Si le nom de Carl Dreadstone est presque inconnu, malgré ses novellisations des plus emblématiques films d’horreur des années trente et quarante, ce n’est certainement pas le cas de l’un des deux auteurs qui se dissimulent derrière ce pseudonyme (le second étant un certain Robert Harris). En effet, Ramsey Campbell est l’un des plus fameux d’entre les spécialistes d’histoires effrayantes. Les amateurs des collections Épouvante de J’ai lu et Terreur Pocket se souviendront d’avoir frissonné à la lecture de Parasites ou de La poupée qui dévora sa mère… Avant de trouver sa propre voie littéraire, il a été marqué par l’univers de Lovecraft au point d’en faire le cadre de quelques-uns de ses textes. Robert Howard a également fait partie de son trajet d’auteur, puisqu’il a repris et complété plusieurs nouvelles inachevées du colosse texan…

Quand la science persiste dans ses errements les plus dramatiques…

La foule rassemblée autour des ruines fumantes du refuge où se terrait le monstre peut se réjouir, il ne reviendra plus. Pourtant, quelques sceptiques en doutent et pensent avoir vu la créature impie échapper à son funeste destin… Au château Frankenstein, la mort du vieux baron plonge les habitants de la demeure ancestrale dans le désespoir. Non seulement le vieillard était un homme de grande valeur, mais il était le seul à pouvoir dissuader son fils Henry de reprendre ses horribles travaux. Même l’amour d’Elisabeth, sa fiancée, sera incapable de le retenir lorsque son ancien professeur de médecine, le docteur Pretorius, vient lui rendre visite et l’invite à l’assister dans de nouvelles et funestes expériences… Le duo prométhéen parviendra-t-il à créer une compagne à celui dont l’existence est déjà un blasphème ?

L’amour est un monstre !

Comment procède-t-on lorsqu’il s’agit de novelliser un film jouissant d’un statut aussi légendaire que La fiancée de Frankenstein ? Carl Dreadstone a opté pour la solution la plus évidente : faire preuve d’humilité afin de rendre scrupuleusement compte de l’ambiance et travailler à partir du scenario, avec une innovation, cependant. Grâce à lui, nous pouvons enfin plonger dans les sensations et les émotions éprouvées par la créature, vivre à ses côtés la peur, la colère et les espoirs déçus. Bien entendu, cette adaptation n’atteindra jamais la profondeur du chef d’œuvre de Mary Shelley et en lisant, nous ne pourrons non plus nous imaginer une créature différente de celle que l’interprétation magistrale de Boris Karloff a rendue légendaire, mais l’effort des deux écrivains reste méritoire et ne lassera que ceux qui ont vu cent fois son insurpassable original au cinéma… ou l’exhilarante parodie qu’en a tiré Mel Brooks avec Frankenstein junior (ou plutôt devrais-je dire Frankensteen ?)