Une auteure qui a fait ses preuves
Comédienne et diplômée de la FEMIS, Estelle Faye se consacre désormais à l’écriture. On lui doit par exemple la série La voie des oracles parue chez Scrineo. Elle est aussi l’auteur d’Un éclat de givre (les moutons électriques, 2014), roman assez ambitieux mariant dark fantasy et post-apo, avec un succès certain. Publié initialement chez Scrineo en 2018, Les nuages de Magellan est quant à lui un space opera qui a obtenu le prix Bob Morane et le prix Rosny Aîné en 2019. Il est ici réédité en Folio SF.
La révolte des spatiaux
Au XXVIIe siècle, l’humanité a conquis et colonisé la Voie lactée, pour le plus grand profit des Compagnies qui exploitent les spatiaux, les pilotes et les équipages qui explorent et colonisent… Sur la planète Ankou, un certain Damian Sabre devient un leader puissant, réclamant qu’on rende leurs droits au spatiaux : il est assassiné et la révolte matée par les Compagnies. Très loin d’Ankou, sur un planétoïde perdu, Dan est une jeune serveuse et chanteuse à ses heures qui vivote en attendant mieux, rêvant de la liberté qu’avait les pirates, depuis longtemps disparus... Elle est fascinée par une de ses clientes, Mary, une spatiale qui vient se cuiter régulièrement dans son bar. Le soir où elle apprend la mort de Damian Sabre, Mary monte sur scène et chante pour lui. Elle est filmée, la vidéo devient virale. Le lendemain, elle fuit son bar et se réfugie dans la soute du vaisseau de Mary. Celle-ci la prend à son bar et quitte le planétoïde avec fracas. Mary est en fait une ancienne pirate, on peut dire que Dan est bien tombée…
De l’aventure
On a d’abord affaire ici à un roman d’aventures. Les péripéties et les révélations s’enchaînent, particulièrement sur le passé de Mary (je ne spoilerai pas). C’est ensuite un roman d’initiation, celui de la jeune Dan, au monde extérieur. C’est enfin un roman d’amitié entre deux femmes, plutôt bien fait. Le tout est emballé avec un éloge de la liberté, qui rappelle les films de pirates avec Errol Flynn : signe des temps, ce sont des femmes qui sont les héroïnes (et Jacques Tourneur avait montré le chemin pour les films d’aventures avec La flibustière des Antilles). Et alors ? Le tout fonctionne très bien.
Sylvain Bonnet