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Le Sang des Parangons - Les secrets d'écriture de Pierre Grimbert
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Le Sang des Parangons - Les secrets d'écriture de Pierre Grimbert

A l'occasion de la sortie en août du Sang des Parangons, Pierre Grimbert revient sur l'écriture de ce nouveau roman à paraître aux éditions Mnémos.

Actusf : Après votre grand cycle de Ji (dont Le Secret de Ji) et celui de Gonelore, vous voici de retour avec Le Sang des Parangons, un roman de fantasy épique à paraître prochainement aux éditions Mnémos. Quelle a été l’idée à l’origine de ce récit ? Est-ce un nouveau cycle ?

Pierre Grimbert : Dans la plupart de mes textes, l’action se concentre sur un groupe composé d’une poignée de personnages : la fameuse compagnie de héros caractéristique de l’epic-fantasy. Cette fois, j’avais très envie de mettre en scène plusieurs dizaines de personnages, de front, sans concentrer particulièrement l’intérêt sur l’un ou l’autre. Et avec ce postulat, je prévoyais aussi que tous ne survivraient pas à leur aventure ; loin de là. Certains ont finalement réussi à se démarquer, à travers le récit, comme s’ils arrachaient véritablement leur survie au destin que je leur avais réservé. D’autres ont eu un sort contraire, et se sont retrouvés sacrifiés par la logique du groupe et des événements que j’avais mis en place. Là était ma principale idée de départ : réunir une escouade de personnages très différents, censés être les meilleurs dans leurs spécialités, puis les plonger dès les premiers chapitres dans des épreuves pour lesquelles ils ne peuvent attendre aucun secours. Tous se retrouvent ainsi face à leurs véritables faiblesses, leurs différences et leurs motivations parfois contraires, dans un huis-clos aux ambiances de fin du monde. Le tout forme un récit en un seul volume, mais inévitablement, j’ai déjà pris des notes pour lui donner une suite, si les conditions sont réunies. Car il m’est impossible de passer plusieurs mois sur un univers sans avoir envie de le développer encore et encore.

Actusf : Le Sang des Parangons marque votre retour en fantasy adulte. Vous aviez envie d’aborder des sujets en particuliers ?

Pierre Grimbert : Outre le traitement particulier réservé aux personnages, j’avais envie d’entraîner les lecteurs dans une véritable exploration périlleuse, comme s’ils y participaient eux-mêmes, presque en temps réel. Le premier thème qui me vient à l’esprit serait donc « aventure ». D’autant que je me considère avant tout comme un auteur de divertissement. Mais en confrontant des hommes et des femmes si différents aux pires dangers, en les plaçant devant des choix difficiles, en m’efforçant de donner une justification aux actes de chacun, ne suis-je pas aussi en train de prendre l’humanité elle-même, comme sujet ? Avec beaucoup d’humilité, bien entendu.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Pierre Grimbert : « Le Sang des Parangons » évoque donc un monde qui vit ses dernières décennies. Dans cet univers aux allures médiévales, le monde semble se disloquer, la terre s’ouvre parfois pour engloutir des cités entières, les montagnes crachent des torrents de feu, les océans avalent des royaumes… Beaucoup de peuples se croient encore à l’abri, mais les phénomènes s’accélèrent d’année et année et il est évident que tout le monde finira par être touché. Dans ces conditions, les hommes ont fait la seule chose qui semblait à leur portée : prier les dieux, encore et encore, pour les supplier d’intervenir. Mais tous les rituels, tous les sacrifices sont restés vains. Alors, les hommes ont osé envoyer des délégations vers le cœur de leur montagne sacrée, symbole commun à toutes les religions, où est censé se trouver le palais souterrain des éternels. Aucun des soldats ou des pèlerins n’est malheureusement revenu de ces expéditions ; la montagne se contentant le plus souvent de vomir leurs cadavres. Ainsi, dans une ultime tentative d’aller implorer les dieux, les hommes ont réuni une délégation de la dernière chance : celles des Parangons, censés être les meilleurs de leurs peuples respectifs. La majorité du récit suit donc le parcours de cette escouade de plusieurs dizaines de personnes, devant affronter aussi bien les dangers de leur progression que ceux engendrés par leurs différences.

