semi-féodale. Leurs descendants sont malheureusement voués à une disparition progressive et qui semble inéluctable. A la tête de la société règnent les Sopharques, servis par les légendaires chevaliers-nautes, de véritables templiers de l'espace. Dâl Ortog n'est qu'un simple berger dont la tâche consiste à s'occuper d'un troupeau de megatheriums, mais la mort de son père le conduira à refuser de se plier aux règles d'une religion officielle qui n'enseigne que la résignation. Coupable d'un sacrilège, il trouvera néanmoins un protecteur et entreprendra une quête qui le conduira jusqu'aux confins de l'univers, à la recherche de la mythique planète des Archanges où résiderait, dit-on, le Prophète Immortel. Au cours de son périple, il devra affronter bien des ennemis, humains, extra-terrestres ou animaux génétiquement modifiés, avant de percer le secret de la terrible maladie qui ronge l'humanité.

 

 

Personnages achétypaux, situations convenues, Deus ou Diabolus ex machina, même si ce roman pouvait sembler original lors de sa parution il faut bien avouer qu'on a vu mieux au cours du demi-siècle qui a suivi sa première édition. Et pourtant ! Et pourtant, on ne sait par quel miracle si ce n'est le talent de l'auteur, la magie opère toujours. Malgré tous ces défauts, Dâl Ortog reste un personnage attachant et la noble quête des chevaliers-nautes à la recherche d'un Graal à l'échelle interstellaire conserve la faculté de nous émouvoir. Il faut dire que Kurt Steiner n'a pas lésiné sur les moyens puisqu'on trouve dans Aux armes d'Ortog une quantité considérable des ingrédients les plus populaires de la science-fiction, depuis les animaux préhistoriques reconstitués grâces à la génétique, jusqu'aux extra-terrestres les plus étranges et belliqueux, en passant par les caissons cryogéniques et autres rayons de la mort. Et comme si cela ne suffisait pas, ce space-opera post-apocalyptique se déroule dans un contexte neo-moyenâgeux digne de l'heroic fantasy la plus classique, le tout culminant dans un final aux implications métaphysiques passionnantes et qui ne donne qu'une envie : lire Ortog et les ténèbres, le second et dernier volume de la série.