Battle Royale (1999), premier (et seul, pour l'instant, bien qu'il soit en train de travailler sur le suivant) roman de Koushun Takami, fut d'abord rejeté de la compétition littéraire où il avait été soumis à cause de son contenu. Publié peu après, le roman fit sensation, suscitant d'un côté les hauts cris, tout en étant acclamé de l'autre comme une réussite à placer à l'égal de Sa Majesté des Mouches de W. Golding.
Il fut rapidement adapté en film (2000, dirigé par Kinji Fukasaku), où Takeshi Kitano joue le nouveau professeur, film qui fût d'ailleurs interdit dans plusieurs pays (dont Singapour), et suivi d’un deuxième épisode, Battle Royale II : Requiem. Une série de mangas adaptés du roman fut publiée à partir de 2003, ainsi qu'une suite, Battle Royale II : Blitz Royale, également scénarisée par Koushun Takami, et un jeu vidéo sur internet, Battle Royale Ultimate.
Un Japon alternatif, 1997
Le Japon est soumis à un régime totalitaire violent et autarcique, où toute forme d'opposition est violemment réprimée, et où les gens peuvent disparaître sans laisser de traces. Mais à part quelques restrictions sur la musique qu'ils ont le droit d'écouter (le rock est interdit, par exemple), les jeunes élèves de la classe de 3eB du collège de Shiroiwa, département de Kawaga ont finalement surtout des soucis bien de leur âge : qui sort avec qui, qui est amoureuse de qui... Jusqu'à un fatal « voyage de classe » pendant lequel ils sont endormis par gaz, puis déposés dans une salle de classe inconnue. Leur nouveau « professeur » principal leur révèle alors qu'ils ont été, tout comme cinquante autres classes de 3e à travers le pays, choisis pour le Programme. Cette institution débutée en 1947, dont ils avaient tous entendu parler sans pouvoir croire qu'ils pourraient être un jour concernés, est censément nécessaire à la défense nationale. Dans chacune des classes, les élèves devront s'affronter entre eux sur un terrain isolé dont ils ne peuvent s'échapper, avec des armes qui sont fournies et tout ce qu'ils pourront trouver, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un en vie. Ils sont tous équipés d'un collier explosif, qui détonera s'ils tentent de s'évader, s'il n'y a pas au moins un mort par 24h, ou s'ils restent dans une zone interdite. Car plusieurs fois par jour, les hauts-parleurs annonceront des zones hors limites, et le terrain de jeu se réduira comme peau de chagrin. Le seul survivant connaîtra la gloire. Les corps des autres serviront à diverses statistiques. Les élèves sortent un par un, et la boucherie peut commencer. Qui survivra plus longtemps ? Et comment mourront les autres ?
Ultraviolence nécessaire ?
Des morts à la chaîne, avec des descriptions très graphiques pour chacune d’entre elles, dans un décompte qui ne va pas sans rappeller celui de Dix petits nègres d'Agatha Christie, du sexe (principalement non consensuel), le tout entre des lycéens qui commencent le jeu innocents pour la plupart...
Bien que le jeu de massacre ait été comparé à celui du roman de Golding, où l'île livrée aux enfants était devenue un endroit de régression (il y a également des hommages à Stephen King, le nom de la ville d’origine des étudiants, Shiroiwa, se traduisant par « Castle Rock »…), les différences sont tout de même notables. La violence est imposée de l'extérieur sur les étudiants, et un nombre conséquent d'entre eux cherche à conserver un fond d'humanité, soit en refusant totalement la participation par le suicide, soit en tentant de fédérer les autres pour tenter de trouver une issue acceptable. A ce niveau, d'ailleurs, le manque de profondeur des personnages pose un véritable problème, le lecteur ayant parfois l'impression de se retrouver face à des marionnettes bien-pensantes auxquelles on a du mal à s’attacher, et, face à eux, les « méchants » sont de véritables sociopathes irrécupérables. Mais le jeu est soigneusement conçu, aucune coopération durable n'est possible, car un seul étudiant sera retourné au monde du dehors à la fin. Toute collaboration ne peut être que transitoire, et elle est dés le début entachée par l'inéluctable future trahison. Et même si les élèves peuvent coopérer, comment éviter que ce ne soit pour venir à bout de d'autres de leurs camarades, et parfois de leurs ex-amis ? C'est probablement là le plus grand intérêt de ce roman, pousser à la réflexion sur ce que nous connaissons réellement de nos amis et collègues, et sur la manière dont nous réagirions placés dans des circonstances aussi extrêmes (même si la crédibilité de l'idée de départ est discutable).
