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Duma Key

Stephen King ( Auteur), William Desmond (Traducteur), Jae Song (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 01/04/2009  -  livre
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Duma Key

Le Stephen King nouveau est arrivé. Le maître de l’horreur (Shining, Carrie, Ça…), qui a terminé récemment son grand cycle de La Tour Sombre, semble s’interroger de plus en plus sur l’origine et le pouvoir de la création. Après Histoire de Lisey, voici Duma Key qui met en scène un peintre dont les œuvres influent sur la réalité. King reste ainsi dans la veine fantastique qui le caractérise.

La nouvelle vie d’Edgar Freemantle

Edgar Freemantle est un entrepreneur immobilier qui s’est fait une petite fortune sans faire de vague, avec sa femme Pam et ses deux filles Melinda et Ilse. Mais cette vie-là se termine lorsqu’Edgar se fait écraser par une grue de chantier, perdant un bras dans l’accident. La convalescence est longue, et Edgar, frappé par des trous de mémoire qui le mettent en colère, devient invivable. Pam le quitte et Edgar est au bord du suicide. Son psychologue, Kamen, lui conseille de partir quelque temps loin des siens. Edgar choisit Duma Key, petite île de la côte de Floride, où vivent Wireman, un homme d’une cinquantaine d’année, et Elizabeth, une vieille femme ancienne mécène atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Edgar entame sa nouvelle vie en se découvrant un don : celui du dessin. Très vite, ses toiles impressionnent, sans qu’il en comprenne la raison – pour lui, c’est une nécessité, et il peint souvent en transe, avec son bras fantôme qui le démange. Lorsqu’il se rend compte que ses œuvres ont une influence sur la réalité, il comprend que son don n’a rien de naturel. Tout cela pourrait être lié à ce qui est arrivé à Elizabeth étant petite. Car une force maléfique est en train de se réveiller sur Duma Key, et Edgar est peut-être le seul à pouvoir la défier.

Du King pur jus…

Les habitués de Stephen King seront sans aucun doute en terrain familier, et les autres auront l’occasion de mettre à l’épreuve la « recette King ». Une recette généralement efficace, dont on pourrait lister les ingrédients avec des phrases tirées du livre.

« La vérité est dans les détails » : Duma Key est un roman qui se construit petit à petit, à l’aide de détails qui, en s’agglomérant, vont former une vérité plus vaste. Que ce soit le passé des personnages, leurs souvenirs les plus anodins, ou des objets a priori sans intérêt, tout a une importance chez King, tout a un rôle. Le hasard n’a pas sa place, tout répond à une logique qui mènera au dénouement – quel qu’il soit. Et l’auteur sait en jouer, il sait nous appâter en mettant volontairement l’accent sur un personnage, un objet, ou en dévoilant un malheur futur sans nous en dire davantage. Il installe ainsi un suspense sans arrêt renouvelé.

« Voir, c’est croire » : Stephen King possède une puissance d’évocation toujours impressionnante. Ces images font mouche à chaque fois, il nous donne à voir, et ainsi parvient à nous faire croire. On peut tout accepter de King : il saura trouver le moyen de nous faire avaler les plus grosses couleuvres.

« Nous étions tous les trois ici parce que quelque chose le voulait » : comme presque tous les romans de King, Duma Key est une histoire du Bien contre le Mal. Et c’est l’union de personnages a priori différents (ici Edgar, Wireman et le jeune Jack), réunis dans un lieu spécifique par un hasard qui n’en est peut-être pas un, qui permettra au Bien de triompher. Vu comme ça, cela peut paraître naïf, basique. Mais comme dit plus haut, on l’accepte facilement, car ces personnages possèdent une force de caractère, une volonté qui donne envie de les suivre. Et leur évolution au cours du roman est l’un des points forts de Duma Key.

… mais un jus un peu fade

Si les ingrédients sont donc bien là dans Duma Key, ils peinent cependant à prendre. Certes, King a le don pour trouver un potentiel surnaturel et romanesque à tout et n’importe quoi – ici la perte d’un membre. Certes, il décrit toujours aussi bien l’environnement dans lequel évoluent ses personnages. Certes, la réflexion sur l’origine et la puissance de la création artistique – thème principal du roman – est intéressante, cohérente et menée à son terme.

Mais il faut bien se rendre à l’évidence : tout ceci est bien trop long. Plus de 650 pages au cours desquelles on se passionne et on s’ennuie tour à tour. Aucun passage n’est inutile, mais Stephen King délaye à l’envi. Rien n’est mauvais, mais le sentiment final est qu’on a passé beaucoup trop de temps sur une histoire qui n’en valait pas autant. Car le dénouement est somme toute assez banal, coule presque de source, il n’y a pas d’apothéose. De plus, l’auteur recycle la bonne vieille figure du genre horrifique de la poupée vivante, vecteur d’un esprit immatériel (maléfique ou non).

Duma Key aurait certainement gagné à être plus court, plus épuré. Alors, King s’enfermerait-il dans une routine littéraire visant à appliquer toujours la même recette éprouvée sans se remettre en cause ? Peut-être est-ce ce que ses fans attendent de lui. Toujours est-il que Duma Key, s’il reste d’un niveau correct, n’est pas totalement convaincant.

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