Défaillances Systèmes, premier opus d’une quadrilogie intitulée Journal d’un AssaSynth, publié en 2017 (aux USA), par Martha Wells, autrice résident au Texas, ayant déjà publié une quarantaine de romans.

Un androïde qui aime les séries...

L’histoire est celle d’une expédition scientifique, sur une planète inconnue, réunissant quelques scientifiques ainsi qu’une « SecUnit », un androïde chargé de la protection de son équipe. Mais cet androïde ne fait rien dans les règles : ayant un passé d’assassin (d’où le titre Journal d’un Assassynth), elle a « hacké » son module superviseur, qui faisait d’elle le sujet d’un humain. Elle est désormais « libre » et passe son temps libre à regarder des séries.

Sur la planète hostile, l’androïde a sauvé la vie à deux membres de l’équipe, en proie à une créature native qui n’a pas été recensée dans leurs archives. Première défaillance du système. Plus tard, lors d’une reconnaissance terrain, les cartes téléchargées sont incomplètes, et les zones de danger n'apparaissent plus. Seconde défaillance système. Y aurait-il un complot ? Est-ce vraiment une défaillance du système, ou y a-t-il une volonté d’éliminer l’équipe ? Que peut faire l’androïde pour gérer la situation ? Ainsi est posée l’intrigue du roman.

Question de frontière entre l'androïde et l'humain...

L’action est rondement menée, l’intrigue se poursuit, les rebondissements sont réguliers. Le roman est narré du point de vue de l’androïde, et cela nous le rend d’autant plus humain. Et c’est là toute la force du roman : la question émotionnelle, la conscience et le libre-arbitre chez un androïde.

On est en droit de confondre l’androïde avec l’humain sur plusieurs plans ; et c’est ce qu’il arrive à l’un des protagonistes : « Mais… » Il semblait troublé. « Tu as clairement des sentiments » peut-on lire page 44. Sur ce point le roman rejoint celui de Philip K. Dick Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? où le chasseur d’androïde Rick Deckard fait passer des tests pour déterminer le niveau d’empathie, savoir si c’est un androïde. Et la frontière est floue. Dans le roman de Martha Wells, l’androïde essaie de mettre une distance avec ses clients, mais on sent qu’il éprouve quelque chose, il a ses préférences parmi les humains qu’il protège.

Attention spoiler :

Le libre-arbitre. L’androïde aspire à la liberté, et ce, dés les premières pages où l’on apprend qu’il a piraté son module superviseur. Mais c’est sur les dernières pages, où l’androïde révèle vouloir contrôler son destin, quand il refuse qu’on lui conseille ce qu’il devrait faire : « Je ne sais pas ce que je veux. […] Le problème c’est que je refuse qu’on me dise quoi faire ou qu’on choisisse à ma place ». Finalement, il se révèle comme nous, en recherche de liberté, et d’exercer son libre-arbitre, c’est-à-dire d’être soi-même la cause, la décision.

En conclusion, c’est un roman à lire teinté de philosophie, qui ne s’étale pas en description mais qui privilégie l’action tout en soulevant des questions, en nous mettant dans la peau d’un androïde si humain qu’on éprouve à son endroit autant d’empathie que s’il était véritablement humain.