Le voyeurisme et le choc étaient ils réellement nécessaires pour faire passer ce message ? Ce n'est pas totalement certain, d'autant plus que la fin s'avère décevante, plus en relation avec la bidimensionalité des personnages qu'avec une réflexion plus poussée que le roman serait censé déclencher... Au final, un roman qui réussit plus dans l'aspect divertissement (pour autant que ce terme puisse s'employer avec un sujet et un traitement pareil), qu'à introduire un sujet profond. Ajoutez à cela un style qui ne casse pas trois pattes à un canard (bien entendu, la part de responsabilité de la traduction est difficile à déterminer), et vous obtenez une lecture agréable qui accroche le lecteur page après page, mais qui ne restera pas forcément dans les mémoires une fois le volume refermé. Un comble pour un traitement aussi provocateur…
Il fut rapidement adapté en film (2000, dirigé par Kinji Fukasaku), où Takeshi Kitano joue le nouveau professeur, film qui fût d'ailleurs interdit dans plusieurs pays (dont Singapour), et suivi d’un deuxième épisode, Battle Royale II : Requiem. Une série de mangas adaptés du roman fut publiée à partir de 2003, ainsi qu'une suite, Battle Royale II : Blitz Royale, également scénarisée par Koushun Takami, et un jeu vidéo sur internet, Battle Royale Ultimate.
Un Japon alternatif, 1997
Le Japon est soumis à un régime totalitaire violent et autarcique, où toute forme d'opposition est violemment réprimée, et où les gens peuvent disparaître sans laisser de traces. Mais à part quelques restrictions sur la musique qu'ils ont le droit d'écouter (le rock est interdit, par exemple), les jeunes élèves de la classe de 3eB du collège de Shiroiwa, département de Kawaga ont finalement surtout des soucis bien de leur âge : qui sort avec qui, qui est amoureuse de qui... Jusqu'à un fatal « voyage de classe » pendant lequel ils sont endormis par gaz, puis déposés dans une salle de classe inconnue. Leur nouveau « professeur » principal leur révèle alors qu'ils ont été, tout comme cinquante autres classes de 3e à travers le pays, choisis pour le Programme. Cette institution débutée en 1947, dont ils avaient tous entendu parler sans pouvoir croire qu'ils pourraient être un jour concernés, est censément nécessaire à la défense nationale. Dans chacune des classes, les élèves devront s'affronter entre eux sur un terrain isolé dont ils ne peuvent s'échapper, avec des armes qui sont fournies et tout ce qu'ils pourront trouver, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un en vie. Ils sont tous équipés d'un collier explosif, qui détonera s'ils tentent de s'évader, s'il n'y a pas au moins un mort par 24h, ou s'ils restent dans une zone interdite. Car plusieurs fois par jour, les hauts-parleurs annonceront des zones hors limites, et le terrain de jeu se réduira comme peau de chagrin. Le seul survivant connaîtra la gloire. Les corps des autres serviront à diverses statistiques. Les élèves sortent un par un, et la boucherie peut commencer. Qui survivra plus longtemps ? Et comment mourront les autres ?
Ultraviolence nécessaire ?
Des morts à la chaîne, avec des descriptions très graphiques pour chacune d’entre elles, dans un décompte qui ne va pas sans rappeller celui de Dix petits nègres d'Agatha Christie, du sexe (principalement non consensuel), le tout entre des lycéens qui commencent le jeu innocents pour la plupart...
Bien que le jeu de massacre ait été comparé à celui du roman de Golding, où l'île livrée aux enfants était devenue un endroit de régression (il y a également des hommages à Stephen King, le nom de la ville d’origine des étudiants, Shiroiwa, se traduisant par « Castle Rock »…), les différences sont tout de même notables. La violence est imposée de l'extérieur sur les étudiants, et un nombre conséquent d'entre eux cherche à conserver un fond d'humanité, soit en refusant totalement la participation par le suicide, soit en tentant de fédérer les autres pour tenter de trouver une issue acceptable. A ce niveau, d'ailleurs, le manque de profondeur des personnages pose un véritable problème, le lecteur ayant parfois l'impression de se retrouver face à des marionnettes bien-pensantes auxquelles on a du mal à s’attacher, et, face à eux, les « méchants » sont de véritables sociopathes irrécupérables. Mais le jeu est soigneusement conçu, aucune coopération durable n'est possible, car un seul étudiant sera retourné au monde du dehors à la fin. Toute collaboration ne peut être que transitoire, et elle est dés le début entachée par l'inéluctable future trahison. Et même si les élèves peuvent coopérer, comment éviter que ce ne soit pour venir à bout de d'autres de leurs camarades, et parfois de leurs ex-amis ? C'est probablement là le plus grand intérêt de ce roman, pousser à la réflexion sur ce que nous connaissons réellement de nos amis et collègues, et sur la manière dont nous réagirions placés dans des circonstances aussi extrêmes (même si la crédibilité de l'idée de départ est discutable).
Le voyeurisme et le choc étaient ils réellement nécessaires pour faire passer ce message ? Ce n'est pas totalement certain, d'autant plus que la fin s'avère décevante, plus en relation avec la bidimensionalité des personnages qu'avec une réflexion plus poussée que le roman serait censé déclencher... Au final, un roman qui réussit plus dans l'aspect divertissement (pour autant que ce terme puisse s'employer avec un sujet et un traitement pareil), qu'à introduire un sujet profond. Ajoutez à cela un style qui ne casse pas trois pattes à un canard (bien entendu, la part de responsabilité de la traduction est difficile à déterminer), et vous obtenez une lecture agréable qui accroche le lecteur page après page, mais qui ne restera pas forcément dans les mémoires une fois le volume refermé. Un comble pour un traitement aussi provocateur…