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Cité de vérité

Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/07/1998  -  livre
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Cité de vérité

Philosophique et satirique, c'est ainsi que l'on pourrait résumer l'œuvre de James Morrow, auteur de l'excellente trilogie En remorquant Jehova. Ses livres teintés d'humour sont de ceux qui provoquent la réflexion tout en sachant rester distrayants et font de la science-fiction un domaine littéraire indispensable. Cité de vérité a obtenu le prix Nebula en 1992 dans la catégorie novella et c'est un petit livre qui mérite vraiment que l'on s'y plonge.

Toute la vérité...

Les habitants de la cité de Veritas sont conditionnés dès leur plus jeune âge à ne jamais mentir. Jack Sperry est un fervent défenseur de cette règle puisqu'il est critique d'art au musée Wittgenstein, un emploi qui consiste à détruire toutes les copies d'une œuvre afin de n'en conserver que l'original. Lorsqu'il découvrira que son jeune fils est atteint d'une maladie dont l'issue fatale est inéluctable, Jack se trouvera placé face à un terrible dilemme : doit-il lui dire la vérité sur son état, dans ce monde où le Père Noël et la petite souris des dents sont interdits de séjour ? Il décidera de contacter un groupe de rebelles, les Dissimulateurs, afin de chercher l'espoir là où il se trouve : dans le mensonge...

Rien que la vérité ?


Voilà une idée simple et qui peut évidemment donner lieu à nombre de situations comiques, ce dont l'auteur ne se prive pas, surtout dans la première partie consacrée à la vérité. Les problèmes pratiques soulevés par l'abus de celle-ci ne manqueront pas de faire sourire. A Veritas, même les métaphores sont hors-la-loi et la seule poésie acceptable ne peut que refléter une réalité sans fard comme le démontre ce charmant poème d'anniversaire :

« Les roses meurent, ma chère
Et les violettes aussi
Chaque jour abrège la vie
Joyeux anniversaire »


La seconde partie du livre, après le ralliement de Jack Sperry à la cause des Dissimulateurs, est axée sur le mensonge et très différente dans son approche. L'ambiance devient plus triste et les émotions plus denses à mesure que la froideur de la vérité nue fait place à un espoir illusoire, comme si l'unique façon d'échapper à la douleur était le mensonge. Malheureusement, les mirages finissent toujours par se dissiper...

Le philosophe de la SF

James Morrow structure son histoire autour d'un thème de réflexion précis, et donne ainsi l'occasion au lecteur de se pencher sur la nature de la vérité, du mensonge et de l'usage que l'on peut en faire. Le roman soulève un problème universel car même s'il semble évident que le meilleur des mondes n'est pas celui où règne la langue de bois,  nul ne niera l'absurdité d'un univers dans lequel le mensonge serait interdit en toutes circonstances. Dans ces conditions, comment faire coïncider vérité et compassion, rêve et rigueur scientifique ?

James Morrow illustre ce thème avec talent, bien que certains esprits chagrins pourraient regimber devant le côté un peu mélodramatique de la dernière partie, pourtant nécessaire à la conclusion de l'histoire. Cité de vérité reste un livre de qualité que l'on ne regrette pas d'avoir lu : court, clairement structuré, distrayant et qui donne matière à réfléchir avec une simplicité dépourvue d'artifices. Une fois de plus, en allant droit au but, James Morrow nous prouve qu'il n'est pas indispensable d'être abscons pour avoir l'air intelligent...

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