Pourquoi avons-nous choisi de publier BIOS de Robert Charles Wilson ?
Sébastien Guillot : Fin 2000 / début 2001 : l’on propose au tout jeune éditeur que je suis un texte susceptible de devenir le premier inédit anglo-saxon de « folio SF », la collection dont j’ai alors la charge. Son auteur, Robert Charles Wilson, n’est nullement un inconnu (il a déjà pondu des textes comme Mysterium, ou Darwinia dont je viens de me délecter), mais n’a pas encore atteint le statut qui sera le sien après la publication de la trilogie SPIN.
Ledit texte a pour titre BIOS, et il m’impressionne par sa densité à une époque où régnait déjà le Roman Ventripotent. En trois cents et quelques pages, par des touches aussi subtiles qu’efficaces, Wilson parvient à nous dresser le portrait d’une société du futur incroyablement crédible, celui – fort émouvant – d’une jeune femme portant sur ses épaules des enjeux qui la dépassent, à insérer une bonne dose de sense of wonder planet-opératique… le tout en rendant un évident hommage à l’un des chefs-d’œuvre du genre, le Solaris de Stanislas Lem.
Ni une ni deux, ce roman sera le premier inédit de « folio SF », celui sur lequel nous – moi-même et son traducteur, Gilles Goullet – nous ferons les dents, pendant six longs mois d’allers-retours aussi édifiants que formateurs.
Les cheminements de l’édition étant ce qu’ils sont, l’ouvrage va à présent connaître une nouvelle vie aux Editions ActuSF, qui pour l’occasion nous ont demandé – à son traducteur, Gilles Goullet (que tous les éditeurs s’arrachent désormais) et à moi-même –, de relire et le cas échéant de parfaire la traduction de l’époque. Curieux exercice, de revenir quinze ans dans le passé, très SF pour le coup – et qui nous a permis de voir, à la fois qu’on avait fait du plutôt bon boulot, mais aussi qu’on avait pas mal progressé depuis…
Quant au texte… j’estime, en toute subjectivité, qu’il a extrêmement bien vieilli. Ce monde post-cyberpunk, cette exploration planétaire qui se termine sur une touche presque métaphysique… Et Zoé, une héroïne que je trouve toujours aussi touchante, dont le destin saura, j’en suis certain, émouvoir une toute nouvelle génération de lecteurs.