Claude Aziza est maître de conférences honoraire de latin à l'Université Paris 3 - La Sorbonne-Nouvelle. Il est également secrétaire général du Festival International du film d'Histoire de Pessac. Spécialiste du XIXe siècle, de la culture populaire et des fictions portant sur l'Antiquité, il a dernièrement publié Dictionnaire Murena (2017) avec Jean Dufaux et Philippe Dulaby chez Dargaud.
Une publication à l'occasion d'une date anniversaire
En mars 1818 est paru Frankenstein ou Le Prométhée moderne sous la plume d'une jeune romancière Mary Shelley. Claude Aziza décide aujourd'hui de rendre hommage à l'auteur, son ouvrage, ses influences, son univers et les nombreuses adaptations en tous genres.
Le choix du dictionnaire
Le Dictionnaire Frankenstein se veut comme étant un livre qui s'adresse autant aux fans qu'aux néophytes de l'univers de l'ouvrage. Claude Aziza, maître de conférences et passionné, se fait ici un grand plaisir avec cette publication. J'ai moi-même été interpellée par l'aspect "marketing" de sa dénomination, ce dictionnaire semble à tous points de vue être l'incontournable du genre. Si le format "dictionnaire" s'avère probablement plus facile d'accès et plus vendeur, ma première impression est qu'il ne se justifie pas pour autant. Claude Aziza est un véritable passionné, certes, dans ces pages on sent bien qu'il cultive une véritable admiration pour son auteur dont la rencontre semble avoir littéralement bouleversé sa vie. Bref, en clair "c'est la groupie qui parle de Frankenstein". En tant que néophyte, j'ai trouvé ça touchant et oui, force est de constater que ça m'a bien donné envie d'en savoir plus.
Néanmoins Claude Aziza reste un universitaire, et le style ne trompe pas même si la démarche se veut accessible avec ce dictionnaire, la pagination par ordre alphabétique n'échappe pas aux digressions et ainsi, plus qu'un ouvrage relatif à l'univers de Frankenstein, on a ici un prétexte à l'auteur de nous faire partager ce qu'il aime plus généralement, à savoir son auteur, la littérature du XIXe et ses adaptations cinématographiques des années 1930, période dont il est lui-même également un grand admirateur. Moralité, on a affaire un à dictionnaire sur Frankenstein, mais pas que. Même si la lecture se veut aisée, notre cher Aziza n'échappe pas aux redites, comme l'en attestent ses nombreuses évocations sur la vie de cette chère Mary Shelley (il faut reconnaître qu'elle était bien triste !) ou les adaptations cinématographiques avec Igor Karloff (c'est effectivement c'est LA vision que tout le monde assimile au personnage de la Créature). Bref, du coup j'ai envie de dire, pourquoi un dictionnaire si c'est pour se répéter ? C'est compliqué. Ce genre d'ouvrage se lit probablement de manière assez libre, un passage par-ci par-là lorsque l'envie nous prend. Mais le chroniqueur n'a pas 6 mois pour donner son avis et je l'ai lu d'une traite, je n'aurais peut-être pas dû, mais du coup, les redites passent mal, comme si on s'acharnait à m'expliquer des choses pour que ça me rentre dans le crâne, ou que j'avais en face de moi un passionné qui me disait "mais oui c'est génial parce que ci, parce que ça". En y repensant, je me demande si Claude Aziza ne connaîtrait pas par hasard un autre maître de conférences à la Sorbonne dont j'ai eu l'occasion de suivre les cours, également amateur de littérature du XIXe siècle et de films en noir et blanc (Antoine Guémy si tu me lis). Ils auraient probablement tant de choses à se dire, car j'ai eu l'impression de lire le même personnage, et il y a fort à parier qu'ils s'entendraient très bien.
Mais voilà que je pars moi aussi dans des digressions. La démarche de l'ouvrage est noble et c'est à saluer. En dehors des redites c'est précis et complet. J'ai bien ri lors de l'évocation de tous les nanars répertoriés, sa prose était nettement moins universitaire ça c'est clair et j'ose ainsi espérer que l'auteur n'a pas pris la peine de tous les regarder (mais vu le passionné, il y a fort à parier que si !). Bref, après la lecture, chacun peut ainsi briller en société par ses connaissances frankensteinesques, et ça c'est super chouette.