- le  
L’Enterrement des étoiles - Les secrets d'écriture de Christophe Guillemain
Commenter

L’Enterrement des étoiles - Les secrets d'écriture de Christophe Guillemain

A l'occasion de la parution le 25 février de L’Enterrement des étoiles, la pépite de l'imaginaire 2022 des éditions Mnémos, Christophe Guillemain revient sur l'écriture de ce premier roman.

Actusf : L’Enterrement des étoiles, votre premier roman paraît prochainement aux éditions Mnémos. Comment est né ce roman ? Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume ?

Christophe Guillemain : J'ai toujours inventé des histoires, d'une manière ou d'une autre. Lorsque j'étais gamin, je dessinais des monstres dans un cahier, un par page, je leur inventais un nom et une histoire. J'essayais d'écrire des Livres Dont Vous Êtes le Héros, j'aimais particulièrement ceux de J.H. Brennan. J'ai eu une période à vide pendant les études supérieures, puis je m'y suis remis. J'ai écrit des scénarios de courts et de longs métrages. J'ai eu des collaborations intéressantes, mais c'est dans la littérature que j'ai trouvé la liberté de m'exprimer.
J'ai commencé l'écriture de L'Enterrement des étoiles il y a environ six ans. Ce texte n'est pas venu facilement. J'avais l'impression d'être le contorsionniste de mon histoire, enfermé dans sa jarre, obsédé par ses rêves... J'ai fait des pauses, le temps d'écrire des nouvelles et d'autres romans, généralement mis au rebut. J'ai réécrit une bonne partie du texte l'année dernière, principalement pour tisser un lien entre deux personnages, et donner une ampleur nouvelle à l'intrigue. Je ne me souviens plus quelle idée m'est venue la première, mais j'avais déjà écrit une histoire mettant en scène une compagnie de cirque : le personnage principal était un garçon un peu falot qui accomplissait des actes héroïques sous hypnose. La première version du bossu Tristo existe aussi dans un autre de mes textes.

Actusf : De quoi cela parle-t-il ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Christophe Guillemain : Les étoiles ont disparu, assombrissant la nuit. Même le soleil est plus pâle. Au moment où débute l'histoire, la célébration de l'Extinction doit rappeler aux hommes ce qui a été perdu à cause de leur folie. C'est l'occasion de cruelles chasses expiatoires. Nous suivons le destin d'une troupe, formée pour l'essentiel de personnages maudits, difformes ou malades. Lors de leur arrivée dans la cité des Héritiers, ces mal-nés vont être directement mêlés à la prophétie qui annonce la fin de ce monde en même temps que la réouverture de la porte menant au paradis. C'est un voyage désespéré vers la lumière, dans un monde d'illusions et de faux-semblants où chaque personnage est porteur d'un secret. Les monstres ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Actusf : On y suit donc une compagnie de monstres de foire. Comment les avez-vous créé ? Vous êtes-vous basé sur les troupes qui existaient par le passé ?

Christophe Guillemain : Je ne me suis pas précisément inspiré d'une troupe ayant existé, comme celle du cirque Barnum. Les particularités ou difformités de mes personnages ont un lien et font sens avec leur histoire personnelle, leur destin, ainsi qu'avec le monde dans lequel ils évoluent.

Actusf : Qui sont ces petites lumières luttant dans cet univers crépusculaire ? Pouvez-vous nous les présenter ?

Christophe Guillemain : Parmi les principaux membres de la troupe, vous rencontrerez le leader Todestre, surnommé le Moribond, le bossu Tristo et son amante, la magicienne Jyss, le muet Ylias, ainsi que Poppiela et Sébaste, deux jeunes funambules qui sont cloués au sol à cause d'un mal qui les transforment en créatures végétales. Il y a aussi le couple formé par la femme dorée et l'homme sauvage... Sans oublier le contorsionniste Matifas, qui ne sort de sa jarre que la nuit venue.
Et un ours peu farouche.

Actusf : Que représentent-ils à vos yeux ? Avez-vous un personnage préféré ? Pourquoi ?

Christophe Guillemain : La compagnie représente une micro-société de marginaux, des vagabonds qui luttent pour leur survie dans un univers d'oppression fanatique. Ils ne s'en sortiront qu'à condition de rester soudés. J'aime tous mes personnages, mais mon préféré est le bossu Tristo. C'est un ancien truand. Il est excessif, de mauvaise foi, colérique. Il agit comme s'il était indifférent au sort du monde, mais il est plus sensible qu'il n'y parait. Ses dialogues étaient amusants à écrire.

Actusf : Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous du faire beaucoup de recherches pour créer votre univers ?

Christophe Guillemain : J'aime utiliser des lieux symboliques qui font sens avec les autres éléments de l'histoire.
Du coup, je n'ai pas créé cet univers indépendamment de l'intrigue et des personnages. Par exemple, les maisons de la cité de Naacht sont ornées de masques au regard obnubilé, parce qu'elles sont tournées vers l'ancienne porte du paradis, vers laquelle tout converge, y compris les personnages. Quant aux créatures fantastiques, j'aime utiliser des figures classiques, par exemple le vampire, ou reprendre des éléments connus de la mythologie pour les détourner et les mettre au service du récit.

Actusf : Pourquoi écrire de l’imaginaire ? Est-ce plus simple pour aborder certains sujets ou est-ce juste un genre que vous aimez ?

Christophe Guillemain : À vrai dire, je ne me pose pas la question, je vois de l'imaginaire et du rêve partout, des empilements de récits et de fantasmes. Mais en effet, je pense qu'un texte que l'on pourrait qualifier d'extraordinaire, dans le sens où il étonne par sa singularité, permet de toucher le public par sa poésie, ses images, ou la force de ses symboles.
J'essaie d'aborder le sujet de la différence, oui, mais aussi de la solitude, de l'impossibilité de communiquer. Il est aussi question de rédemption et de réparation de l'âme.

Actusf : Quelles ont été vos sources d’inspiration ? Je pense notamment au roman Souviens-toi des monstres de Jean-Luc André d’Asciano.

Christophe Guillemain : Je n'ai pas encore lu ce roman, mais le pitch est alléchant !
Certains de mes thèmes sont influencés par le cinéma expressionniste, Nosferatu ou Le Cabinet du docteur Caligari. Et puis, je suppose que j'ai été marqué dans ma jeunesse par des films comme Freaks de Tod Browning, Elephant Man, de David Lynch, les films de Jodorowsky... Je lis également tout ce qui est traduit d'Edogawa Ranpo, qui convoque souvent l'anormalité dans ses histoires policières, et ses adaptations en mangas de Suehiro Maruo.
Pendant l'écriture, je me suis imprégné des ambiances de fêtes foraines en lisant Cristal qui songe, de Théodore Sturgeon, La Foire des ténèbres, de Ray Bradbury, Nightmare Alley de W.L Gresham… Mais ces textes ne m'ont pas inspiré à proprement parler.
Sinon, plus généralement, j'aime le charme désuet des romans fantastiques du XIXème, début XXème.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Christophe Guillemain : J'ai plusieurs projets en cours, dont l'un, dans la même veine que L'Enterrement des étoiles, prend place dans une Auvergne alternative.
J'ai aussi un court roman fantastique dans les tuyaux. Un huis-clos.

à lire aussi

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?