Actusf : On suit donc le parcours d’un groupe plutôt hétéroclite, avec des mercenaires se tenant aux côtés de chevaliers, rois et reines. Pourquoi ce choix ? Comment avez-vous créé ces personnages ?

Pierre Grimbert : La diversité d’origines, de valeurs morales et de motivations devait être présente, pour montrer l’étendue des manières différentes de ces personnages de considérer les choses. Si tous avaient été de valeureux champions prêts à se sacrifier pour la réussite de leur mission commune, l’histoire n’aurait pas eu grand intérêt. Je voulais que certains connaissent le doute, la peur ou l’aveuglement. Je voulais qu’ils aient des conflits de groupe, puisqu’ils peuvent avoir des traditions et des croyances contraires. Je voulais qu’il y ait de la jalousie, de l’orgueil et de la trahison, aux côtés du courage, du dévouement et de la fidélité… Bref, qu’il y ait le plus large panel possible des comportements humains dans des situations extrêmes. Et que les origines de chacun ne les prédisposaient pas forcément à l’un ou l’autre profil.

Actusf : Le monde du Sang des Parangons est au bord du gouffre, peut-on y voir une allégorie de notre propre monde ?

Pierre Grimbert : C’est certain. Sauf que le changement climatique et la disparition d’espèces toujours plus nombreuses, par exemple, n’ont malheureusement rien d’imaginaire. Chacun doit réfléchir à ce qu’il peut faire, s’informer, et agir concrètement, à son échelle bien sûr. Chaque petit geste vaudra toujours mieux que rien du tout… On ne peut pas se contenter de se déclarer impuissants et de rejeter les responsabilités et les attentes de solutions sur les autres.

Actusf : Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous du faire beaucoup de recherches pour retranscrire cette ambiance épique et poétique dont vous avez le secret ?

Pierre Grimbert : Merci beaucoup pour ces mots très gentils. Et, non, je n’ai pas fait de recherches ; c’est l’un des avantages du genre fantasy, en tout cas pour moi. Je suis avant tout dans l’imaginaire, et je me fiche totalement de savoir s’il est réellement possible de toucher une cible à l’arbalète à cent mètres de distance, pour inventer un exemple. L’important est de faire passer l’émotion d’un exploit. Et pourquoi les arbalètes d’un monde imaginaire ne seraient-elles pas trois fois plus puissantes que celles que nous connaissons ? Bref, je me contente de veiller à la vraisemblance générale, tout en gardant à l’esprit que l’intrigue évoque des choses extraordinaires, et qu’il me faudra bien amener le lecteur à cette fameuse « suspension d’incrédulité » nécessaire au voyage. PS : pour le coup j’ai vérifié, un tir à cent mètres paraît possible, chouette.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographiques ou encore musicales pour cet univers ?

Pierre Grimbert : Pas vraiment. Ou alors elles sont multiples, diluées, accumulées pendant ce premier demi-siècle d’existence (déjà). Tout devient source d’inspiration, les rencontres que nous faisons, les informations que nous recevons, la manière dont les gens les perçoivent, les partagent, les commentent. Et je peux avoir autant d’émerveillement, si ce n’est davantage, devant le ballet des abeilles sur mes buissons de lavande que devant une série TV bien conçue. Bref, quand j’écris, mon univers imaginaire est déjà en place dans mon esprit ; je n’ai besoin que de temps et de silence pour pouvoir le décrire sereinement.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous dorénavant ?

Pierre Grimbert : Sur plusieurs projets, à différents stades d’avancement, la plupart en epic-fantasy. J’espère pouvoir en dire davantage très bientôt, notamment via ma newsletter, qui va sortir de son hibernation pour accompagner la parution du « Sang des Parangons ».

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Pierre Grimbert : Les dédicaces de l’automne s’organisent ; j’en reporterai les dates sur mon site www.pierregrimbert.com. À très bientôt donc !

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