Paru en octobre dernier, Georgia Caldera nous propose un nouveau titre en fantasy avec le premier tome du Serment d’Eldenaï : Danselame, paru aux éditions Scrinéo.
Eldenaï, âgée de 16 ans, a travaillé dur pour devenir Aspara, une danseuse sacrée au service de Vehl, le dieu-titan dont le corps forme l’île où elle habite. Son rêve s'effondre lorsque les Célestes débarquent de Stellyon, un astre-titan que l’on croyait désert, pour ravager le monde qu’elle connaissait. Une seule chose compte pour elle désormais : sauver Elandrine, sa petite sœur. Pour survivre, Eldenaï est prête à tout… même à devenir le bras armé d’une déesse.
Un premier tome prometteur, qui laisse un goût de trop peu malgré tout. C’est finalement un récit assez introductif qui s’adresse plutôt à un public adolescent dans sa construction et ses personnages que nous avons ici ; ce qui n’est pas une mauvaise chose pour autant, mais qui peut s'avérer un peu frustrant. Pour ce qui est de l’univers, celui-ci est original et recèle de mystères qui piquent l’intérêt du lecteur.
L’humanité se regroupe en petites îles qui sont en réalités les corps d’anciennes divinités déchues qui se sont sacrifiées. Chaque île vit indépendamment et ne communique pas avec les autres. La culture présentée sur Vhel, île natale de notre héroïne, s’inspire grandement du Japon et de l’Inde. On reconnaît les tenues, les danses, les armes et les usages. La plume fluide et imagée de l’autrice est un plaisir à suivre. On découvre, au détour d’un chapitre, le chamanisme et le lien qui unit certains dieux avec certains humains, leur conférant ainsi des pouvoirs prisés, mais s’accompagnant d’un coût. Le worldbuilding est cohérent et intéressant, mais il ne faut pas s’attarder sur les détails. Il manque un peu de profondeur et de matière pour être tout à fait satisfait, néanmoins l’objectif est atteint et en tant que lecteur.rice, nous avons suffisamment d’éléments pour apprécier notre lecture.
Quand les dieux se mêlent des affaires des hommes,
c’est le monde entier qui est ébranlé…
C’est dans ce monde qu’évoluent Eldenaï et Estrelios. L’une avait pour ambition de devenir une danseuse au service des dieux, l’autre est un chamane qui lutte contre ses démons et son addiction à l’hokori – une drogue puissante. Ces deux points de vue s’opposent tout au long du récit, mettant en parallèle Eldenaï et sa naïveté sur le monde, et Estrelios, désœuvré face à la noirceur existante. Le contraste est saisissant. La jeune femme est fière d’aider sa déesse, mais elle n’a aucune idée des guerres de pouvoirs entre divinités qui se jouent et, malgré elle, Eldenaï devra mûrir si elle souhaite survivre. Estrelios se révèle être un jeune homme sombre et torturé, puissant grâce à son dieu, mais qui se laisse manipuler par d’autres. En ce qui concerne notre danseuse, son pacte passé, elle devient forte et agile très vite dans un domaine qu’elle ne maîtrise pas. Bien qu’il s'agisse d’un récit pour adolescent, certains passages manquent un peu de crédibilité ; tout comme on devine le enemies-to-lovers à venir.
Et dans tout cela, l’histoire aborde des sujets durs comme la maltraitance, le sectarisme, l’esclavagisme, les abus sexuels, le consentement ou encore la drogue... Des thèmes importants, mais qui prennent malheureusement de la place dans les tergiversations de nos héros et qui entravent l’intrigue et l’action. Bien que cet aspect psychologique soit intéressant et donne corps aux personnages, un peu plus de subtilité aurait mieux servi les propos et les messages véhiculés. Le récit reste néanmoins fluide.
En somme, nous avons un premier tome plutôt agréable à lire, porté par une écriture plaisante, et qui saura trouver son public.