Depuis la parution des Guerriers du silence en 1993, Pierre Bordage est devenu une valeur sûre de la science-fiction française. Il a enchaîné ensuite sur le cycle de L'Enjomineur, publié chez L’Atalante, qui prenait pour décor la Révolution française. On lui doit aussi plus récemment Les Dames blanches (L’Atalante, 2015) et Résonances (J’ai lu, 2015). Ce dernier ouvrage souffrait d’un sentimentalisme qui desservait un ensemble pourtant intéressant. Alors ce court roman qu’est Échos dans le temps permettra-t-il de redresser le tir ?

 

 

Kort arrive du futur dans le jardin de la maison du père de Jeanne. Celle-ci, atteinte d’une maladie mortelle, le recueille et l’aide à se remettre du choc de la translation temporelle. Elle apprend bientôt que Kort est là pour retrouver trois autres voyageurs qui ont fui leur époque pour le XXIe siècle. Jeanne accepte de l’aider surtout qu’elle ressent fortement la vibration temporelle émise par les voyageurs. Comme elle n’a plus rien à perdre, elle accepte de l’aider et l’accompagne jusqu’au Bhoutan. Elle espère ainsi vivre quelque chose d’exaltant avant de mourir et puis ce Kort est si différent…

 

 

Bordage, c’est avant tout un très grand conteur. Il sait nous raconter une histoire, nous fasciner, nous éblouir. On retrouve ces qualités dans Échos dans le temps, variation sur le thème archi-classique du voyage dans le temps (en même temps, on aime le voyage dans le temps). Alors pourquoi au final conclure sur un échec ? Parce qu’il s’évertue à nous égarer dans les méandres d’une histoire sentimentale entre Kort et Jeanne, censée nous émouvoir mais qui nous énerve : on se croirait dans un volume de la collection Harlequin ! Tout cela au final pour apprendre que Jeanne s’est éprise de son lointain descendant (désolé, je spoile)… De l’auteur des Guerriers du silence, on a le droit d’attendre autre chose.