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Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Louis Gastebois
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Dimension Uchronie n°1 - L'interview de Louis Gastebois

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 1, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Louis Gastebois revient sur l'écriture de sa nouvelle, Projections.

Bertrand Campeis : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?

Louis Gastebois : Bonjour, je m’appelle Louis Gastebois. Comme mon nom ne l’indique pas, je suis Alsacien et ait toujours vécu dans cette région que j’aime à la fois par son histoire, complexe, sa gastronomie et ses vins, efficaces pour le moral lors des longues soirées hivernales, et sa nature, qui ne se résume pas seulement aux coteaux bien ordonnés mais aussi aux paysages tourmentés et préservés des Vosges.
J’ai grandi à Strasbourg, une ville faite de différentes strates temporelles s’étalant du Moyen-Age au 21ème siècle, à l’ombre de la Cathédrale qui m’a toujours fait penser à une fusée Saturn 5 gothique.
Après avoir soigneusement raté mes études puis enchaîné différents petits boulots, je suis devenu assistant social, voilà une vingtaine d’années, un métier qui m’a permis certaines rencontres relevant littéralement de la science-fiction.
Mon parcours d’écrivain a débuté par un parcours de lecteur, lecteur de science-fiction évidement. Même si avec le temps, j’ai élargi mes goûts en matière de lecture, la science-fiction a toujours fait partie de ma vie dès mon plus jeune âge.
J’ai commencé à écrire des nouvelles vers l’âge de 17/18 ans pour imiter mes écrivains préférés. Puis, le déclic est venu au début des années 90. Ma petite amie de l’époque m’a offert un carnet relié dans lequel j’ai commencé à tenir un journal intime. Aujourd’hui, je le tiens toujours ; c’est devenu une sorte d’addiction car si je n’y écris pas au moins deux à trois fois par semaines, je me sens mal.
Le deuxième déclic est venu pendant une période de chômage durant laquelle pour passer le temps, j’ai écrit quelques nouvelles dont une que j’ai fait lire à un ami qui animait des ateliers d’écriture. Elle lui a plu, aussi il m’a conseillé d’en faire un roman. Ce que j’ai fait. Je l’ai ensuite proposé à différents éditeurs sans succès. En le relisant, je le comprends tout à fait : c’était tout simplement mauvais.
J’ai alors participé à un concours de nouvelles organisé par la revue Galaxies : nouveau refus mais ils m’ont encouragé à proposer mes textes à une revue d’amateur, Miniatures, éditée par un fan, Chris Bernard. Il a très gentiment accepté de publier plusieurs de mes nouvelles puis j’ai obtenu un prix au concours qu’il organisait annuellement pour une nouvelle sur le docteur Watson, l’ami de Sherlock Holmes.
Mis à part mon journal, je me suis ensuite éloigné de l’écriture pour des raisons à la fois professionnelle et personnelle. Jusqu’en 2016, année où ça a recommencé à me démanger et durant laquelle j’ai publié un recueil chez un web-éditeur.

Bertrand Campeis : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Louis Gastebois : D’une certaine manière l’uchronie a toujours fait partie de ma vie. En effet, un évènement particulier a marqué mon enfance. Il m’a littéralement fait quitter la voie sur laquelle je circulais dans ce grand bordel qu’on appelle la vie pour me propulser sur une autre, très différente. Aujourd’hui encore, il m’arrive de m’interroger sur ce que je serais devenu si cet évènement n’avait jamais eu lieu. Et c’est exactement les questions auxquelles les personnes que je rencontre dans le cadre de mon travail d’assistant social sont confrontées. C’est pourquoi, je pense que nous baignons tous, plus ou moins, dans l’uchronie.
Contrairement à beaucoup, sans doute, l’œuvre uchronique qui m’a le plus marqué n’est pas Le maître du Haut Château, même si c’est un roman que j’adore. Mon roman uchronique préféré est Roma Aeterna de Silverberg, d’une part parce que je suis fasciné par l’antiquité et d’une autre part parce que Silverberg est capable de créer de l’émerveillement avec une économie de moyens et un réalisme que j’ai toujours trouvé bluffant.

Bertrand Campeis : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Louis Gastebois : Très simplement : j’ai trouvé l’appel à texte sur un site recensant les concours d’écriture et appels à textes. J’ai envoyé un mail à Bertrand pour lui demander de me confirmer qu’il ne s’agissait pas d’un fake. Et comme il m’a répondu par l’affirmative, je lui ai soumis mon idée qu’il a acceptée en me souhaitant bon courage.

Bertrand Campeis : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Louis Gastebois : Assez rapidement finalement. Elle est constituée de courts passages. Je les ai rédigés un peu comme un patchwork et ensuite je les assemblés pour en faire quelque chose d’à peu près cohérent.

Bertrand Campeis : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Louis Gastebois : Le Point de Divergence se situe dans les années 70, au moment où un illuminé adepte de Stanley Kubrick cherche à le tuer parce qu’il l’a déçu alors qu’il le prenait pour une sorte de Messie depuis 2001, l’odyssée de l’espace. Mais le hasard fait que ça n’est pas Kubrick qui se prend la balle fatale mais George Lucas. La suite est facile à imaginer…

Bertrand Campeis : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Louis Gastebois : Prétendre faire passer un message me paraît un peu prétentieux. Ma seule ambition, c’est que les lecteurs prennent du plaisir à me lire, et éventuellement qu’ils se disent que l’histoire avec un grand H peut parfois basculer à la faveur d’évènements microscopiques au regard de l’univers. Un peu comme dans la théorie du papillon.

Bertrand Campeis : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Louis Gastebois : Non. Ma « production » se fait au gré de mes envies ou inspirations et il peut parfois se passer plusieurs années entre deux textes de fiction car les deux sont très capricieuses.

Bertrand Campeis : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Louis Gastebois : D’une part, je voulais remercier Bertrand qui a fait confiance à un inconnu. Et d’une autre part, je dirais que l’une des choses que j’aime dans la science-fiction, c’est que tout finit par s’y transformer en uchronie. Lorsque j’étais jeune, j’aimais beaucoup lire les anticipations à court terme, style Tous à Zanzibar de John Brunner. La plupart de ces romans se passaient dans les années 90. A l’époque, c’était le futur, aujourd’hui, c’est de l’uchronie. Eh bien, je suis sûr que même Dune (10191 après la Guilde, tout de même !) deviendra un jour de l’uchronie.

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