La poursuite du partenariat Bragelonne/Hellfest.

Le genre musical qu’est le Metal a des liens particulièrement étroits avec les genres de l’Imaginaire et particulièrement avec la Science-fiction, la Fantasy et le Fantastique (SFFF). Nombreux sont les ponts entre les univers d’un groupe, voire d’un sous-genre entier (le power metal par exemple) et les récits et l’imagerie de nos romans préférés

Un partenariat entre la plus imposante maison d’édition de l’Imaginaire et le festival metal le plus connu en France (et même au-delà) n’était qu’une question de temps. On pourra à ce propos évoquer la création, il y a quelques années déjà, du prix Hellfest attribué par les festivaliers à un roman édité par Bragelonne. La collaboration qui a abouti à cet ouvrage n’est qu’une suite logique.

Quant aux auteurs, je ne vais pas présenter Lovecraft, mais plutôt Sébastien Baert, très simplement : c’est son premier ouvrage en tant qu’auteur, mais sa connaissance du genre est grande, et pour cause, il accumule 12 années d’expériences dans la presse Metal.

Un documentaire aux atours de thèse universitaire.

Ce n’est pas un roman! Ce n’est pas un recueil de nouvelles ou même d’essais : c’est réellement un documentaire. Sébastien Baert revient sur le mythe construit par Lovecraft et démontre jusqu’où l’influence de l’auteur s’est étendu dans les sphères musicales. L’ensemble de l’ouvrage est structuré méthodiquement et parsemé d’extraits soit de textes de Lovecraft, soit de paroles de morceaux. Une partie est également dédiée aux illustrations d’albums du genre.

Un livre pour les passionnés ?

J’avais peur que le livre ne s’adresse aux passionnés de Lovecraft et du Metal (ce qui limitait le public cible considérablement), mais le préambule a désamorcé mes craintes : l’ouvrage s’évertue à tout reprendre du début pour combler vos lacunes.

Néanmoins, les exposés très détaillés des influences de Lovecraft sur chaque groupe de Metal et de ses ascendants, prends parfois la forme d’une encyclopédie. C’est passionnant quand vous connaissez les groupes mais quand vous ne connaissez pas, soit vous allez écouter trois ou quatre fois leur discographie pour bien vous en imprégner, soit vous passez au groupe d’après. Il y a de toute façon beaucoup trop d’informations pour tout retenir !

Je ne connais pas tant Lovecraft mais je suis un metalleux de la première heure. J’ai été, par ailleurs, littéralement subjugué par la prestation de The Great Old Ones au Théâtre de Denain lors du “In Theatrum Denonium”, prestation où Lovecraft était presque physiquement présent sur scène. Ce livre m’a donc permis d’en savoir plus et de comprendre mieux ce lien incroyable entre la musique et le mythe lovecraftien. Mais en toute honnêteté, je ne connaissais pas la moitié des groupes correctement... Malgré mon petit bagage dans le genre musical!

Je vais donc donner un avis en demi-teinte. Il n’était pas envisageable de ne parler que des groupes les plus connus, ça aurait été presque scandaleux. Mais du coup, face à ce déluge d’informations, on ne peut pas en tirer totalement profit à la première lecture. Il faut prendre le temps de découvrir tous ces groupes que l’on ne connait pas, (re)lire toutes les œuvres de Lovecraft qui nous interpellent et relire Cthulu Metal, groupe par groupe, petit à petit. Ainsi, à l'heure où j'écris ma chronique, je n'ai pas encore fait tout ce travail de relecture avertie.

Vous n’êtes pas obligés de tout connaître pour l’apprécier mais il vous faut une vraie envie d’en savoir plus et de prendre du temps pour tout découvrir. En outre, ce n’est pas un livre qui se lit d’une traite si l’on veut garder avec nous une part du savoir compilé entre ses pages en le refermant. Dans tous les cas, le travail de l’auteur est incroyable (vraiment!) tant il est minutieux et précis. Il mérite vraiment que l'on y accorde de l'attention.

A quand donc un ouvrage dédié à Tolkien comme source d’inspiration inépuisable de groupes de metal?