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Black-out

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 24/08/2012  -  livre
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Black-out

Connie Willis, née en 1945 à Denver, Colorado, est l'une des grandes dames de la science-fiction américaine. Récompensée plusieurs fois pour ses romans et nouvelles, elle a rejoint le Science Fiction Museum and Hall of Fame en 2009. Parmi ses titres les plus remarquables, on peut citer Le Grand LivreSans parler du chien ou encore Passage. Black-out, qui a remporté comme Le Grand Livre le triplé Hugo, Nebula et Locus, est la première partie d'un dyptique dont la seconde, All Clear, est attendu pour le début d'année 2013.
 
Une plongée dans la Seconde Guerre mondiale...
 
2060, Oxford. Pour étudier l'histoire, plus besoin de s'absorber dans les témoignages de l'époque : on peut maintenant la vivre. Les historiens voyagent régulièrement dans le temps pour observer eux mêmes les grandes périodes de notre Histoire. Polly, Merope et Michael sont envoyés à trois moments et endroits différents durant la Second Guerre mondiale, et plus particulièrement pendant le Blitz, période de bombardements intensifs au-dessus de l'Angleterre entre septembre 1940 et mai 1941. Mais que faire quand tout semble échapper à votre contrôle ? Et si la seule porte de retour vers votre présent était irrémédiablement fermée ?
 
 
... pour le moins ratée
 
Ce qui frappe en premier, c'est la richesse de la reconstitution de l'époque. Le roman est extrêmement bien documenté et tout, du rationnement aux abris dans le métro, de l'emplacement des bombardements aux navires présents lors de l'évacuation de Dunkerque sont fidèlement restitués. En cela, Black-out est une réussite : on assiste à une formidable immersion dans une période tourmentée de la Seconde Guerre mondiale et la vie quotidienne des Londoniens et des Anglais en général.
 
Malheureusement, c'est peut-être la seule qualité que l'on peut trouver au roman de Connie Willis. Les personnages principaux, les trois historiens, sont peu crédibles et constamment en train de se plaindre de l'impossibilité, momentanée, à rejoindre leur époque au lieu de faire ce pour quoi ils ont été envoyés dans le passé : étudier, prendre des notes, vivre le moment.  Il est d'ailleurs incroyable que ces historiens soient aussi peu préparés tant ils sont dépassés par les événements à chaque seconde qui passe : peu documentés, peu au fait des moeurs des années 1940, leur seule solution dès qu'un problème surgit étant de compter sur leur retour à Oxford, en 2060, pour le régler. La réponse se trouve d'ailleurs peut-être dans les départs précipités de deux des protagonistes : ni Polly ni Michael n'étaient véritablement prêts à embarquer pour 1940 et ils passeront les centaines de pages à suivre à regretter de ne pas avoir étudié plus en prévision de ce saut. Encore une fois, il est sidérant de voir avec quelle désinvolture ces historiens traitent une immersion dans le passé... et encore plus dans une période dangereuse : c'est la Seconde Guerre mondiale après tout !
 
Dialogues interminables et maladroits, situations improbables (la quantité de cliffhangers ridicules sur lesquels se terminent les chapitres est trop grande pour ne pas énerver à la longue), enchaînements d'événements sans grand intérêt, qui ne servent qu'à ralentir l'intrigue générale... s'il y en a une. Car le récit ne semble aller nulle part sauf à présenter le plus grand nombre d'excuses bancales à l'absence de ces fameuses équipes de récupérations, censées venir chercher les historiens quand quelque chose dérape. 
 
On manque à s'intéresser aux tribulations de ces trois personnages tant la seule chose qui semble les motiver est se plaindre sur des pages et des pages quand les choses ne semblent pas se passer comme ils l'auraient espérer. Il est vrai que le sort semble s'acharner contre eux (la raison sera peut-être, ou pas, dévoilée dans la suite, pour ceux qui auront la patience de tenir jusque là) mais le manque de ressources et de réaction qu'ils font preuve lasse.
 
650 pages pour qu'il ne se passe rien, ou presque, c'est long, trop long même. Et encore une fois, le roman pourrait être sauvé par les tranches de vie des Londoniens en 1940, souvent tristes, parfois dramatiques mais toujours vues d'un côté positif, sans une once de défaitisme. Mais les jérémiades interminables de Polly et des autres ne font que plomber ces parenthèses trop peu nombreuses. Et même l'introduction d'un nouveau facteur dans le dernier chapitre (qui se termine aussi sur un cliffhanger, on vous avez prévenus), ne réussira pas à empêcher le roman de sombrer dans l'ennui le plus complet.
 
Black-out n'est pas un roman de science-fiction : certes, l'intrigue de départ repose sur le voyage dans le temps mais il semble bien plus s'intéresser aux petits soucis d'historiens peu dégourdis et projetés dans une époque où, contrairement à eux, les gens se sont révélés plein d'ingéniosité et de ressources. Les héros ne sont pas ceux qu'on croit... Alors pourquoi avoir inséré une pseudo trame science-fictive, et des personnages peu sympathiques et franchement inutiles, quand le but - et l'auteur le dit elle-même -  est de mettre en lumière ces héros anonymes tout au long du Blitz ?
 
Dommage, car ce qui aurait pu être une formidable reconstitution du Blitz, avec un éclairage différent d'un simple roman ou essai historique, se perd dans l'inconsistance des trois protagonistes principaux et d'une intrigue qui traîne en longueur et qui ne semble pas vouloir être résolue. 

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