A l'occasion de la parution du troisième volet des aventures des Chevaliers de la raclette, Nadia Coste revient sur l'écriture de Dans les pas de Mandrin.
On en profite pour vous rappeler que Nadia Coste sera en dédicace aujourd'hui au Repaire Mandrin à Saint-Genix-Sur-Guiers près de Chambéry, de 17h à 19h.
Actusf : Qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler autour de ce personnage de Mandrin ?
Nadia Coste : Quand nous avons commencé à travailler sur le concept de la série des Chevaliers de la Raclette, avec Jean-Laurent Del Socorro, nous avons évoqué de nombreux évènements historiques emblématiques de la Savoie et de la Haute-Savoie, et j’ai immédiatement eu les yeux brillants en imaginant pouvoir utiliser le personnage de Mandrin. J’aime son côté « Robin des Bois » local, et j’avais eu l’occasion de rêver, enfant, en visitant des grottes et en imaginant le contrebandier y cacher des trésors…
Ça a été l’occasion pour moi d’en apprendre plus sur l’homme et de dissocier les faits historiques de la légende !
Actusf : Vous vous situez quelques semaines avant son arrestation. Pourquoi avoir choisi cette période ?
Nadia Coste : Mandrin a fait six campagnes, entre 1754 et 1755. La période de sa gloire a donc été assez courte. D’autant que ses campagnes se déroulaient en France, et qu’il revenait se cacher en Savoie (qui n’était pas française, à l’époque). Les périodes où Mandrin se trouvait en Savoie étaient donc encore plus courtes ! Je ne voulais pas me situer trop près de son arrestation, car je savais déjà que mes héros ne pourraient pas l’empêcher… Mais j’ai découvert la légende des « bottes à Mandrin », où il aurait échappé à une arrestation. L’anecdote avait du potentiel mais il me manquait la date exacte… alors j’ai reconstitué les deux dernières campagnes de Mandrin pour situer le moment où il serait passé à proximité du Val-du-Fier, et il m’a semblé que le début du printemps 1755 était plausible.
Actusf : Parlez nous aussi des gorges et de leurs légendes dans lesquels nos petits héros vont devoir s'avancer. Qu'est-ce qui vous a plu dans cet endroit ? Est-ce que la légende est vraie ?
Nadia Coste : Ah ! La Dame du Fier ! C’est une légende façon dame blanche qui remonte aux années où la peste avait ravagé la région (1629). Il n’était bien sûr pas question d’envoyer mes jeunes héros en pleine épidémie de peste ! Mais j’aimais l’idée d’une histoire dans l’histoire : pourquoi les personnages de 1755 ne pouvaient pas, eux aussi, se projeter dans le passé en imaginant la région une centaine d’années plus tôt et avoir leurs propres peurs et superstitions liées aux mêmes lieux ?
Je ne sais pas quelle part de l’histoire de la Dame du Fier est vraie, mais elle a suffisamment marqué les esprits pour que la légende perdure aujourd’hui…
Actusf : Le fil rouge entre tous les tomes de la série se poursuit, s'étoffe même. Comment travaillez-vous avec Jean-Laurent Del Socorro sur cette intrigue générale ? Vous discutez de l'évolution des personnages ?
Nadia Coste : Oui, nous avons beaucoup échangé avec Jean-Laurent, surtout pour savoir quel groupe de héros découvre quoi, à quel moment l’intrigue générale avance, quand est-ce que cela se résout… nous avons posé les jalons jusqu’au tome 6, ce qui permettra de suivre chacun des héros dans un tome centré sur son personnage. Nos discussions ont permis de déterminer quel personnage serait le narrateur de chaque tome. Lequel serait le plus intéressant à ce moment-là. Ils avaient chacun du potentiel, nous voulions les utiliser au mieux !
C’est aussi pour cela que nous n’alternons pas les tomes l’un après l’autre : nous avons réfléchi à ce qui servirait le mieux la série (Jean-Laurent aura écrit les tomes 1, 4 et 5, et moi les 2, 3 et 6 !).
Dans les deux premiers tomes, on est vraiment dans l’aventure, les copains, sauver le monde… dans les quatre suivants, on découvre la vérité sur la fameuse ombre qu’ils retrouvent dans le passé, et cela va être le moteur des intrigues… même si l’aventure et les copains sont toujours au rendez-vous !
Actusf : Y'a-t-il d'autres moments de l'histoire de la Savoie qui vous donnent envie de raconter des histoires ?
Nadia Coste : Les questions identitaires, avec les rattachements de la région à l’Italie, les occupations françaises, espagnoles… il y aurait beaucoup à dire entre le XVe et le XVIIIe siècle !
Mais pourquoi pas quelque chose de plus proche de nous ? J’ai de nombreux souvenirs liés aux Jeux Olympiques d’Albertville en 1992, alors que pour les jeunes lecteurs, cela fait partie de l’Histoire, bien avant leur naissance… j’aime l’idée de jouer sur ce contraste !
Et j’avoue que je suis fascinée par la Balme à Collomb où se trouve la Grotte de l’ours : il y a beaucoup à faire sur cet endroit, entre l’époque préhistorique où des milliers d’ours sont venus hiberner, et les années 80 où la grotte a été découverte… il y a de fortes chances que mes héros retournent faire un tour du côté du Granier !
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement, quels sont vos projets ?
Nadia Coste : Du voyage dans le temps (encore !), cette fois-ci en co-écriture avec ma sœur, Pauline. Un roman pour ados qui casse les clichés sur l’homme préhistorique… il devrait paraître, si tout va bien, au printemps 2021 sous le titre « Devine de quand je t’appelle » !
Et puis je travaille également sur un gros projet de fantasy pour ado, « La Cité du Savoir », qui me prend plus de temps que prévu, mais où je m’amuse avec la magie des mots, et la question de l’intelligence qui n’est pas forcément scolaire… il me faut encore un peu de temps, pour ce roman-là !
Propos recueillis par Jérôme Vincent.