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Demain le jour - Les secrets d'écriture de Salomon de Izarra
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Demain le jour - Les secrets d'écriture de Salomon de Izarra

Avec Demain, le jour, Salomon de Izarra signe un roman à l'ambiance sombre, quasi lovecraftienne, au Label Mu (Mnémos).
A l'occasion de sa sortie aujourd'hui, l'auteur revient sur l'écriture de ce nouveau récit.

Actusf : Demain le jour, votre nouveau roman sort prochainement au Label Mu. Comment celui-ci est-il né ?

Salomon de Izarra : Il est d’abord né de la volonté de dépasser le format court dont j’avais l’habitude – un défi en quelque sorte, afin de me prouver que j’étais capable d’écrire une œuvre plus complexe et plus exigeante. Quant au récit et aux personnages, ils ont été d’abord improvisés à partir de la première phrase du roman – qui a donné lieu à un paragraphe, puis une page, un chapitre, etc. – jusqu’à ce qu’une structure se dégage d’elle-même.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ? Comment avez-vous créé vos trois protagonistes/survivants ?

Salomon de Izarra : L’intrigue est fort simple et toute carcérale : trois personnages rescapés d’un accident de train se retrouvent piégés dans une petite ville des Vosges hantée par d’immondes créatures. Ils vont donc devoir survivre à ce cauchemar et, pourquoi pas, s’en échapper.
Les trois personnages ont été créés presque par hasard. Pour Paul Rudier, alors que je commençais tout juste à rédiger la première page, je me suis surpris à vouloir un salaud charismatique, qui aurait commis des atrocités mais qu’on ne pourrait haïr ; Armand Létoile est arrivé juste après, car sa sensibilité devait servir de contrepoids, sans tomber dans le simple pathos ; enfin, pour Suzanne, il m’a semblé qu’un personnage féminin et plus jeune donnait l’avantage d’un regard plus critique sur son époque.
J’ai fini par comprendre au milieu de la rédaction avoir voulu interpréter à ma façon plusieurs aspects de Martin Eden, le célèbre héros de Jack London, via des personnages cabossés par la vie mais combatifs et cultivés.

Actusf : Comme vos précédents récits, Nous sommes tous morts, Camisole, Demain le jour comporte une part très lovecraftienne.
Qu’est-ce qui vous fascine chez Lovecraft ? Qu’avez-vous envie de faire ressentir au travers de vos textes ?

Salomon de Izarra : Lovecraft a le talent de la description si précise qu’elle en devient difficilement imaginable tout en restant visuelle, ce qui est une prouesse d’équilibriste. De même, s’il est désormais réputé pour son cosmicisme, ses nouvelles horrifiques « non-cthulhuesques » sont des modèles de narration à la première personne, et je ne parle pas des ambiances qu’il parvient à dessiner, qui sont, à mon sens, extrêmement convaincantes – mention spéciale pour « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », qui rappelle le meilleur de la littérature gothique.
Au travers de mes écrits, je cherche moins l’effroi du lecteur que son intérêt, l’envie qu’il se confronte à des personnages que j’espère sinon mémorables, du moins convaincants. Idem pour les nombreuses références que j’ai glissées, qui sont un appel à la curiosité.

Actusf : La mort, la folie, les cauchemars… sont des thèmes qui semblent récurrents dans vos écrits. Pourquoi ?

Salomon de Izarra : Ce sont des thématiques universelles et faciles à mettre en scène. Tout comme Allan Poe l’avait prouvé avec « Le Corbeau » qu’il avait écrit sans y mettre le moindre sentiment et afin de prouver qu’il était possible et facile de le faire. De surcroît, elles sont très présentes parmi mes auteurs fétiches et offrent la possibilité de donner au récit plusieurs couleurs, d’y mélanger plusieurs genres. Enfin, je les utilise surtout comme des prétextes pour développer autre chose – ici, le passé des personnages, la guerre, la prison –, comme une porte d’entrée vers des thèmes inattendus.

Actusf : Outre Lovecraft, avez-vous des sources d’inspiration en particulier ? Je pense notamment à la musique, mais également au cadre historique. Avez-vous du faire beaucoup de recherches ?

Salomon de Izarra : J’admire Jack London, Stefan Zweig, Maupassant, Melville, Kessel, Orwell, Hugo, Verlaine, Wilde… la liste est bien trop longue.
Concernant la musique, j’apprécie énormément le Metal, notamment « Septicflesh » dont l’album « The Great Mass » a été une référence importante pour Demain, le jour, mais aussi « Xanthochroid », « Wintersun », « Deathspell Omega », « Blut aus Nord », « Dimmu Borgir », et surtout « As Light Dies ».
Je n’oublie pas le cinéma, et ne citerai qu’It Follows, dont une scène m’a tellement marquée que je m’en suis inspiré dans mon roman.
Pour le cadre historique, je me suis contenté de recherches de surface, avec des photographies, quelques documentaires, articles, etc. J’avais à cœur de conserver un cadre spatio-temporel crédible tout en m’émancipant du réel afin de créer mon propre terrain de jeu – l’essence du roman étant moins le contexte géopolitique que l’introspection des personnages.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous désormais ?

Salomon de Izarra : J’ai bien un nouveau projet de roman polyphonique auquel je réfléchis depuis un an et demi, mais rien de bien concret pour le moment.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les prochaines semaines ?

Salomon de Izarra : Je l’ignore encore moi-même !

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