Hommage et francophilie. Tels sont les deux thèmes de ce numéro 19 de Galaxies. L’hommage est celui dédié à Serge Delsemme, écrivain de SF décédé récemment. Entre les lettres souvenirs de ses amis, on pourra goûter une nouvelle fois la saveur particulière de la plume de ce personnage. Pour l’histoire, N.H.P. nous conte une rencontre entre Terriens et Extraterrestres mais du point de vue de ces derniers (la manière dont ils nous perçoivent, les efforts qu’ils concèdent pour s’adapter à leurs interlocuteurs humains)… C’est drôle, un peu moraliste et surtout sacrément plaisant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Serge Delsemme maîtrisait à fond son sujet et pouvait prétendre véritablement au statut d’écrivain, même si l’essentiel de son œuvre est constituée de nouvelles. Il en possédait largement le talent. Souhaitons qu’un éditeur ait un jour la bonne idée de publier un recueil de ses meilleurs récits. C’est plus que jamais indispensable.
Une nouvelle tirée d'Omale
Passé ce petit moment de recueillement, on pourra se laisser aller à feuilleter les autres pages de la revue dont un fort sympathique dossier sur Laurent Genefort. Chose étrange (mais compréhensible), ce n’est que la quatrième fois que Galaxies consacre un dossier à un auteur français. Sans rentrer dans le débat pour savoir si le choix est judicieux, l’article et l’interview qui lui sont consacrés permettront de découvrir un peu plus cet auteur qui en 12 ans de carrière a quand même publié 24 romans et pas mal de nouvelles. C’est d’autant plus impressionnant que son œuvre est un peu à part dans la science fiction. Pourquoi ? La raison est simple : avant d’être un écrivain, Genefort est d’abord un concept. Pratiquement tous ses livres (à une exception près) se passent dans le même univers de space opéra. Les planètes changent, les histoires changent, mais le background reste fixe. C’est ce qu’il appelle la Panstructure. Cela ne l’empêche pas d’élaborer des intrigues diverses et variées. D’ailleurs, pratiquement tous ses romans se lisent indépendamment les uns des autres. Son prochain bouquin n’échappera pas à la règle. Omale (à venir chez J’ai Lu) sera une exploration supplémentaire.
Les fans de Genefort attendent maintenant depuis au moins six bons mois la publication de ce roman, le premier à paraître chez un autre éditeur que le Fleuve Noir. Pour eux, Galaxies contient une surprise : une nouvelle se passant sur la même planète, histoire de se familiariser avec ce monde recouvert d’une gangue rendant invisible les étoiles. Cette absence conjuguée à un isolement total a conduit les colons à développer d’étranges croyances au fil des années. Leurs descendants soutiennent mordicus qu’ailleurs n’existe pas. Le Créateur a crée Omale, et juste Omale, pour que les hommes puissent s’épanouir. Bien sûr, tout le monde n’est pas d’accord. Le capitaine Roland en est le parfait exemple. Il veut monter une expédition pour partir à la recherche de ce qui semble être un vaisseau spatial perdu dans le désert. Malheureusement, tout le monde n’a pas intérêt à ce qu’il réussisse sa mission.
Tout simplement excellente, cette nouvelle complète bien le dossier consacré à Genefort et donne envie de découvrir son prochain roman. Il semblerait qu’il soit d’un autre niveau que le décevant Une Porte sur l’Ether récemment paru.
Un conte de Noël
Dernier auteur à se démarquer de ce numéro, Connie Willis nous livre ici un sympathique conte de Noël. Sa nouvelle met en scène une amélioration générale du caractère de l’humanité à l’approche des fêtes de fin d’année. Les conducteurs s’arrêtent aux feux rouges, les clients font la queue des heures avec bonne humeur dans les grands magasins pour acheter en pagaille des cadeaux pour tous, la mesquinerie a disparue etc. Bref, c’est trop beau pour être vrai ! Et si cette gentillesse débordante était le symptôme visible d’une sournoise invasion extraterrestre ? Son héroïne mène l’enquête. Voilà une nouvelle franchement divertissante et qui se lit facilement. Du pur Connie Willis en somme !
En résumé et pour conclure, ce numéro de Galaxie est encore une réussite grâce au choix judicieux de ses nouvelles. De quoi patienter agréablement en attendant un spécial Orson Scott Card promis pour le prochain numéro.
La chronique de 16h16 !